18 mars, 2016L’industrie minière pakistanaise est en proie à une crise sécuritaire due à la survenance continue de décès évitables de travailleurs dans le pays.
Dix travailleurs ont été tués dans l’accident minier survenu le 12 mars 2016 dans la mine de charbon d’Al-Hussaini, située dans la zone de Doli, dans la région d’Orakzai, au cœur de la province de Khyber Pakhtunkhwa.
Selon les informations obtenues, une explosion due à l’accumulation de gaz méthane s’est produite à l’intérieur de la mine, piégeant en son sein 27 travailleurs, dont le sauvetage a été compliqué par les fortes précipitations.
Bien qu’il n’existe pas de données exhaustives sur le nombre de décès provoqués par l’exploitation des mines, un examen des informations parues dans la presse montre qu’au moins 228 mineurs ont été tués dans 38 incidents distincts depuis 2010. Cette estimation, sans doute prudente, reflète toutefois l’ampleur du problème. Les pertes constantes en vies humaines sont la preuve que les mines pakistanaises continuent d’être exploitées avec des normes de sécurité insuffisantes et des systèmes d’aération déficients.
Aussi bien dans les mines publiques que privées, les travailleurs sont soumis à des normes de sécurité au travail dangereuses et à des mauvaises conditions de travail. La majorité d’entre eux sont employés par des fournisseurs de main d’œuvre externes, perçoivent des bas salaires et ne disposent pas de contrat écrit. Beaucoup sont payés d’avance, se retrouvant dans un état de servitude jusqu’au remboursement de leurs dettes, prélevées directement sur leurs salaires.
La direction de la mine est bien souvent incapable de faire face aux accidents de manière appropriée. Les opérations de sauvetage professionnelles commencent souvent tardivement. La plupart du temps, l’absence de soutien médical professionnel près des mines oblige de transporter les victimes dans des hôpitaux éloignés, faisant perdre un temps précieux en situation d’urgence où des vies sont en jeu.
Ni les travailleurs accidentés ni les familles des travailleurs tués ne reçoivent des soins médicaux appropriés ou des indemnités suffisantes. Le gouvernement n’a pas pris les mesures correctives nécessaires pour stopper les explosions de gaz méthane qui représentent pourtant une cause majeure des accidents miniers.
Le manque d’inspections du travail est pour beaucoup à l’origine du non-respect des lois sur la sécurité en matière d’exploitation minière. Le nombre total d’inspecteurs du travail au Pakistan a augmenté de 293 à seulement 337 de 2001 à 2012, le secteur non agricole formel de l’économie bénéficiant d’un seul inspecteur du travail par tranche de 250 000 travailleurs.
Dans une lettre adressée au Conseil d’IndustriALL pour le Pakistan (IPC), Jyrki Raina, Secrétaire général d’IndustriALL, déclare:
Nous appelons à nouveau le gouvernement du Pakistan à ratifier de toute urgence la Convention 176 de l’OIT sur la Santé et la Sécurité dans les Mines, et à mettre en œuvre, toutes affaires cessantes, le Recueil de directives pratiques sur la sécurité et la santé dans les mines de charbon souterraines de l’OIT.