30 septembre, 2024Après la détérioration et la précarisation des conditions d’emploi de plus de 1.000 travailleurs, le syndicat des mineurs GMWU et d’autres organisations ont mené une campagne et adressé une pétition au gouvernement ghanéen pour qu’il révoque la licence d’exploitation de la mine d’or de Bogoso-Prestea.
L’une des raisons de cette révocation est le non-paiement des salaires et des prestations sociales dans les délais impartis. Les travailleurs n’ont reçu dernièrement que leurs salaires pour décembre 2023 et janvier 2024 et n’ont plus été payés depuis. Les versements pour leurs pensions et autres prestations sont également en souffrance.
La société minière britannique Future Global Resources (FGR) a acquis la mine en 2020 à condition qu’elle y investisse. Cependant, FGR, qui détient 90 % des parts de la mine, n’a pas investi ni développé la mine et s’est au contraire endettée auprès de ses fournisseurs. Le gouvernement ghanéen détient les 10 % restants.
Depuis de nombreuses années, la communauté de Prestea s’inquiète de la pollution des sources d’eau par les sociétés d’extraction d’or, dont FGR. Les craintes de la communauté ont été aggravées par l’inondation du Puits central. Le Puits Bondaye n’a quant à lui qu’une seule pompe en état de marche, tandis que certains puits à ciel ouvert sont exploités à faible échelle et de façon artisanale par des creuseurs.
En outre, certaines zones de l’installation de stockage des résidus ont été négligées et l’usine de traitement est dans un état de délabrement avancé, selon l’avis de résiliation du gouvernement. Selon le syndicat, cela montre que FGR n’a pas assumé ses responsabilités environnementales, sociales et de gouvernance (ESG).
“FGR n’a pas la capacité financière d’injecter les capitaux nécessaires dans la mine de Bogoso-Prestea et a démontré dans les faits son incapacité à justifier auprès de la commission des minéraux, au cours de la période de préavis de 120 jours, pourquoi le bail minier ne devrait pas être résilié”,
a écrit le syndicat dans une pétition adressée au Parlement ghanéen.
Tenant compte des pétitions et des manifestations du syndicat et d’autres parties prenantes, le ministère des ressources foncières et naturelles a mis fin à la licence d’exploitation minière le 18 septembre.
“La décision de mettre fin à la licence d’exploitation minière a été entérinée après avoir pris connaissance de divers rapports d’une commission des ressources minières ainsi que d’un comité ministériel constitué pour examiner les activités de la société ainsi qu’à l’issue de consultations approfondies avec toutes les parties prenantes impliquées dans cette affaire”,
a écrit le ministère dans un communiqué. Le ministère a déclaré qu’il recherchait d’autres investisseurs pour reprendre la mine et a depuis nommé une équipe intérimaire pour superviser les activités.
Le GMWU, affilié à IndustriALL, est favorable à la reprise de la production dans la mine, ce qui profitera aux travailleurs.
“Une assemblée syndicale avait décidé d’entreprendre une série de manifestations, de piquets de grève et de marches de protestation si le ministre refusait de résilier le bail minier pour permettre à d’autres investisseurs potentiels de reprendre le site et de le gérer pour le plus grand bien de toutes les parties prenantes”,
a déclaré Abdul-Moomin Gbana, Secrétaire général du GMWU.
Paule France Ndessomin, Secrétaire régionale d’IndustriALL pour l’Afrique sub-saharienne, a déclaré :
“FGR doit payer les salaires et les prestations sociales dues et l’équipe intérimaire doit veiller à ce que les emplois soient protégés. En outre, le gouvernement doit faire respecter les lois environnementales afin de garantir la protection des sources d’eau des communautés riveraines contre la pollution”.