23 juin, 2015IndustriALL Global Union s'est joint à près de 4.500 délégués de 169 pays qui assistaient à la 104e session de la Conférence internationale du travail qui s'est tenue du 1er au 13 juin à Genève, en Suisse.
Pendant les deux semaines de la conférence a été dressée une liste succincte de 24 pays dont les cas devaient être étudiés par la Commission de l'application des normes en raison d'une absence d'application des conventions de l'Organisation internationale du travail (OIT).
Cette Commission est un organe tripartite composé de représentants des travailleurs, des employeurs et des gouvernements.
IndustriALL s'est principalement intéressé aux cas de non-respect de la Convention n°87 sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical, dont ceux du Bangladesh, du Bélarus, du Mexique et du Swaziland.
Au Mexique, IndustriALL poursuit le combat contre les syndicats de protection qui ne représentent pas les travailleurs et servent uniquement les intérêts des employeurs et de fonctionnaires corrompus. La Commission a reconnu l'existence de ces syndicats de protection et a recommandé en termes vifs au gouvernement de mettre en place des mesures et réformes législatives empêchant leur enregistrement. Pour en savoir plus, cliquez ici.
Les déclarations des travailleurs ont illustré les énormes défis qui se posent au Bangladesh pour se conformer à la convention 87, notamment des problèmes juridiques, la question des ZFE (zones franches d'exportation), la discrimination et la violence antisyndicales et l'enregistrement des syndicats.
IndustriALL a dénoncé la violence antisyndicale au Bangladesh en produisant plus particulièrement un film montrant deux responsables syndicales passées à tabac dans une usine du groupe Azim.
La Commission a recommandé l'envoi au Bangladesh d'une mission tripartite de haut niveau afin d'évaluer plus précisément la situation dans le pays.
Le ministre du Travail du Bélarus a évoqué la récente décision du Président Loukachenko d'amender son propre décret qui imposait un taux minimum de 10 % d'adhérents pour pouvoir créer un syndicat, avec un plancher fixé à 10 personnes.
Même si la nouvelle est encourageante, les droits des travailleurs et des syndicats sont muselés au Bélarus où les contrats de courte durée sont la règle et les obstacles bureaucratiques empêchent l'enregistrement des syndicats indépendants.
Pendant la Conférence, le Bélarus a été classé parmi les 10 pays les pires du monde pour les travailleurs par la CSI qui lançait l'édition de 2015 de son Indice des droits dans le monde. Selon ce rapport, le Bélarus se distingue par la discrimination antisyndicale, le travail forcé et la répression des mouvements de protestation.
Il n'est donc pas surprenant que la Commission se soit dite "profondément préoccupée par le fait
que, dix ans après la présentation du rapport de la commission d’enquête, le gouvernement du Bélarus n’a rien fait pour donner suite à la plupart des recommandations de cette commission. Les travailleurs continuent de se heurter à de nombreux obstacles, en droit et dans la pratique, pour exercer pleinement leur droit de constituer des syndicats de leur choix ou de s’y affilier."
Bien qu'il ait enregistré la confédération syndicale TUCOSWA le mois dernier, le Swaziland figurait une fois encore sur la liste des cas examinés par la Commission qui a conclu qu'il reste beaucoup à faire au gouvernement avant que le pays soit en totale conformité avec la convention 87.
Les conclusions de l'examen du cas du Swaziland dressent la liste de neuf mesures que le gouvernement est instamment prié de prendre sans plus tarder. En première place figure la libération sans conditions de l'avocat de la Confédération syndicale du Swaziland (TUCOSWA), Thulani Maseko, qui purge une peine de deux ans de prison pour outrage à magistrat, ainsi que celles de tous les autres travailleurs dont le droit à la liberté d'expression a été violé.
La Commission a aussi demandé que soit enregistré sans plus tarder le Syndicat unifié du Swaziland (ATUSWA) affilié à IndustriALL. L'ATUSWA est le produit de la fusion, en 2013, de plusieurs syndicats représentant les travailleurs de l'industrie du Swaziland, notamment ceux du textile, de l'habillement et de la métallurgie. Affilé à la TUCOSWA, l'ATUSWA n'a pas été enregistré alors qu'il répond aux critères d'enregistrement définis par le gouvernement.
La Commission a aussi cité la réforme législative qui s'impose pour mettre le pays en conformité avec la convention sur la liberté syndicale et a demandé instamment au gouvernement swazi d'accepter une assistance technique à cet effet.
Pour le rapport intégral de la Commission de l'application des normes de cette année, cliquez ici.