18 juin, 2021La violation, en Colombie, de la Convention n° 87 de l’OIT relative à la liberté syndicale était à l’ordre du jour de la Commission de l’application des normes de l’OIT au cours de la Conférence internationale du Travail.
Fin avril, une large alliance de travailleurs colombiens et d’organisations de la société civile a commencé à engager des manifestations pacifiques contre un projet de loi de réforme fiscale, un droit du travail régressif et des réformes des retraites, mais s’est finalement heurtée à une répression brutale.
Le système de contrôle de l’OIT et la Commission d’experts ont constaté à plusieurs reprises que les syndicats « devraient pouvoir recourir à des manifestations, des grèves, en particulier s’il s’agit de dénoncer les politiques économiques et sociales d’un gouvernement ». En Colombie, l’État répond par une violence extraordinaire et utilise les forces de police anti-émeutes contre sa propre population, ciblant en particulier les jeunes.
Récemment, les menaces de mort à l’encontre de dirigeants syndicaux ont à nouveau fait la une des réseaux sociaux. Il ne s’agit pas d’incidents isolés, mais d’une escalade de violence à l’encontre des dirigeants syndicaux et sociaux, à l’initiative de l’administration Duque-Uribe.
Dans son rapport de 2021, la Commission d’experts note que la CUT et la CTC affirment expressément ce qui suit :
« i) trois ans après la signature de l’accord de paix, 998 atteintes à la vie et à l’intégrité de dirigeants syndicaux ont été enregistrées entre 2016 et mai 2020 (dont 119 homicides) ; ii) entre août 2019 et mai 2020, 141 nouveaux actes de violence antisyndicale documentés ont été signalés, dont 18 homicides et 101 menaces de mort, le nombre d’homicides tendant à augmenter depuis 4 ans ; iii) 44 pour cent des actes de violence antisyndicale sont imputables à des groupes paramilitaires, et 52 pour cent sont d’origine inconnue. »
Valter Sanches, Secrétaire général d’IndustriALL, s’est adressé à la CAN au nom de la Fédération internationale des ouvriers du transport, de l’Internationale de l’Éducation et de l’Internationale des services publics, se déclarant gravement préoccupé par la violence extrême et les homicides persistants de dirigeants et de membres syndicaux, de même que par l’absence de systèmes de protection adéquats que le gouvernement colombien est censé fournir aux dirigeants et aux membres vulnérables.
À La Guajira, 226 travailleurs permanents ont été mis à pied par la compagnie minière Cerrejon, sans aucune mesure de transition juste. L’entreprise prétend appliquer des mesures de durabilité, mais ce licenciement massif n’est autre qu’une forme de riposte brutale à la suite d’une grève victorieuse de 90 jours. Les syndicats ne sont pas consultés en tant que partenaires sociaux, entraînant une augmentation rapide des cas de COVID sur les lieux de travail.
On empêche d’agir les dirigeants syndicaux de l’Union Sindical Obrera et ceux-ci se voient refuser l’entrée sur leur lieu de travail à Ecopetrol, ce qui va à l’encontre de la convention collective en vigueur. L’entreprise utilise la pandémie de COVID comme prétexte pour autoriser l’accès aux seuls travailleurs réguliers. Les travailleurs signalent que l’absence de dirigeants syndicaux, qui sont également des travailleurs, sur le lieu de travail constitue une atteinte à leurs droits.
Valter Sanches a déclaré :
« À la lumière de l’escalade actuelle de la violence exercée par l’État et de la répression brutale, par ce dernier, des manifestations civiles légitimes organisées contre les réformes structurelles, les fédérations syndicales internationales s’alignent sur les recommandations de la Commission d’experts, selon lesquelles le « Gouvernement colombien se doit de prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir que tous les actes de violence antisyndicale, y compris les homicides, soient suivis d’enquêtes et que les instigateurs et les auteurs soient condamnés. »