8 octobre, 2019Des jeunes travailleuses et travailleurs d'affiliés d'IndustriALL Global Union de toute la région de l'Afrique subsaharienne se sont réunis pour la première fois, le 7 octobre, à Dar es Salam, en Tanzanie. Ils ont mis en place une structure et élu les membres de son bureau.
En plus des 44 délégués de 11 pays étaient présents des invités de plusieurs organisations, comme l'OIT, l'IBB, UNI Global Union, la SASK, et la Fondation Friedrich Ebert (FES) qui parrainait cet événement.
Les délégués ont exprimé leur dynamisme et leur enthousiasme, interrompant souvent les débats par des chants célébrant la puissance syndicale, pour susciter un sentiment d'unité et de mouvement. Ils ont entonné des hymnes de la lutte syndicale tels que Asinamali (“Nous n'avons pas d'argent”), Asifuni yama Capitalist Agenda (“Nous ne voulons pas de l'agenda capitaliste”) et My Mother was a Kitchen Girl (“Ma mère était une fille de cuisine”).
Une table ronde a réuni des participants qui ont étudié différents aspects du recrutement des jeunes dans leurs pays.
"Les jeunes sont marginalisés. Les gens nous rabaissent, pas par la force de leurs arguments, mais par le poids de leur ancienneté,"
a déclaré Tafadzwa Eustace Chidhindi, du Zimbabwe.
Tolulope Fagbamigbe, du Nigeria, a expliqué que les jeunes travailleuses sont doublement opprimées, par l'âgisme et le patriarcat. Lorsqu'une réunion est organisée sur le thème de la jeunesse, les premières rangées sont souvent occupées par des hommes assez vieux pour être leurs pères.
Après un exposé de Mban Kabu, du département ACTRAV du BIT, sur la Déclaration du Centenaire de l'OIT, les participants ont discuté de l'incidence que l'Avenir du travail pourrait avoir dans le contexte africain et ils ont élaboré des propositions pour les jeunes travailleurs marginalisés par un secteur informel qui gagne du terrain.
Ils estiment que leur familiarisation avec les nouvelles technologies devrait leur permettre d'accéder à de nouvelles formes de travail. Sweshta Soomungull, de l'île Maurice, s'est demandée :
"Depuis quand les défis font-ils peur aux syndicats ?"
Les débats ont notamment porté sur la question de savoir si les structures syndicales sont adaptées à l'organisation des jeunes travailleurs. Iris Nothofer, du Centre de compétence syndicale de la FES pour l'Afrique subsaharienne, a soulevé une question provocatrice : y a-t-il conflit entre démocratie et efficacité syndicales ?
"Les structures et procédures démocratiques sont nécessaires mais elles ne suffisent pas. Nous avons besoin de réseaux dynamiques à la base,"
a-t-elle conclu.
La Coordinatrice des jeunes d'IndustriALL, Sarah Flores, a souligné l'importance, pour les jeunes, de développer des structures autonomes ainsi que leur propre façon de travailler. Les participants se sont répartis en trois groupes pour élaborer leur politique et leur structure.
Ils ont identifié les priorités suivantes :
- Mettre en place une structure régionale
- Développer les capacités à diriger des jeunes
- Élaborer un programme d'éducation syndicale pour les jeunes
- Formaliser des alliances avec la société civile
- Associer les jeunes à la négociation collective
- Intégrer les jeunes dans la politique industrielle
Rose Omamo, la Secrétaire générale de l'AUKM (Kenya) a dirigé le processus électoral.
Le vote a donné les résultats suivants :
Président : Emmanual Adjei-Danso, du Ghana
Vice-président : Christian Rutendo Ranji, du Zimbabwe
Secrétaire : Victor Notaye Ngwane, d'Afrique du Sud
Comité :
Sweshta Soomungull, de Maurice
Tolulope Fagbamigbe, du Nigeria
Prisqua Miharilala, de Madagascar
Maria John Bange, de Tanzanie
La Secrétaire régionale d'IndustriALL, Paula Ndessomin, a déclaré :
"Je suis impressionnée par la passion et l'engagement auxquels nous avons assisté ici. L'avenir est prometteur ! Maintenant qu'une structure a été créée, les jeunes syndicalistes vont pouvoir agir ensemble efficacement."