7 mars, 2018IndustriALL Global Union a demandé à Royal Dutch Shell Plc d'intervenir dans le licenciement abusif de trois dirigeants syndicaux à sa filiale Raízen Energia au Brésil.
Rivael Marcos Batista, le président, Denilson Ramalho da Silva, le trésorier, et Orlando Monegato, le directeur suppléant du Syndicat des travailleurs ruraux de Boa Esperança do Sul (affilié à IndustriALL par le biais de la FERAESP), ont été licenciés aux unités de production d'Araraquara et Bocaina de Raízen Energia, dans l'État de São Paulo.
Ces trois syndicalistes récemment élus disent avoir été victimes de discrimination de la part de la direction de Raízen Energia en raison de leur affiliation syndicale. Ils ont ensuite été licenciés en décembre 2017 et janvier 2018, alors que la législation du travail brésilienne garantit la sécurité d'emploi aux responsables syndicaux.
Dans une lettre à Jorrit Van der Togt, le Vice-président exécutif en charge de la stratégie RH, le Secrétaire général d'IndustriALL, Valter Sanches, écrit :
"Il est impératif que Raízen Energia réintègre ces dirigeants syndicaux injustement licenciés, arrête de persécuter des travailleurs en raison de leur affiliation syndicale et instaure un dialogue digne de ce nom avec le syndicat afin de garantir le respect total des droits des travailleurs de Raízen Energia."
Raízen Energia est une coentreprise fondée en 2010 et détenue pour moitié par Shell et le producteur de bioéthanol, de sucre et d'énergie Cosan. Elle est devenue une des plus grandes entreprises du Brésil en termes de recettes et emploie près de 30.000 personnes dans 26 usines. Raízen Energia est le premier producteur du pays d'éthanol obtenu à partir de la canne à sucre et le premier exportateur de sucre de canne sur le marché international; c'est aussi un des principaux acteurs de la distribution et de la vente de carburants au Brésil.
En réponse à cette lettre, M. Van der Togt a écrit le 1er mars :
"Vous savez sans doute que Raízen Energia est une entreprise indépendante du groupe Royal Dutch Shell qui n'a aucune autorité sur elle. Elle a toutefois une éthique sociale et des normes de déontologie équivalentes à celles de Royal Dutch Shell."
M. Van der Togt ajoute que la lettre d'IndustriALL sera transmise au département des ressources humaines de Raízen Energia pour qu'il apporte des éclaircissements.
Or, d'après le site web de Shell, "Les entités et les structures non constituées en société sur lesquelles Shell exerce un contrôle partagé sont généralement appelées "coentreprises" et "sociétés communes" respectivement", dont il faut conclure que Shell contrôle effectivement Raízen Energia.
La FERAESP affirme que Raízen Energia pose de graves problèmes s'agissant des conditions de travail des travailleurs ruraux, notamment en matière de non-respect des normes internationales, en particulier celles relatives aux syndicats. Le syndicat fait aussi état de vives préoccupations en matière de santé et de sécurité après les décès de trois travailleurs aux unités de Barra Bonita, Dois Córregos et Tarumã.
"Les conditions de travail dans ces usines qui dépendent de Raízen Energia se sont dégradées," déclare le Président de la FERAESP, Jotalune Dias dos Santos, qui fait remarquer que "les cadences imposées par l'industrie sont cause d'accidents, parfois mortels."
IndustriALL a lancé une campagne mondiale contre Shell, réclamant de cette entreprise qu'elle applique les mêmes valeurs et les mêmes droits au travail dans tous ses sites, partout sur la planète.