1 septembre, 2016Le tribunal du travail du Yémen s’est prononcé en faveur du syndicat après le licenciement par texto de 200 employés.
Le 3 août 2016, le tribunal du travail du Yémen de Sana’a a rendu un arrêt demandant à la compagnie pétrolière norvégienne DNO de payer les salaires aux travailleurs qu’elle a licenciés ou voir ses biens confisqués et son actif saisi. L’affilié d’IndustriALL Global Union, le syndicat général des travailleurs du pétrole, des minéraux et de la chimie au Yémen, qui représente les travailleurs de DNO, a poursuivi en justice la compagnie après qu’elle ait licencié 200 employés par texto et courriels en avril 2015, les laissant dans le dénuement le plus complet.
Le droit au Yémen dispose qu’une société au bénéfice d’une licence d’exploitation d’un gisement pétrolier doit payer des salaires et honorer ses obligations sociales aussi longtemps que cette licence lui a été accordée. DNO s’est servi de la guerre et de la situation politique au Yémen pour fuir ses responsabilités à l’égard de ses employés, en stoppant ses activités le 27 avril 2015. La compagnie n’a payé ni indemnités de licenciement ni compensations, et les employés se sont retrouvés sans filet de sécurité sociale et économique dans un pays au bord de l’effondrement.
« Les travailleurs de DNO n’ont rien, et nombre d’entre eux sont aux prises avec de terribles difficultés. Le pays est en proie à la guerre et à une pénurie de vivres. Des familles de ces travailleurs n’ont plus d’argent pour acheter de la nourriture et souffrent de la faim. La situation des travailleurs ayant des enfants en bas âge est grave », a déclaré Ryadh Al-Gharady, responsable syndical.
Le syndicat est reconnu à DNO depuis 2010 et a livré un certain nombre de batailles contre la compagnie pour défendre les droits des travailleurs. Après que les licenciements aient eu lieu, le syndicat a été soutenu par la campagne internationale menée par Industri Energi, affilié norvégien d’IndustriALL, ainsi que par IndustriALL. Industri Energi a adressé une pétition au siège de la compagnie à Oslo, alors qu’IndustriALL a envoyé des messages de soutien et de solidarité.
Le Tribunal s’est prononcé pour:
- une continuité des contrats,
- le paiement par la compagnie des salaires à hauteur de 75% depuis juin 2015, dont la prime du Ramadan de 2015. Les frais médicaux ne sont pas compris.
- le versement par la compagnie de 50 000 riyals yéménites (200 US $) de frais de justice par employé.
D’aucuns craignent que DNO fasse appel de la décision, ou refuse tout simplement de payer.
« Nous ne tairons pas nos droits et, s’ils font appel, nous ferons de même. Nous ne resterons pas silencieux en ce qui concerne nos droits face à l’avidité de cette compagnie.
« A moins que DNO nous paie ce que la loi demande et le tribunal a tranché, nous porterons l’affaire au niveau international », a déclaré Al-Gharady.
Leif Sande, président d’Industri Energi et co-président du secteur énergétique d’IndustriALL, a indiqué:
« Le jugement rendu au Yémen est totalement juste, et DNO doit assumer sa responsabilité de payer les salaires de ses travailleurs. Ils ne peuvent pas continuer de l’éviter, comme ils le font depuis plusieurs années. DNO fait des affaires en prenant appui sur l’image positive que la Norvège a à l’étranger alors que la compagnie manque à ses obligations sociales ».
Kemal Özkan, le Secrétaire général adjoint d’IndustriALL, a déclaré:
« Nous sommes extrêmement satisfaits de la décision que le tribunal du travail a prise en faveur du syndicat. Il est inacceptable que DNO se dérobe à ses responsabilités depuis si longtemps. Nous conjurons le pays de payer ce qu’il doit. Nous continuerons de faire cause commune avec notre affilié au Yémen jusqu’à ce qu’ils obtiennent justice ».
DNO emploie environ 260 travailleurs au Yémen et s’est vu délivrer une licence d’exploitation de six gisements de pétrole. La compagnie a extrait plus de 100 millions de barils de pétrole yéménite. DNO a commencé ses activités au Yémen en l’an 2000.