12 juillet, 2012Le ministre norvégien du Travail, Hanne Bjurstrom, a contraint les parties en présence dans le conflit du gaz et du pétrole du pays à accepter un arbitrage le 9 juillet à 23 heures 30, une demi-heure seulement avant la mise en application du lock-out décidé par les entreprises pétrolières du pays sur les plate-formes de production de gaz et de pétrole.
Le 5 juillet, l’association norvégienne de l’industrie du pétrole (OLF) a annoncé l’intention de lock-outer tous les membres des syndicats Industri Energi, SAFE et Lederne. Les parties vont maintenant se rencontrer au tribunal national d’arbitrage sur les salaires qui prendra une décision ayant force exécutoire dans le conflit du travail en cours.
Un lock-out de plus de 6.500 travailleurs et travailleuses sur l’accord salarial offshore pourrait provoquer un arrêt total de la production de pétrole et de gaz en Norvège, le huitième plus grand exportateur de pétrole au monde et le deuxième plus grand exportateur de gaz au monde, qui fournit une grande partie des besoins énergétiques en Europe occidentale. Le pays a produit en mai 1,6 million de barils de pétrole par jour, et 8,9 milliards de mètres cubes de gaz. Les deux secteurs combinés totalisent plus du cinquième du produit intérieur brut de la Norvège et la moitié de ses exportations.
Plus de 700 travailleurs norvégiens du pétrole se sont mis en grève le 24 juin pour appuyer leurs revendications sur le maintien du départ volontaire à la retraite anticipée. À l'origine, la grève touchait 11 pour cent de la production pétrolière du pays et 4 pour cent de sa production de gaz, et concernait le personnel de huit installations de Statoil – Oseberg central, Oseberg Sud, Oseberg Est, Oseberg C, Heidrun, Huldra, Veslefrikk et Brage. Un lock-out aurait provoqué la fermeture du plateau continental entier, et aurait affecté gravement d'autres entreprises qui dépendent considérablement de la production norvégienne du fait de leur taille, comme Total en France, ENI en Italie et Shell.
Prenant la parole à Oslo le 11 juillet, Leif Sande, président du plus grand syndicat de travailleurs du pétrole de Norvège, Industri Energy (IE), affilié à IndustriALL, a déclaré: “Les entreprises sont en faveur d’un arbitrage coercitif, et maintenant elles l’ont. Toutefois, qu'est-ce que cela signifie pour le droit à la négociation collective et pour le droit de grève dans notre pays?” Il a poursuivi en insistant tout particulièrement sur le problème principal qui est l'intention unilatérale des entreprises d'abandonner un plan de retraite anticipée volontaire qui a fait auparavant l'objet d’un accord et qui permet aux travailleurs de pouvoir prendre leur retraite avec une pension d’un montant acceptable à l’âge de 62 ans. Tous les travailleurs ne sont pas capables physiquement de travailler 14 jours consécutifs à des postes de 12 heures de travail sur une plate-forme en mer du Nord dans des conditions difficiles et potentiellement dangereuses. Et pour comble, les cadres supérieurs de Statoil continuent de pouvoir prendre leur retraite à 62 ans, et le directeur général est habilité à percevoir une pension de retraite de plus 4,5 millions de couronnes norvégiennes quand il aura atteint cet âge.
L'intervention antisyndicale du gouvernement norvégien dans la grève intervient peu de temps après les attaques patronales contre le droit de grève, cette année, à la Conférence internationale du Travail. Le gouvernement norvégien peut mettre fin à des grèves, ce qu'il a déjà fait dans cette industrie, en soutenant que la sécurité est compromise ou que cela pourrait nuire à des intérêts nationaux vitaux, et cette attitude lui a valu les critiques du Comité de la liberté syndicale du BIT, lequel a décidé que “des restrictions ou une interdiction du droit de grève peut seulement être acceptée dans le service public ou dans des services essentiels au sens strict du terme, ce qui signifie que l'interruption de services pourrait mettre en danger la vie, la sécurité personnelle ou la santé de tout ou partie de la population.”
Le secrétaire général de IndustriALL, Jyrki Raina, a écrit à notre affilié pour exprimer un soutien sans équivoque au combat mené actuellement pour la sauvegarde du plan de départ anticipé et volontaire à la retraite.