6 novembre, 2014IndustriALL fait campagne contre la troisième plus importante compagnie pharmaceutique de Turquie, Deva Holdings. Cette multinationale est coupable de pratiques anti-syndicales à l’encontre de l’affilié d’IndustriALL Petrol-Is.
La dernière infraction commise par l’entreprise pour tenter d’empêcher ses travailleurs de se syndiquer a été d’ignorer une décision officielle du Ministère du Travail de Turquie. L’entreprise a reçu pour instruction de la part de cette autorité gouvernementale le 14 octobre de reconnaître Petrol-Is et d’entamer des négociations collectives. Au lieu de cela, l’entreprise a licencié trois travailleurs de plus pour avoir soutenu le syndicat.
Le Secrétaire général d’IndustriALL, Jyrki Raina, a écrit ce 6 novembre au PDG Philipp Haas, responsable des activités de Deva en Turquie :
Je tiens à vous dire, M. Haas, que si notre fédération mondiale est confrontée tous les jours à des employeurs irresponsables aux quatre coins du monde, le comportement entrepreneurial inqualifiable de Deva Holdings constitue quant à lui un mépris et un manque de respect flagrants à l’égard de ses salariés. Cette affaire constitue pour Deva Holdings une infraction aux normes du secteur, à celles de l’OCDE et de l’OIT ainsi qu’à la législation turque du travail et la range dans la catégorie des pires contrevenants aux droits syndicaux.
Déjà en 2010, Deva avait eu recours à toute une série de tactiques anti-syndicales pour démanteler un système de relations sociales vieux de 40 ans dans les usines de Çerkezköy, de Kartepe et du quartier de Topkapı à Istanbul. Deva Holdings a mis à la porte 74 salariés en 2010 parce qu’ils refusaient de remplacer leur convention collective par des contrats individuels.
Deva a ensuite mis dehors 8 travailleurs de plus le 22 juillet 2014 pour avoir fait usage de leur droit à rejoindre Petrol-Is. Un total de 24 mises à pied a eu lieu au cours de la dernière vague de syndicalisation.
La direction de Deva a reçu des milliers de messages de protestation déjà par le biais de LabourStart, dans le cadre de la campagne mondiale en soutien aux efforts de syndicalisation de Petrol-Is.
Malgré ces licenciements massifs et autres pressions anti-syndicales illégales, les salariés de Deva ont réuni la majorité requise pour pouvoir ensuite demander et obtenir l’officiel “Certificat de Compétence” de la part du Ministère turc du Travail le 14 octobre 2014. Ce décret officiel du gouvernement turc impose à Deva Holdings d’entamer des négociations collectives avec Petrol-Is en tant que partenaire social reconnu.
Mais, au lieu de respecter l’autorité et les conclusions du Ministère du Travail, la direction de Deva a déclaré à ses travailleurs que l’entreprise ne reconnaîtrait ni ne négocierait jamais avec un quelconque syndicat en Turquie. Et la pratique, maintenant bien en place de la part de Deva, de mettre à la porte tout salarié soupçonné d’être un sympathisant actif du syndicat été utilisée à nouveau. Nous détaillons ci-après les cas de ces travailleurs, derniers en date à avoir été jetés à la rue pour avoir soutenu un syndicat.
- Ramazan Atasever avait une ancienneté d’un an et demi. Il lui a été dit que la raison de son licenciement étaient des problèmes physiologiques.
- Şenol Aygün avait une ancienneté de onze ans. La raison apparente de son licenciement était qu’il ne possède pas un bagage suffisant par rapport aux procédés technologiques mis en œuvre dans le cadre de son travail. Cependant, avec onze années d’expérience à son poste, il s’agit d’une excuse sans aucune crédibilité pour virer quelqu’un qui soutient un syndicat.
- Hasan Yiğit avait une ancienneté de sept années. On lui a dit qu’il était mis dehors en raison d’éléments du passé dans son dossier. Ceci fait encore passer le message auprès des salariés qu’ils seront virés sans raison valable s’ils sont en faveur du syndicat.
Deva refuse aussi d’entendre la voix de l’opinion publique, en particulier de l’Association des Médecins et de l’Association des Pharmaciens qui ont déjà dit publiquement que les travailleurs de Deva devraient avoir la possibilité d’exercer leurs droits fondamentaux sans subir de pression ou d’intimidation.
Dans sa lettre à Deva, Jyrki Raina ajoute :
Je me dois de vous rappeler que ce degré de manœuvres anti-syndicales persistantes et éhontées vous feront porter l’étiquette d’entreprise malhonnête à l’extrême. Nous allons le faire largement savoir jusqu’à ce que vous reconnaissiez Petrol-Is comme le syndicat que vos salariés ont choisi pour les représenter.
La négociation collective doit maintenant commencer, tel que prescrit par le Ministère du Travail, et les 27 salariés que vous avez licenciés pour leur soutien à Petrol-Is doivent être réintégrés.