20 septembre, 2022Une réunion du réseau syndical d’IndustriALL pour Glencore, tenue le 8 septembre à Johannesburg, a exhorté l’entreprise à faire preuve de cohérence dans la mise en œuvre de politiques mondiales protégeant les travailleurs et les droits de l’homme, les intérêts des communautés et l’environnement.
Glencore fait partie des multinationales qui profitent de l’essor des matières premières lié à la décarbonisation. Présente dans 35 pays, Glencore commercialise plus de 60 produits de base, notamment des métaux et des minerais tels que le cuivre, le cobalt, le zinc et le nickel, qui sont très demandés pour la fabrication de véhicules électriques. Glencore possède également des mines de charbon qui sont susceptibles d’être fermées dans le cadre des mesures d’atténuation du changement climatique visant à réduire les émissions de carbone.
En Afrique du Sud, la multinationale de négoce de matières premières, qui est cotée à la Bourse de Londres et à la Bourse de Johannesburg, dispose d’une division ferroalliage, qui extrait et commercialise du minerai de chrome, du ferrochrome, des alliages de manganèse et du vanadium. La division charbon produit à destination de la production d’électricité nationale ainsi que pour l’exportation.
Les syndicats qui font partie du réseau IndustriALL Glencore se sont réunis pour débattre autour de la chaîne d’approvisionnement des batteries et de la transition juste et ont examiné de près les politiques de Glencore en matière de droits de l’homme, d’approvisionnement responsable et d’environnement. S’agissant de la transition juste, la réunion a recommandé une approche attentive aux questions de genre.
Le rôle des normes et de l’assurance volontaires dans le secteur minier a été débattu, avec une reconnaissance spéciale accordée à l’Initiative pour une Certification Responsable de l’Exploitation Minière (IRMA) pour avoir incorporé les droits des travailleurs.
S’exprimant lors de la réunion, Japie Fullard, Directeur général de Glencore pour la division ferroalliage en Afrique du Sud, a déclaré que l’entreprise était impliquée dans l’autonomisation des jeunes et des femmes et qu’elle apportait son soutien au développement d’entreprises ainsi qu’au financement d’infrastructures communautaires. Il a ajouté que Glencore s’engage à mettre en œuvre le plan stratégique national visant à mettre fin à la violence sexiste et au féminicide et que plus de 13.000 serviettes hygiéniques ont été distribuées à des jeunes filles dans les communautés où elle exerce ses activités. Glencore élabore actuellement un plan de transition juste pour ses divisions alliages et charbon.
Le NUM (Syndicat national des mineurs), le NUMSA (Syndicat national des métallurgistes d’Afrique du Sud) et l’UASA, tous affiliés à IndustriALL, ont félicité Glencore pour ces initiatives, mais ont indiqué que la société devrait également appliquer les mêmes politiques dans sa division charbon. Les syndicats ont souligné que les politiques de Glencore sont incohérentes, car elles diffèrent selon les activités et les pays. Ils ont affirmé que cela suscitait des doutes quant à son engagement et ont appelé l’entreprise à modifier son comportement par le biais du dialogue social.
Bien que Glencore a mis en place des systèmes de signalement, les syndicats ont indiqué que des travailleurs et travailleuses avaient été victimisés après avoir signalé des cas de discrimination, créant ainsi un climat de peur, car les personnes concernées ont été laissées sans protection après avoir porté plainte. Au contraire, elles ont été accusées de “mauvaise conduite”. Les syndicats ont insisté sur la nécessité d’améliorer les relations sociales chez Glencore, les départements des ressources humaines étant hostiles aux travailleurs.
En Amérique latine, Sintracarbón, affilié d’IndustriALL, plaide pour un plan intégré de transition juste qui protège les travailleurs et travailleuses, les communautés et l’environnement.
La mine de charbon colombienne de Glencore, El Cerrejón, l’une des plus grandes mines de charbon à ciel ouvert au monde, doit fermer en 2034, mais le plan de fermeture obligatoire de la mine n’est pas en place. Sur la base de l’expérience des mines Prodeco récemment abandonnées par Glencore, les travailleurs et les communautés craignent de se retrouver avec un reliquat de problèmes sociaux et environnementaux non résolus.
Laura Carter, Secrétaire régionale adjointe d’IndustriALL pour l’Amérique latine et les Caraïbes, a déclaré :
“Sintracarbón continue de se battre pour défendre les droits des travailleurs et travailleuses des mines de Glencore qui sont confrontés à une litanie de violations incessantes. Il s’agit notamment de licenciements massifs en raison de changements d’équipe imposés unilatéralement, de problèmes de santé et de sécurité ainsi que de comportements antisyndicaux.”
Glen Mpufane, Directeur des mines d’IndustriALL, a déclaré :
“Glencore doit respecter les travailleurs et les droits de l’homme dans le monde entier et mettre en œuvre des mesures de diligence raisonnable en matière environnementale, sociale et de gouvernance. Une approche attentive aux questions de genre de la part de l’entreprise mettrait fin aux conditions de travail précaires des travailleuses des entreprises sous-traitantes.”
La réunion, à laquelle ont assisté 20 participants, a été organisée avec le soutien du Centre de compétences syndicales pour l’Afrique subsaharienne de la Fondation Friedrich Ebert (FES).
Illustration : membres de Sintracarbón à la mine du Cerrejón, en Colombie.