16 septembre, 2014IndustriALL Global Union a organisé un atelier sous-régional sur la protection de la maternité à Manille, aux Philippines, les 11 et 12 septembre derniers. L’atelier a vu la présence de quelque trente femmes travailleuses en provenance des Philippines, de Malaisie, d’Indonésie, de Thaïlande et du Cambodge. L’objectif était de trouver une ligne commune pour favoriser la ratification de la Convention 183 de l’OIT sur la protection de la maternité au sein de ces différents pays. Finalement, les femmes travailleuses ont mis sur pied un réseau et se sont engagées à poursuivre leurs efforts en vue de la ratification.
La réunion a eu pour orateurs des représentants de l’OIT, de la fédération des employeurs des Philippines et de syndicats. La Convention repose sur cinq éléments fondamentaux qui sont : le congé de maternité, une allocation, la protection de la santé sur le lieu de travail, la protection de l’emploi et l’absence de discrimination ainsi que des dispositions pour l’allaitement maternel. Aucun pays de la région Asie n’a ratifié cette Convention. Les gouvernements et les employeurs considèrent que l’écart entre les pratiques nationales courantes et les dispositions de la Convention est trop grand. En réalité, la pierre d’achoppement est probablement sa portée. La Convention est censée s’appliquer à toutes les femmes travailleuses, y compris celles sous contrats précaires ou engagées dans l’économie informelle. C’est également la raison pour laquelle elle est nécessaire, car les travailleuses en sous-traitance n’ont en général aucun droit en matière de maternité.
Pour les syndicats, la protection de la maternité fait partie des problématiques liées aux droits des femmes qui comprennent également l’égalité des genres, l’équilibre entre vie familiale et vie professionnelle et l’insistance à avoir davantage de femmes dans les syndicats. La maternité et la paternité doivent être considérés comme relevant de la responsabilité collective. De plus, les joies et les contraintes de la vie de famille doivent pouvoir être partagées de manière égale entre les mères et les pères. La protection de la maternité devrait être prise en compte dans le cadre des politiques de protection sociale visant à réduire la pauvreté et les inégalités.
Ce que les femmes peuvent faire pour obtenir la ratification de la Convention est d’abord d’avoir un consensus au niveau des organisations et des fédérations syndicales pour qu’elles travaillent ensemble sur la question en en faisant une priorité. Ensuite elles doivent s’adresser à la société civile et aux ONG. Elles doivent mettre sur pied un réseau, s’impliquer, faire des recherches, participer à des auditions, s’adresser aux médias. Au Cambodge, l’expérience a montré que faire connaître ses préoccupations par le biais de la radio fonctionne bien. Les bureaux nationaux de l’OIT peuvent être approchés pour une assistance technique et pour un soutien à apporter aux activités.
De plus, les femmes ont eu le sentiment qu’il fallait prendre une position au plan sous-régional sur la question des droits relatifs à la maternité qui puisse trouver un écho au niveau des conventions collectives de travail. On ne pourrait trop insister sur la problématique des droits relatifs à la maternité pour les travailleuses en sous-traitance.
Les femmes ont décidé de faire de la recherche, de collecter des données, de faire pression sur les ministères, de disséminer de l’information et de faire campagne lors des journées qui présentent une signification particulière pour les femmes comme le 7 octobre (Journée internationale du Travail décent), le 25 novembre (Journée internationale de lutte contre la violence faite aux femmes) et le 8 mars (Journée internationale de la Femme). Elles ont créé une page Facebook destinée à la campagne des Femmes d’IndustriALL en faveur de la Convention 183 de l’OIT.
Dans la journée qui a précédé cet atelier s’est tenu le Forum national des femmes sur les droits des travailleurs relatifs à la santé en matière de procréation. Il a vu la participation d’environ 80 déléguées. Ici encore, il était important de traiter de la maternité dans le cadre d’autres problématiques relatives à la santé des femmes, notamment le VIH/SIDA. Le syndicat ALU collabore avec le Ministère de la Santé publique des Philippines pour conscientiser sur le VIH et le SIDA dans le cadre du travail syndical.