8 novembre, 2012Près de deux ans après le tragique accident dans la mine de Pike River en Nouvelle-Zélande, où 29 mineurs ont trouvé la mort, la Commission royale d’enquête a publié cette semaine un rapport accablant qui donne une “image implacable d’un échec pratiquement à chaque niveau”.
L’étendue de l’échec de la direction et du ministère néo-zélandais du Travail pour assurer des mesures de sécurité de base à la mine est scandaleuse; il est maintenant clair que l’accident aurait pu survenir plus tôt et qu’il aurait pu être évité à la suite de nombreux avertissements. Les avertissements qui ont précédé l’accident ont été largement ignorés du fait que la direction faisait des économies exagérées pour maintenir des niveaux de production.
Les appels lancés par les syndicats pour renforcer la réglementation, une inspection indépendante avec des ressources suffisantes sur la sécurité minière et un véritable engagement de la main-d’œuvre en matière de santé et de sécurité, sont rappelés dans les recommandations du rapport comme étant impératives pour la mise en place d’une culture préventive dans l’avenir.
Le rapport accablant va dans le sens de la campagne de IndustriALL pour la ratification et l’application réelle de la convention 176 de l’OIT, la convention sur la sécurité et la santé dans les mines, et l’adoption de la recommandation 183 qui l’accompagne. IndustriALL estime que la convention 176 n’est pas un instrument destiné uniquement aux pays en développement. Beaucoup de gouvernements de pays développés veulent éviter sa ratification et les engagements qu’elle contient pour la sécurité dans les mines, sous la pression de chefs d’entreprise.
Le 19 novembre 2010, une terrible explosion de méthane a tué 29 mineurs, dont 11 membres de l’affilié de IndustriALL, Engineering, Printing and Manufacturing Union (EPMU). Il s’agissait du pire désastre survenu dans une mine en Nouvelle-Zélande depuis 119 ans. Une nouvelle explosion eut lieu ensuite le 24 novembre, après quoi les autorités annoncèrent que les mineurs étaient morts; deux autres explosions eurent encore lieu les jours suivants.
Les corps des mineurs reposent toujours dans la mine. Le secrétaire national adjoint de l’EPMU, Ged O’Connell, a pris connaissance des conclusions et des recommandations de la Commission royale, et a demandé au gouvernement de Nouvelle-Zélande de les appliquer. Il a déclaré:
“Pour que les 29 hommes dont les corps gisent dans la mine ne soient pas morts en vain, ces recommandations doivent être appliquées sans délai et sans réserves".
O’Connell a ajouté:
"Nous sommes particulièrement satisfaits d’assister à la réintroduction d’inspecteurs de contrôle élus par les travailleurs, une attention spéciale portée au renforcement de la réglementation sur la sécurité dans les mines, et à la création d’une nouvelle agence de la couronne chargée de contrôler la santé et la sécurité.
La convention 176 demande que les mines soient correctement construites et disposent d’au moins deux sorties distinctes de secours. Une ventilation suffisante avec un contrôle des substances contaminées doit être mise en place. En cas de détection de dangers graves, les opérations doivent cesser et les travailleurs doivent être évacués. Les travailleurs ont le droit de rendre compte des accidents et des évènements comportant un danger. Ils ont le droit de refuser d’accomplir un travail comportant des risques pour la sécurité. En outre, les travailleurs peuvent choisir leurs représentants chargés de la santé et de la sécurité qui ont le pouvoir de participer aux enquêtes et aux inspections.
La mine de charbon de Pike River est la plus grande mine souterraine de Nouvelle-Zélande avec 17,6 millions de tonnes de charbon à coke dur sous la chaîne montagneuse de Paparoa sur l’île du Sud. Pike River Coal Ltd. qui appartenait auparavant à New Zealand Oil & Gas Ltd. a déposé son bilan depuis la tragédie.