1 mai, 2023Plus de deux ans après le coup d'État militaire au Myanmar, la situation de la population et des travailleurs empire. Le 1er mai est un jour pendant lequel nous donnons de la voix pour les droits des travailleurs et contre les violations : le devoir de diligence n'est pas possible sous la dictature militaire du Myanmar et les entreprises doivent préparer une sortie responsable de ce pays.
Après le coup d'État de février 2021, IndustriALL a soutenu l'appel lancé par les syndicats du Myanmar aux multinationales pour qu'elles désinvestissent du pays. Les entreprises qui maintiennent leurs activités au Myanmar sont des complices réticents d'une crise humanitaire qui s'aggrave et financent de ce fait la guerre que les militaires livrent à leur propre peuple, avec récemment des frappes aériennes qui ont fait plus d'une centaine de victimes.
La situation ne cesse de se dégrader. Les syndicats ont été déclarés hors la loi et en l'absence de mécanismes pour leur venir en aide et sans liberté d'association, les travailleurs sont extrêmement vulnérables. Les violations à l'encontre des travailleurs se multiplient, tout comme l'exploitation salariale, le travail forcé et le harcèlement des femmes. Les militaires répriment les syndicats et leurs membres, avec des attaques et arrestations violentes. Plus d'une soixantaine de syndicalistes sont emprisonnés sur base d'accusations forgées de toutes pièces, et ils doivent être libérés immédiatement.
Le projet MADE in Myanmar financé par l'Union européenne, qui prétend soutenir le secteur de l'habillement en remplaçant les syndicats par des représentants des "travailleurs" choisis par l'employeur, est préoccupant. Les employeurs profitent de la situation politique pour déposséder les travailleurs de leurs droits. Ce programme permet aux violations des droits de l'homme et des droits au travail de se poursuivre au Myanmar tout en contribuant à légitimer les militaires.
La liberté d'association est un droit fondamental de l'homme et un principe fondamental de l'Union européenne; les restrictions imposées aux syndicats et au droit de négocier collectivement dans un Myanmar sous régime militaire constituent un grave sujet de préoccupation qui met en question cette initiative de l'UE.
Les investissements impactent durablement les droits au travail. Il faudrait que toutes les entreprises quittent le Myanmar pour assécher le financement des militaires. Planifier une sortie responsable elle la seule démarche cohérente si l'on veut défendre les droits de l'homme reconnus mondialement. Le devoir de diligence n'est pas possible dans une dictature militaire en situation de guerre civile.