20 juin, 2023La réponse des affiliés d’IndustriALL aux crises mondiales de la guerre, des inégalités, de la pauvreté, des famines de masse, des catastrophes climatiques, des épidémies et des violations croissantes des droits des travailleurs et des syndicats ont été quelques-uns des points à l’ordre du jour de la réunion du Comité exécutif d’IndustriALL qui s’est tenue ce 19 juin au Cap. Deux cents délégués de soixante pays ont participé à cette réunion programmée juste avant la Conférence politique de mi-mandat qui se tient également au Cap, du 20 au 22 juin.
La réunion a appelé au retrait des troupes russes et à la restauration de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, ainsi qu’à une campagne en faveur de la solidarité, de la justice sociale et de la paix pour les syndicats ukrainiens. Plus de 47 % de l’approvisionnement énergétique de l’Ukraine a été mis à mal par les forces russes depuis le début de l’invasion en février 2022. Leisa Semeniaka, du syndicat ukrainien Atomprofsilka, a fait part aux délégués de l’énorme souffrance des travailleurs, des travailleuses et du peuple ukrainiens. Les droits des travailleurs sont également restreints par de nouvelles lois qui contreviennent au droit du travail européen ainsi qu’aux conventions 87 (liberté syndicale et protection du droit syndical) et 98 (droit à la syndicalisation et à négociation collective) de l’OIT.
La réunion du Comité exécutif a mis l’accent sur les points chauds de la planète en matière de droits des travailleurs et de violations syndicales, notamment l’Afghanistan, où le gouvernement taliban assassine des femmes et viole les droits des travailleuses et les droits de l’homme, et la Biélorussie, où des syndicalistes ont été emprisonnés. La réunion a adopté une résolution pour la libération du Secrétaire général Kim Jun-young, qui condamne fermement la répression violente des travailleurs par le gouvernement coréen et sa police, leur comportement antisyndical et favorable aux entreprises, ainsi que le groupe POSCO pour avoir violé les droits syndicaux.
Au sujet du Myanmar, Atle Høie, Secrétaire général d’IndustriALL, a déclaré :
“Nous devons être une voix internationale forte pour tous les travailleurs et nous faisons maintenant pression sur toutes les marques pour qu’elles planifient leur sortie de manière responsable. Nous avons reçu des signaux positifs de la part de grandes marques comme Primark, Uniclo et Inditex. D’autres, comme H&M, pensent encore qu’il est possible de faire preuve d’une diligence raisonnable suffisante dans le pays pour justifier leur maintien. De plus en plus de preuves indiquent le contraire et il n’y a pas lieu de chercher d’excuses.”
Abdelmajid Matoual, du syndicat marocain FNTE/UMT, a parlé aux délégués des relations précaires actuelles entre le gouvernement et les syndicats dans le pays, où le dialogue social est inexistant et où le gouvernement n’a pas encore mis en œuvre les accords conclus avec les syndicats.
S’exprimant sur le succès de l’accord du Bangladesh dans la mise en place d’un environnement de travail plus sûr dans le secteur du textile et de la confection dans le pays, Kalpona Akter, du syndicat bangladais BGIWF, a insisté sur la nécessité de conclure des accords juridiquement contraignants pour garantir les acquis des travailleurs et travailleuses. L’accord du Bangladesh est actuellement étendu au Pakistan.
Rendant compte des débats du Comité des femmes qui s’est tenu le 18 juin, Ilvana Smajlovic, de HIN BIH, Bosnie, a posé la question de savoir comment le féminisme pouvait changer les syndicats et a souligné la nécessité d’une politique forte en matière de violence et de harcèlement fondés sur le genre, de misogynie et de sexisme.
“L’Afrique est trop importante et on ne peut la laisser être détruite par les inégalités sociales et les conséquences du capitalisme mondial. Ce continent a besoin de formes de développement dignes grâce à des politiques industrielles et commerciales durables et à des emplois décents”,
a déclaré Jörg Hoffman, Président d’IndustriALL, lors de son discours d’ouverture. Il a remercié les affiliés sud-africains NUM, NUMSA, SACTWU et UASA pour leur soutien.
D’autres questions ont été abordées, notamment la participation d’IndustriALL à la Conférence internationale du travail, où elle a présenté des déclarations devant le Comité d’experts sur l’application des normes et recommandations internationales, ainsi que les débats sur la Transition juste. La réunion est convenue de coopter des jeunes en tant qu’observateurs pour les futures réunions du Comité exécutif jusqu’au prochain congrès d’IndustriALL en 2025. En outre, le Comité d’orientation des multinationales récemment constitué traitera des questions de diligence raisonnable dans les chaînes d’approvisionnement, ce qui viendra en complément des accords-cadres mondiaux actuellement en place. La réunion a également pris la décision de renforcer la coopération entre IndustriALL Global Union et industriAll Europe.