29 octobre, 2018Alors que General Electric (GE) publiait aujourd’hui ses résultats pour le troisième trimestre de 2018, IndustriALL Global Union a déposé une plainte à l’OCDE contre le conglomérat américain pour ses liens directs avec des atteintes graves et persistantes aux droits des travailleurs en Algérie.
IndustriALL et son affilié algérien, le Syndicat national autonome des travailleurs de l’électricité et du gaz (SNATEG), ont déposé la plainte après que GE a manqué de remédier à des violations des droits des travailleurs liées à son accord de partenariat avec la société d’État algérienne de l’énergie Sonelgaz, évalué à plusieurs milliards de dollars.
Depuis 2013, Sonelgaz a harcelé, menacé, congédié ou réprimandé plus d’un millier de dirigeants et membres du SNATEG au motif de leurs activités syndicales, rendant impossible le fonctionnement effectif du syndicat.
Sonelgaz a eu et continue d’avoir recours aux tribunaux pour opprimer les membres et les dirigeants du SNATEG et a cité à comparaître devant la justice 1.114 membres du syndicat pour leur participation à une grève en 2017.
« General Electric est directement liée à des violations graves des droits humains en Algérie et a manqué d’y remédier.GE a systématiquement fait fi de nos mises en garde concernant ces atteintes et nous avons donc demandé à l’OCDE d’intercéder », a déclaré le secrétaire général d’IndustriALL Global Union, Valter Sanches.
IndustriALL et au moins quatre de ses syndicats affiliés ayant des membres chez GE ont écrit à l’entreprise à maintes reprises depuis janvier 2018, appelant instamment GE à faire preuve de diligence raisonnable dans ses activités en Algérie, cependant GE n’a pas donné de réponse.
Le partenariat de GE avec Sonelgaz inclut un contrat de maintenance et services de 20 ans estimé à plus de 3 milliards USD, ainsi qu’un accord de 2,7 milliards USD pour la fourniture de grandes turbines à gaz et de technologies connexes à neuf centrales électriques dans le pays. GE a diverses coentreprises avec Sonelgaz et fournit des programmes de formation en management aux cadres de Sonelgaz.
Le président du SNATEG, Raouf Mellal, licencié par Sonelgaz en représailles de ses activités syndicales, a été condamné sur la base de fausses accusations à un total de 18 mois de prison et des amendes s’élevant à 10.000 euros ( 12.300 USD). Y compris une peine de six mois pour avoir exposé un scandale de surfacturation illicite durant une décennie qui met en cause Sonelgaz et a affecté huit millions de foyers en Algérie. M. Mellal s’est vu contraint de déménager à une adresse secrète pour se mettre à l’abri des harcèlements et des intimidations des autorités.
Abdelkader Kawafi, secrétaire général du SNATEG, a été déclaré coupable et condamné à trois mois de prison suite à des déclarations à la presse où il a fait mention de travail précaire chez Sonelgaz. Autre dirigeant syndical licencié, Benzine Slimane, président du syndicat des personnels de sécurité et de protection de SNATEG, a lui aussi été condamné à des amendes et à une peine de prison et est poursuivi par Sonelgaz pour quatre chefs d’accusation arbitraires. D’après le syndicat, Sonelgaz l’accuserait de diffamation pour avoir demandé la fin du harcèlement sexuel contre les employés du sexe féminin.
Cette persécution a été documentée par l’Organisation internationale du travail, qui a fait part de sa vive préoccupation concernant la répression antisyndicale chez Sonelgaz, de même que de la part du gouvernement algérien. Une mission projetée de l’OIT dans le pays en février de cette année avait dû être abandonnée suite au refus du gouvernement d’autoriser des réunions avec le SNATEG et d’autres syndicats autonomes dans le pays.
La plainte contre GE a été soumise par IndustriALL et SNATEG au Point de contact national de l’OCDE aux États-Unis.