5 juin, 2024Hier, des fédérations syndicales internationales, des militants syndicaux et des délégués participant à la 112e Conférence internationale du travail (CIT) à Genève se sont réunis près de la célèbre sculpture Broken Chair (chaise brisée) pour demander la libération immédiate des syndicalistes biélorusses emprisonnés et la fin de la répression visant les droits des travailleurs.
Les délégués présents à la manifestation ont exigé la libération des dirigeants emprisonnés et ont souligné qu’ils continueraient à lutter pour les droits syndicaux en Biélorussie jusqu’à ce que ces dirigeants soient libérés.
Maksim Pazniakou, Président en exercice du Congrès biélorusse des syndicats démocratiques (BKDP) a déclaré :
“Nous vous remercions pour votre soutien. Nous vous remercions de faire de l’agenda biélorusse une priorité. Nous sommes conscients que les syndicats biélorusses d’État essaient de vous tromper et de vous donner une image différente de ce qui se passe. Ils ne disent pas la vérité, mais celle-ci est consignée dans les rapports de l’ONU. Longue vie à la Biélorussie”.
Khaing Zar Aung, Présidente de la Fédération des travailleurs industriels du Myanmar (IWFM), affiliée à IndustriALL, a déclaré :
“Au Myanmar, nous comprenons votre lutte. Nous sommes aux côtés des syndicats biélorusses. Nous continuerons à nous battre pour votre liberté et votre démocratie. Nous sommes solidaires avec vous.”
“Je ne sais pas combien de fois nous sommes venus ici pour faire entendre la voix des travailleurs et travailleuses biélorusses ainsi que de leurs dirigeants syndicaux. Notre message a toujours été clair : nous n’abandonnerons pas. La seule chose que les dirigeants emprisonnés ont faite est de se battre pour leur pays, défendre les droits des travailleurs et défendre leur peuple, et si c’est un crime, alors nous sommes également coupables. Nous continuerons à nous battre, nous n’abandonnerons jamais. Notre lutte, notre combat se poursuivra jusqu’à ce que la justice prévale en Biélorussie”,
a déclaré Kemal Özkan, Secrétaire général adjoint d’IndustriALL.
L’année dernière, la CIT a adopté une résolution au titre de l’article 33 de la Constitution de l’OIT, relevant le mépris persistant de la Biélorussie pour les droits des travailleurs et l’emprisonnement de plus de 50 syndicalistes. L’article 33 s’attaque au non-respect du rapport d’une commission d’enquête de l’OIT. Cette commission a été établie en 2003 à propos des violations des Conventions 87 et 98 de l’OIT et a produit une série de recommandations dont beaucoup n’ont toujours pas été respectées.
Pour mettre en œuvre la résolution, l’OIT a organisé le 28 mai 2024, à Genève, une table ronde de haut niveau pour discuter de la liberté syndicale en Biélorussie. Au cours de cette table ronde, Anaïs Marin, rapporteuse spéciale sur la Biélorussie, a qualifié la situation de la liberté syndicale dans le pays de catastrophique. Elle a fait référence aux violations du droit à la liberté syndicale qui sont devenues très graves au cours des quatre dernières années.
Sa collègue, Gina Romero, rapporteuse spéciale sur les droits à la liberté de réunion pacifique et d’association, lui a fait écho et a appelé les États membres de l’OIT à fournir une assistance humanitaire aux personnes contraintes à l’exil ainsi qu’à leurs proches. Margaret Satterthwaite, rapporteuse spéciale sur l’indépendance des juges et des avocats, a parlé de l’augmentation des interférences politiques dans l’administration de la justice, de l’absence d’un barreau indépendant, des violations systématiques du droit à un procès équitable et de l’utilisation du droit pénal pour punir les syndicalistes qui exercent leurs droits fondamentaux et pour dissoudre les syndicats indépendants.
Kemal Özkan, qui a participé à la session au nom d’IndustriALL, a fait le commentaire suivant :
“Les questions relatives au travail ne sont pas isolées dans l’espace démocratique du pays et le mouvement syndical indépendant a fait de son mieux pour démocratiser au moins l’espace économique du pays. En raison de ce rôle, les autorités ont tenté de discréditer, de délégitimer et de criminaliser les syndicats indépendants par le biais de leurs activités internationales et des liens qu’ils entretiennent avec nous”.
Le gouvernement de Biélorussie a indiqué qu’il ne participerait pas à la réunion.