21 juin, 2024Le 19 juin, une réunion tripartite organisée au parc industriel sino-ougandais de Mbale a permis d’élaborer une stratégie visant à instaurer un dialogue social afin d’inciter les employeurs à respecter la législation nationale du travail et à offrir des conditions de travail décentes.
Au cours de la réunion, le ministère du travail a accepté de mener une inspection sur les violations des droits des travailleurs au moyen de questionnaires auxquels les employeurs sont tenus de répondre dans un délai de 30 jours. Les employeurs se sont également engagés à fournir immédiatement des équipements de protection individuelle aux travailleurs. De leur côté, les syndicats élaboreront des accords de reconnaissance et entameront un dialogue social avec les employeurs du parc industriel sino-ougandais.
Le parc industriel sino-ougandais de Mbale, qui compte plus de 50 usines, emploie des milliers de travailleurs dans des secteurs manufacturiers tels que le textile, l’électronique, le verre et la fabrication de savon. Les syndicats ont recommandé à l’Autorité ougandaise des investissements de faire du respect de la législation du travail une condition pour investir dans le pays.
La réunion, qui comprenait des visites d’usines, s’est tenue entre les syndicats, les ministres, les représentants du gouvernement, les membres du parlement représentant les travailleurs, les employeurs et les autorités locales, après que les syndicats eurent adressé une pétition au gouvernement concernant les violations des droits des travailleurs et les déficits en matière de travail décent. Les violations soulignées dans la pétition de mai comprenaient des licenciements abusifs, des longs temps de travail et des heures supplémentaires non rémunérées. Les syndicats ont écrit que la plupart des entreprises du parc industriel sino-ougandais de Mbale offraient des conditions de travail présentant “une forte précarisation de la main-d’œuvre, notamment des salaires à la pièce, des contrats courts, de faibles rémunérations et l’absence de contrats d’embauche”.
En ce qui concerne la santé et la sécurité, les syndicats ont déclaré que les entreprises ne fournissaient pas d’équipements de protection individuelle et ne prenaient pas de mesures adéquates de prévention des accidents. La violence sexiste ainsi que le harcèlement sexuel sont fréquents et les travailleuses se voient refuser la protection de la maternité.
Le parc industriel sino-ougandais de Mbale, situé dans l’est de l’Ouganda, est un projet conjoint entre la Chine et l’Ouganda dont la construction a été réalisée par le groupe Tian Tang et qui fait partie de l’initiative chinoise de la “nouvelle route de la soie”.
Les ministres du financement de l’État et du développement économique, du travail, de l’industrie et de la productivité, ainsi que du commerce, de l’industrie et des coopératives ont participé à la réunion. Les députés ouvriers, qui sont élus par les syndicats conformément à la Constitution ougandaise, ont également participé à la réunion.
Le mois dernier, les affiliés d’IndustriALL, UTGLAWU (Syndicat ougandais des travailleurs du textile, de la confection, du cuir et des branches connexes), UPPPAWU (Syndicat ougandais des imprimeurs, du papier, des polyfibres et des travailleurs assimilés), UCPAWU (Syndicat des travailleurs de l’industrie chimique, du pétrole et des secteurs connexes de l’Ouganda) et UHFTAWU (Syndicat des travailleurs de l’hôtellerie, de l’alimentation, du tourisme, des supermarchés et assimilés) ont adressé une pétition au gouvernement pour lui faire part de leurs préoccupations concernant les violations de la liberté d’association et de négociation collective, en particulier le droit pour les travailleurs de former des syndicats et d’y adhérer. Les affiliés sont également membres de la centrale syndicale Union nationale des syndicats (NOTU), qui a participé à la réunion. Les campagnes sur les droits syndicaux sont soutenues par l’Agence danoise de développement syndical (DTDA) et la Société norvégienne des professionnels techniques et scientifiques diplômés (TEKNA).
“La plupart des employeurs refusent de reconnaître les syndicats, alors qu’il s’agit d’un droit constitutionnel, privant ainsi les travailleurs du droit à la négociation collective et à un travail décent. Cela constitue une violation des conventions internationales du travail 87 (liberté syndicale et protection du droit syndical) et 98 (droit d’organisation et de négociation collective)”,
a déclaré Hajj Twaha Sempebwa, Président du Conseil national d’IndustriALL pour l’Ouganda. Il a ajouté que cela contredisait le plan d’action national de l’Ouganda sur les entreprises et les droits de l’homme, qui stipule que les employeurs doivent respecter les droits des travailleurs et promouvoir le travail décent.
“Les parcs industriels ne doivent pas être des enclaves d’exploitation des travailleurs qui enfreignent les normes nationales et internationales du travail. Nous sommes solidaires des syndicats ougandais qui appellent au dialogue social pour garantir le respect des normes du travail et améliorer les relations sociales”,
a déclaré Paule France Ndessomin, Secrétaire régionale d’IndustriALL pour l’Afrique subsaharienne.