4 avril, 2019Devant l’absence d’engagement à répondre à leurs doléances, des milliers de travailleurs du textile et de l’habillement employés à Hawassa, le plus grand parc industriel en activité en Éthiopie, ont fait grève des 13 au 15 mars pour exhorter les employeurs à prendre des mesures contre le harcèlement sexuel, à améliorer les conditions sanitaires et sécuritaires, et à augmenter les salaires.
Selon l’affiliée à IndustriALL, la Fédération industrielle du syndicat des travailleurs du textile, du cuir et de la confection (IFTLGWTU), la grève est le résultat de l’interdiction faite aux syndicats d’accéder au parc pour organiser les travailleurs.
Lorsqu’il sera totalement opérationnel, le parc d’Hawassa pourra accueillir plus de 60 000 travailleurs, ainsi que plus de 20 marques mondiales et des détaillants qui pourront s’approvisionner en vêtements fabriqués dans le parc.
Teklu Shewarega, à la tête du département chargé de l’organisation des travailleurs et des relations du travail d’IFTLGWTU, a déclaré:
« La grève qui a eu lieu récemment n’est pas une surprise. Sans la présence de syndicats représentant les travailleurs, les bas salaires et les mauvaises conditions de travail sont courants.
Depuis plus de deux ans et sans avoir encore obtenu une autorisation claire du gouvernement, nous essayons d’organiser les travailleurs. Nous poursuivons nos efforts et demandons à nos partenaires internationaux ainsi qu’aux marques mondiales et aux détaillants s’approvisionnant dans le parc de nous soutenir, en faisant pression sur le gouvernement pour qu’il nous permette d’organiser les travailleurs ».
Les salaires dans l’industrie ne sont pas plus élevés que 750 Birr éthiopien (27$ US). Afin de les améliorer, l’IFTLGWTU collabore avec différents partenaires, dont la Confédération des syndicats éthiopiens (CETU) et FNV Mondiaal. Selon une enquête récente sur les salaires, 65 % des travailleurs gagnent moins de 70 US$, tandis que 35% touchent moins de 35 US$, faisant des travailleurs du textile et de l’habillement en Éthiopie des travailleurs pauvres.
Pour survivre, un travailleur doit gagner au moins 144 US$.
Les travailleurs demandent également d’autres avantages, dont la mise à disposition de logements et de moyens de transports. L’offre de logements à proximité des parcs améliorera le bien-être des travailleurs dont la majorité vit dans des conditions sordides, où quatre travailleurs au moins partagent une chambre avec des collègues pour pouvoir payer le loyer.
Paule France Ndessomin, Secrétaire régionale d’IndustriALL, a indiqué:
« Les femmes ont droit à un milieu de travail sans danger. Nous condamnons fermement le harcèlement sexuel des travailleuses à Hawassa, qui viole la législation du travail et la Constitution éthiopienne. Nous exhortons les employeurs à répondre de toute urgence aux griefs des travailleurs par le dialogue avec le syndicat. Il est inacceptable que le gouvernement continue d’interdire aux syndicats l’accès au parc pour organiser les travailleurs ».