8 décembre, 2021En 2017, les propriétaires de la mine de cuivre PT Freeport Grasberg en Papouasie occidentale, Indonésie, ont provoqué une grève de 8.300 travailleurs et travailleuses. L’entreprise a pris prétexte de cette grève, qu’elle estimait illégale, pour en licencier 4.200. Après des années de contentieux judiciaires, la Cour suprême indonésienne a rendu son jugement définitif : la grève était légale.
La Cour suprême a ordonné à Freeport de réintégrer tous les travailleurs et travailleuses licenciés. L’arrêt, rendu le 28 novembre dernier, confirme un jugement rendu en 2018 par le Département de la main-d’œuvre de la province de Papouasie, selon lequel la grève était bien légale. À l’époque, le Gouverneur de Papouasie avait ordonné à l’entreprise de réintégrer les travailleurs. L’entreprise a ignoré cet ordre.
Face à l’intransigeance de l’entreprise, le syndicat CEMWU avait été contraint de régler le conflit dans de mauvaises conditions en décembre 2017. Toutefois, il a été conseillé aux travailleurs et travailleuses de chercher séparément à obtenir justice par le biais du système judiciaire.
La mine de Grasberg, en Papouasie occidentale, fait depuis longtemps l’objet d’un litige, la société minière américaine Freeport-McMoRan étant accusée d’extraire les ressources du pays sans les valoriser. Le différend initial a été déclenché après l’introduction par le gouvernement indonésien d’une nouvelle loi sur l’exploitation minière, qui prévoyait la nationalisation partielle de la mine. Le gouvernement indonésien a exigé que Freeport cède 51 % de ses parts et construise une fonderie de cuivre.
La société a riposté en menaçant de licencier des travailleurs et, en février 2017, environ 12.000 salariés directs, dont des militants syndicaux de premier plan, ont été mis au chômage technique, et 20.000 travailleurs et travailleuse en sous-traitance ont été licenciés. Ces mesures ont déclenché une grève, à la suite de laquelle 4.200 travailleurs et travailleuses ont vu leur contrat résilié. L’entreprise a refusé de discuter avec le syndicat et a déclaré qu’elle considérait que la grève était illégale et que les travailleurs, en menant des actions syndicales, avaient “démissionné volontairement”.
Les travailleurs et travailleuses qui ont perdu leur emploi ont également perdu l’accès aux soins de santé, au logement et à la scolarité pour leurs enfants. Un certain nombre de travailleurs et travailleuses en sont morts. Les grévistes ont également fait l’objet d’une répression sévère de la part des forces de sécurité, qui ont l’habitude d’être utilisées par l’entreprise pour réprimer les conflits sociaux. Plusieurs travailleurs et travailleuses ont été blessés par balle lors d’une manifestation en avril 2017.
Il y a des antécédents de conflits de travail à la mine de Grasberg. Après 59 ans d’activités, les travailleurs et travailleuses de Freeport se sont mis en grève pour la première fois en 2011. La grève a coûté beaucoup d’argent à Freeport, mais a permis d’améliorer la condition des salariés. Depuis, l’entreprise tente de briser le syndicat.
Le gouvernement indonésien est désormais le propriétaire majoritaire de la mine et la société a construit la fonderie en 2021.
Le Directeur de la section des mines d’IndustriALL, Glem Mpufane, a déclaré :
“Dès le départ, cette affaire a été profondément injuste et Freeport s’est comporté sans conscience. Les travailleurs et la population de Papouasie occidentale ont été utilisés comme une balle de ping-pong politique dans un conflit entre l’entreprise et le gouvernement indonésien.
La décision de la Cour suprême démontre que la cause des travailleurs était juste. Nous espérons qu’il s’agit du début du rétablissement des droits des travailleurs et travailleuses et de l’amélioration des conditions de travail à la mine de Grasberg.”