21 février, 2016Au cœur de la République démocratique du Congo (RDC), pays au passé torride, ravagé par la guerre civile et qui ne tolère guère la dissidence, les Travailleurs unis des Mines, Métallurgie, Énergie, Chimie et industries connexes (TUMEC) sont une source d’inspiration pour tous les syndicats.
Fondé en 201, TUMEC compte déjà plus de 10.000 adhérents répartis dans sept provinces. Ils ont été séduits par la promesse d’un changement. De tout temps, le syndicalisme congolais s’est enlisé dans ses controverses. Longtemps, il a été un instrument de l’État et conciliait tant bien que mal les intérêts des secteurs public et privé.
En 1990, le multipartisme a été rétabli dans le pays, le nombre des syndicats a augmenté jusqu’à dépasser les 600. Les syndicats faisaient figure de modèle d’entreprise pour le seul profit de leurs fondateurs, réputés soutenir tout autant les employeurs sans donner la priorité aux droits, besoins ou intérêts des travailleurs. Un système ouvert et accepté de cadeaux (ou pots-de-vin) aux travailleurs est trop souvent pratiqué pour acheter les suffrages dans les élections sociales.
TUMEC veut relever un défi; il va réformer, abattre les barrières et prendre une nouvelle direction. Il s’est attaché à mettre en place une nouvelle façon de faire les choses avec sa propre conception des relations du travail, de la représentation, de l’égalité et du leadership. Une direction exemplaire et un message clair et convaincant se distinguent dans le climat difficile et l’absence de représentation que les travailleurs ont toujours connus en RDC.
Grâce au Projet de construction syndicale d’IndustriALL financé par les camarades suédois et au Projet TUMEC financé par les Néerlandais, TUMEC a pu lancer des réformes progressistes et se consacrer davantage au service de ses membres, plutôt que l’inverse.
TUMEC entend appliquer une série de principes syndicaux qui contrastent totalement avec le climat de corruption régnant dans le système en place. Il met tout en œuvre pour instaurer un système plus démocratique et ouvert pour la nomination de ses dirigeants et la gestion d’un syndicat.
On notera surtout la lente mais minutieuse édification de systèmes syndicaux pratiquement inexistants jusqu’alors. TUMEC s’est attaché à renforcer l’obligation de rendre compte et la transparence de la gestion des affaires syndicales. Il s’est doté de mécanismes limpides pour combattre la corruption et renforcer la responsabilité redditionnelle. Il a su trouver les bonnes formules pour nouer le contact avec les travailleurs et les adhérents, non seulement sur le lieu de travail mais aussi dans la communauté, une démarche que les travailleurs ont appréciée.
Fernando Lopes, le Secrétaire général adjoint d’IndustriALL, estime que l’action de TUMEC en RDC rompt avec le passé :
« Il y a beaucoup à apprendre de la conception de la construction syndicale qu'a TUMEC. Les défis restent nombreux, en termes d’expansion et de renforcement des capacités par exemple, mais il est clair que l’énergie mise à bousculer les vieilles traditions pour les remplacer par un syndicat moderne, actif et qui recueille l’adhésion de ses membres a été payée en retour. »