7 novembre, 2016Ce 5 novembre, plus de 800 personnes, parmi lesquelles une délégation d’IndustriALL ainsi que de syndicats de BHP venus d’Australie, du Brésil, du Chili et de Colombie, se sont réunies avec des représentants de mouvements sociaux dans la ville fantôme de Bento Rodrigues pour réclamer la justice pour les victimes et la punition des responsables de la rupture de la digue en 2015.
La manifestation était organisée par le MAB (Movimento dos Atingidos por Barragens), un mouvement social qui défend les personnes affectées par les barrages.
S’adressant à la foule, le Secrétaire général adjoint d’IndustriALL, Kemal Özkan a déclaré :
“Nous apportons un message de solidarité de la part de la grande famille mondiale des mineurs à tous ceux et celles qui ont été affectés. Ce n’était pas un accident, c’était un crime prémédité. Nous sommes profondément attristés par les dégâts et les pertes en vies humaines. Mais nous sommes aussi en colère. En colère parce que des entreprises continuent à faire passer les profits avant les gens.”
Le bassin de rétention de Fundão appartenait à Samarco Mineração SA, une coentreprise entre deux des plus grosses compagnies minières du monde, l’australienne BHP Billiton Ltd. et la brésilienne Vale SA.
Samarco, un des plus grands exportateurs au monde de granules de minerai de fer, a entamé la construction de Fundão en 2007. Bien que dès le début il y a eu des problèmes au niveau de ce bassin de rétention, cela n’a pas empêché Samarco de faire monter sa production en puissance pour contrebalancer la chute du prix des matières premières.
L’effondrement survenu le 5 novembre 2015 a libéré un tsunami de plusieurs mètres de haut de boues toxiques qui a envahit le fleuve et rasé des villes sur son passage, la vague de boue parcourant 700 kilomètres de cours d’eau pour aboutir dans l’Océan Atlantique.
La plupart des victimes sont des mineurs tués alors qu’ils étaient au travail sur le bassin de rétention au moment de son effondrement. Si la digue avait cédé pendant la nuit, les 600 résidents de Bento Rodrigues auraient certainement tous péri. En l’occurrence et en l’absence d’un plan d’urgence digne de ce nom tel que requis par la loi, ils n’ont pu que se sauver avec les seuls vêtements qu’ils avaient sur le dos.
“Je suis né et j’ai grandi à Bento Rodriguez,” dit Antonio Martíns Quintão. “Mais tout a été balayé en l’espace de 8 secondes, dans l’après-midi du 5 novembre peu après 15h30.”
Antonio et d’autres résidents qui ont perdu leur maison doivent toujours recevoir une indemnisation.
“Tous les jours, à mon réveil, la première chose que je fais est de regarder si quoique ce soit a été entrepris contre ceux qui sont responsables de la mort de mon mari,” dit Alinne Ferreira Ribeiro. Son mari Samuel, un ouvrier employé par un sous-traitant de Samarco, est l’une des 19 personnes mortes ce jour-là.
En juin, les procureurs fédéraux brésiliens ont établi un acte d’accusation pour homicide à l’encontre des directeurs actuels et passés de BHP et Vale. S.A. ainsi que de leur coentreprise Samarco. Les procureurs indiquent que l’entreprise avait une connaissance préalable des risques pour la structure et que des rapports de stabilité avaient été falsifiés.
Avant cela, des procureurs brésiliens avait entamé des poursuites civiles pour un montant de 44 milliards de dollars contre les trois entreprises en vertu des énormes dégâts humains et environnementaux consécutifs à la rupture de la digue.
Le Secrétaire général d’IndustriALL, Valter Sanches, indique :
“IndustriALL se tient fermement aux côtés de tous ceux qui ont été touchés : les familles qui ont perdu un proche, les résidents qui ont tout perdu, les quelque 20.000 travailleurs et travailleuses qui ne savent pas si la mine va un jour rouvrir, les communautés avoisinantes qui dépendaient de la mine et tous ceux qui ont perdu leurs moyens d’existence.
“Nous soutenons la lutte pour faire répondre les responsables de leurs actes et pour assurer que des mesures soient prises pour garantir qu’un tel événement ne puisse jamais se reproduire.”
Avant la commémoration, la délégation d’IndustriALL a tenu la première réunion du réseau mondial pour BHP Billiton et sa spin-off South32. Un plan d’action détaillé comprend des mesures pour contrecarrer les pratiques sociales inacceptables de ces entreprises partout dans le monde et pour que BHP soit tenu responsable de la catastrophe de Samarco. La réunion a adopté une déclaration de soutien aux victimes de Samarco.