15 décembre, 2022Les fédérations syndicales internationales se sont réunies à Amsterdam les 7 et 8 décembre à l’occasion d’une table ronde de planification stratégique sur la question LGBTQI+. Des syndicats nationaux affiliés du monde entier, représentatifs de la plupart des secteurs, ont ainsi pu faire part de leur travail et des défis auxquels ils se heurtent et témoigner de leurs expériences.
« Nous avons beaucoup à faire pour nous assurer que les travailleurs et travailleuses se sentent en sécurité sur leurs lieux de travail, dans leurs communautés et dans leurs syndicats. »
a déclaré James Cavoluzzo de l’ISP et coordinateur du projet des Syndicats mondiaux sur la question LGBTI+.
Les représentants syndicaux nationaux ont fait savoir que les syndicats étaient particulièrement nombreux à œuvrer d’arrache-pied pour la mise au point de politiques du lieu de travail incluant les droits LGBTI+, dans le but de construire un mouvement plus inclusif.
« Mais comment relier ce travail au travail mené au niveau mondial ? Comment créer des réseaux pour partager les bonnes pratiques et les précieux outils et ressources en présence ? »
En matière d’inclusion et de protection des travailleurs LGBTQI+, mais aussi de promotion de leurs droits, les syndicats se trouvent actuellement à des stades très différents à travers le monde. L’objectif premier de cette table ronde était de faire le point sur le travail accompli et d’établir un plan stratégique. Travailler avec des alliés et mettre en lien les militants syndicaux LGBTQI+ va nous permettre d’amplifier la voix des travailleurs sur ces questions. Les syndicats mondiaux présents ont eu à cœur de faciliter ces efforts.
« Il est important que les syndicats soutiennent les communautés LGBTQI+. Pourquoi ? Parce que les enjeux qui les concernent sont importants, et celles et ceux parmi les membres du syndicat qui ne font pas partie de la communauté ont peut-être des enfants ou des petits-enfants qui sont directement concernés, et ils veulent que leur syndicat prenne ces questions au sérieux.
S’en prendre à l’un de nous, c’est s’en prendre à nous tous, »
a déclaré Michele Kessler, de TUAC au Canada.
Nthabi Maine, ou « Chris », représentant le National Union of Mineworkers (NUM), affilié à IndustriALL, est revenue sur l’accueil de son « coming out » au sein de son syndicat. Elle a décrit les types de discrimination dont elle a été victime au fur et à mesure de l’évolution de ses fonctions syndicales. Pour Chris, il était essentiel de dire aux gens qui elle est et de les informer à propos de sa sexualité. Son expérience a permis une prise en compte plus sérieuse des droits des LGBTQI+ au travail au sein de son syndicat et, plus important encore, elle a insufflé un sentiment de sécurité et incité d’autres membres du syndicat à oser sortir du placard à leur tour, sur leur lieu de travail et au sein de leur communauté.
L’intersectionalité et la décolonisation sont des termes fréquemment utilisés aujourd’hui lorsque nous parlons de discrimination. Une session dirigée par le groupe South Feminist Futures a présenté ces concepts et expliqué dans quelle mesure ils peuvent constituer un outil essentiel dans le cadre de l’action syndicale sur la justice sociale.
Face à la discrimination subie par les personnes LGBTI+, l’intersectionnalité est un outil décisif et essentiel qui aide à voir et à comprendre les multiples structures de l’oppression qui affectent les individus et se chevauchent. La colonialité est une forme de prolongement de l’impérialisme occidental en dépit de la fin de la colonisation politique, imposant un mode de pensée et des valeurs eurocentriques ainsi qu’un contrôle sur des aspects clés de la vie. L’imposition d’une classification raciale et sexospécifique de la population mondiale est en fait la pierre angulaire de ce modèle de pouvoir.
« Les syndicats ont un rôle important à jouer dans la construction d’un monde inclusif, exempt de discrimination et d’intolérance. Dans le cadre de la lutte syndicale pour la justice sociale, l’intersectionnalité nous rappelle qu’il existe des inégalités au sein de l’inégalité et des oppressions au sein de l’oppression, »
a déclaré Nancy Kachingwe de South Feminist Futures.
Pour pouvoir représenter leurs membres et leurs membres potentiels, il est essentiel que les syndicats comprennent la complexité des sociétés et la manière dont les inégalités sociales se sont construites au fil de l’histoire. Le fait de comprendre comment s’imbriquent les différentes formes de discrimination pour opprimer et perpétuer les inégalités sociales dans la société et sur le lieu de travail est un outil important permettant aux syndicats de contribuer à la construction d’un monde inclusif, exempt de discrimination et d’intolérance aux niveaux national et international.
« En matière de promotion de l’égalité de genre et des droits des communautés LGBTQI+, nous sommes confrontés à un grave mouvement de recul aux quatre coins du monde ; les syndicats doivent jouer un rôle en résistant à la progression de la discrimination et des discours de haine.
Nos organisations devraient être des acteurs du changement et promouvoir l’inclusion. IndustriALL comprend que pour être inclusifs, nous devons pratiquer l’apprentissage tout au long de la vie. Nous devons nous renseigner sur les types de discrimination auxquels nos membres sont confrontés.
Écouter les récits de syndicalistes lorsqu’ils ou elles évoquent le chemin parcouru afin de pouvoir être soi-même au sein de leur famille et de leur mouvement nous offre une source d’inspiration.
La discrimination liée à l’orientation sexuelle, à l’identité de genre et à l’expression de genre est inacceptable. IndustriALL doit agir et jouer un rôle de chef de file dans la promotion des droits LGBTQI+ dans ses secteurs.
Nous poursuivrons notre travail aux côtés de nos affiliés ainsi que des fédérations syndicales internationales aux fins de renforcer notre lutte contre toutes les formes de discrimination, »
a déclaré Armelle Séby, directrice d’IndustriALL Global Union en charge des questions de genre.
Parmi les actions identifiées au titre du projet pour 2023, citons l’organisation de réunions/formations syndicales conjointes en ligne et de webinaires sur les droits LGBTQI+, l’interaction et l’échange accrus avec les affiliés dans le cadre du travail déployé sur les communautés LGBTQI+ et l’élaboration d’un manuel sur les bonnes pratiques dans ce domaine.
Contexte :
Les fédérations syndicales internationales représentant les travailleurs de tous les secteurs ont constitué ce groupe de travail en 2018, à la suite d’une décision du CGU d’échanger, de s’appuyer sur les bonnes pratiques et de renforcer les réseaux existants, la coopération et la visibilité des initiatives syndicales sur les droits des travailleurs LGBTI+. L’objectif était d’éduquer sur la question LGBTI+, d’établir de nouvelles structures et de renforcer les structures existantes.
Ce site Web se fait l’écho du travail syndical mondial de promotion des droits des LGBTI+ au travail aux niveaux national, régional et international. Il permet aux syndicats affiliés de donner une résonance mondiale à leurs travaux sur la promotion des droits LGBTI au travail. Le site Web offre également un espace dédié (forum) où les syndicalistes du monde entier peuvent discuter des questions LGBTI et des actions qu’eux-mêmes ou leurs syndicats déploient en vue de construire un monde plus tolérant et exempt de discrimination.