27 février, 2020La campagne en faveur des salaires décents en Éthiopie est arrivée au point où la question n’est pas de savoir quand mais dans quel délai les bas salaires seront augmentés.
L’initiative ACT (Action, Collaboration, Transformation) d’IndustriALL Global Union offre une stratégie possible par sa capacité à trouver des solutions aux problèmes systémiques rencontrés par les chaînes d’approvisionnement mondiales de l’industrie textile.
Les lois sont en place et la Constitution affirme les droits des travailleurs. En outre, la nouvelle Proclamation sur le travail (2019) reconnaît que:
« Les relations entre les travailleurs et les employeurs sont régies par des principes fondamentaux de droits et d’obligations visant à permettre aux travailleurs et aux employeurs de parvenir à une paix sociale durable. »
Le pays est également signataire de la Convention (n° 87) sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical ainsi que de la Convention (n° 98) sur le droit d’organisation et de négociation collective de l’Organisation internationale du Travail (OIT).
Comment les syndicats peuvent-ils alors saisir cette opportunité?
La possibilité pour les syndicats de recruter et de syndicaliser librement les travailleurs dans les zones industrielles, la négociation collective et le dialogue social ont été parmi les principales questions abordées lors de la table ronde de l’OIT sur la promotion du travail décent et l’industrialisation inclusive, tenue dans la ville éthiopienne d’Addis-Abeba, les 26 et 27 février.
Le gouvernement éthiopien était représenté par le ministre d’État du Travail et des Affaires sociales, Ayelech Eshete, qui a indiqué que la promotion du travail décent par les partenaires sociaux devrait instaurer la confiance. Ont également participé à la réunion des employeurs, des marques mondiales et des syndicats, dont la Confédération des syndicats éthiopiens.
L’initiative ACT était représentée par IndustriALL, H&M et PVH. L’initiative soutient les salaires décents, de meilleures conditions de travail et une véritable représentation des travailleurs, la signature de conventions collectives nationales et des meilleures pratiques d’achat par les marques mondiales.
Par exemple, grâce à l’initiative ACT qui permet la signature d’accords juridiquement contraignants, les propriétaires d’usines bénéficient de travailleurs motivés, d’une productivité plus élevée et de relations commerciales plus solides à long terme. En outre, les marques disposeront de fournisseurs de qualité fiables qui respectent les droits des travailleurs et de l’homme, y compris ceux des travailleuses, ainsi que le devoir de diligence à l’égard des chaînes d’approvisionnement.
L’affilié à IndustriALL, la Fédération industrielle du syndicat des travailleurs du textile, du cuir et de la confection (IFTLGWTU), a invité H&M et PVH à discuter avec le syndicat des moyens de collaborer vers l’obtention de salaires décents en Éthiopie.
Angesome Yohannes, président de l’IFTLGWTU, a déclaré :
« Les marques sont un trait d’union important entre les employeurs et les travailleurs. Elles sont importantes pour notre campagne de syndicalisation et de recrutement dans les zones industrielles. Actuellement, les syndicats n’ont pas accès à ces zones et des milliers de travailleurs se voient refuser le droit à adhérer à un syndicat. »
Jenny Holdcroft, Secrétaire générale adjointe d’IndustriALL, a indiqué:
« Les employeurs doivent parler aux syndicats. Il est essentiel qu’une compréhension mutuelle, ainsi qu’une communication et un dialogue s’instaurent à tous les niveaux. L’engagement devrait se faire au niveau de l’industrie et exige de dissiper les craintes et de changer les mentalités pour instaurer la confiance. Tout cela peut se faire par le biais de l’initiative ACT qui s’attaque aux problèmes systémiques rencontrés par les chaînes d’approvisionnement du vêtement et qui ne sont pas propres à l’Éthiopie. »
Selon l’OIT, le secteur éthiopien de l’habillement et du textile est composé de 200 usines qui emploient 62 000 travailleurs, dont 95 % de femmes.