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GEORGIE: syndicalisation réussie dans des conditions difficiles

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5 décembre, 2013Avec son Code du Travail abrégé de 2006, sujet à une plainte auprès de l’OIT, et de multiples violations de droits, la Géorgie est un endroit compliqué pour la syndicalisation. Et pourtant, en trois ans à peine, le Syndicat des travailleurs de la métallurgie, des mines et de l’industrie chimique de Géorgie (TUMMCIWG) a plus que triplés ses adhérents.

PROFIL

Pays: Georgie
Sydicat: Trade Union of Metallurgy, Mining and Chemical Industry Workers of Georgia (TUMMCIWG)

TEXTE: Ilya Matveev
Photo: TUMMCIWG

Croyez-le ou non, je ne passe que deux nuits par semaine à la maison. Le reste du temps je suis sur la route à travers tout le pays pour aller parler aux travailleurs

nous dit Tamaz Dolaberidze, président du TUMMCIWG. 

En 2010, quand Tamaz a été élu président, le syndicat comptait à peine 1.500 adhérents, aujourd’hui il en compte 5.000 dans ses rangs.

Au cours des trois dernières années, le TUMMCIWG a recruté des travailleurs de grands site miniers et chimiques. Des sections locales ont été créées à l’usine Zestafoni Ferroalloy, l'usine de traitement Chiatura, l’usine métallurgique Hercules de Kutaisi et d’autres encore.

Le marché du travail en Géorgie est extrêmement dérégulé et les employeurs ont peu d’obligations auxquelles se conformer. Cette situation donne aux conventions collectives une importance cruciale, mais il est très difficile d’en arriver au point où on peut les signer,

explique Tamaz.

Syndiquer une usine commence par une étude attentive de sa main d’œuvre. Le syndicat essaie alors d’établir des contacts en tenant des assemblées aux portes de l’usine. Des militants syndicaux rendent visite aux travailleurs chez eux et tentent de les faire rejoindre le syndicat. Lorsqu’environ 20 à 25 contacts sont établis, le TUMMCIWG invite ces travailleurs à un atelier de rencontre. En deux ou trois mois, on peut se rendre compte de qui sont les leaders potentiels qui pourront alors entreprendre de construire le nouveau syndicat.

L’acte de syndiquer est important tant à l’interne qu’à l’externe,

dit Tamaz.

Toutes les tentatives de syndicalisation ne sont pas des réussites, mais c’est la seule façon d’aller de l’avant. 

Ceci étant, la résistance au fait syndical est répandue. Pour l’instant, le syndicat se débat avec les employeurs de quatre usines. Chez Georgian Manganese, une entreprise métallurgique, les négociations collectives ont débuté en janvier 2013.  Le syndicat a préparé un projet de convention collective et les deux parties étaient prêtes à signer. Mais au dernier moment, la direction a refusé, ce qui a déclenché une grève.

Dans une autre entreprise, le Groupe GTM, plusieurs militants syndicaux ont été mis à la porte le jour même où le syndicat a été créé. Le président du syndicat a été insulté par le directeur général et escorté hors du périmètre de l’entreprise. Le syndicat a déposé une plainte en justice pour le traitement infligé.

Mais en dépit des difficultés, le TUMMCIWG continue sans relâche à grandir et à signer de nouvelles conventions collectives.

Tamaz Dolaberidze, l’homme derrière le succès du TUMMCIWG a débuté sa carrière comme ouvrier dans une usine chimique en 1992, tout en poursuivant ses études à Tbilissi, la capitale de la Géorgie. Il a rejoint le mouvement syndical en 2003 et, après être devenu un des représentants de la Confédération des Syndicats géorgiens d’une des régions du pays, Tamaz est devenu le président adjoint du TUMMCIWG. En 2010 il en a été élu président.

Tamaz se tourne maintenant vers l’avenir.

Le plus important, c’est qu’il y a 10.000 travailleurs du secteur qui ne sont pas syndiqués, la plupart des mineurs de Chiatura  

dit-il.

Le syndicat va renforcer sa communication et se battre pour des conventions collectives pour chaque usine. Un autre objectif important est de changer toute l’idéologie du travail syndical pour parler davantage de droits et moins d’aide matérielle à apporter aux travailleurs.

Le TUMMCIWG et IndustriALL Global Union

Dans le contexte difficile de la Géorgie, IndustriALL apporte tout le soutien possible au TUMMCIWG. Le Secrétaire général d’IndustriALL Jyrki Raina a envoyé plusieurs courriers à des entreprises géorgiennes pour condamner les pratiques anti-syndicales. Tamaz a bien l’intention de signer un Accord Cadre Mondial avec Georgian Manganese et le rôle d’IndustriALL à cet égard est également crucial.

Notre syndicat progresse de jour en jour et l’aide d’IndustriALL à ce niveau est très importante,

dit Tamaz.