30 septembre, 2021Depuis plus de trois décennies, le gouvernement du Royaume d’Eswatini viole les droits humains et syndicaux. Cependant, les appels se multiplient contre cette impunité et pour la mise en œuvre de réformes démocratiques.
Des manifestations nationales en faveur de la démocratie ont eu lieu dans le pays et une Journée mondiale d’action, organisée par les Fédérations syndicales internationales en soutien aux syndicats d’Eswatini, a eu lieu le 6 août.
Au cours de ces manifestations, plus de 72 personnes ont été tuées de par l’usage excessif de la force du chef de la police et de l’armée contre des manifestants pro-démocratie. Des centaines de personnes ont été blessées, tandis que d’autres sont toujours portées disparues. Certains militants se sont cachés et d’autres ont fui en exil.
C’est dans ce contexte que le 3e Congrès d’IndustriALL, les 14 et 15 septembre, a adopté une résolution pour la démocratisation de l’Eswatini qui inclut le respect du droit à la vie, des libertés syndicales, de réunion et d’expression.
“Nous appelons à un dialogue national sur des réformes qui permettront l’élection démocratique du Premier ministre et à une révision de la constitution du pays pour permettre le transfert des pouvoirs exécutifs du roi à une autorité démocratiquement élue.”
peut-on lire parmi les revendications de cette résolution.
Atle Høie, Secrétaire général d’IndustriALL, a écrit une lettre au Premier ministre d’Eswatini, Cleopas Dlamini, l’exhortant à agir pour mettre fin aux
“violations flagrantes des droits de l’homme et à l’utilisation d’une force excessive et létale contre les manifestants”. Une autre lettre adressée au Haut Commissariat aux droits de l’homme (HCDH) demande “une enquête approfondie sur la mort de civils et le sort des disparus et recommande au Conseil des droits de l’homme d’examiner cette question de toute urgence.”
Une pétition adressée au bureau des Nations unies à Mbabane par des syndicats et des organisations de la société civile, insiste pour que l’ONU intervienne en faveur d’“un dialogue inclusif, de la levée de l’interdiction des partis politiques, de la mise en place d’un conseil de transition, d’une constitution démocratique et d’une formule multipartite.” L’ONU doit également “forcer le roi à dialoguer avec le peuple plutôt que de le tuer”. En outre, les pétitionnaires souhaitent que le roi Mswati III soit jugé par la Cour pénale internationale pour “le meurtre impitoyable de civils non armés”.
Les affiliés d’IndustriALL en Eswatini, le Syndicat général du Swaziland (ATUSWA) et le Syndicat des travailleurs de l’électricité, de l’entretien et des services connexes (SESMAWU) ont participé à la marche pour présenter la pétition.
“En tant que travailleurs et travailleuses d’Eswatini, nous apprécions le soutien que nous recevons au niveau international pour nos revendications de réformes démocratiques. La solidarité internationale des travailleurs et travailleuses dans la lutte pour l’élimination du régime non démocratique qui est à l’origine d’une pauvreté abjecte dans notre pays est importante pour notre lutte. Nous apprécions le soutien des organisations sœurs d’IndustriALL. L’injustice, où qu’elle soit, est une menace pour la justice partout dans le monde,”
a martelé Wander Mkhonza, Secrétaire général de l’ATUSWA.
Les pétitionnaires affirment que plus de 65 % de la population du pays vit dans la pauvreté avec moins de 1,25 dollar par jour. “La pauvreté a été aggravée par la dépossession des moyens de subsistance du peuple par un roi qui expulse les gens de leurs terres, propriétés et entreprises. Le pays connaît une pauvreté indicible en raison du détournement des ressources nationales en vue de financer le niveau de vie somptueux de la royauté.”
L’Eswatini est la dernière monarchie absolue d’Afrique et le roi Mswati mène un style de vie extravagant avec des voitures de luxe et des jets privés pour sa famille de 15 épouses. Il a interdit de photographier ses voitures après un tollé général. Les avoirs nets du roi dépassent les 200 millions de dollars et il contrôle Tibiyo Taka Ngwane, une société d’investissement d’une valeur de plus de 140 millions de dollars, censée être au service du peuple d’Eswatini.