10 mars, 2020La manifestation organisée à Antananarivo par les syndicats malgaches au cours de la Journée internationale des femmes a été l’aboutissement d’une semaine de formation et de renforcement des capacités sur l’égalité des genres et la violence fondée sur le sexe.
Ont collaboré à ces activités des hommes et des femmes leaders, ainsi que des représentants du personnel et de tous les syndicats malgaches affiliés à IndustriALL: SEKRIMA, FISEMA, USAM et SVS.
L’objectif de cette semaine d’activités était de faire participer activement les syndicats à la lutte contre la discrimination de genre dans le monde du travail et au sein de leurs organisations. Les participants ont défini des mesures concrètes pour accroître le leadership et l’adhésion des femmes. Les structures des femmes seront réactivées et mieux reliées aux organes de décision.
Une étude récente menée au niveau mondial par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) montre que 90 pour cent des gens ont une vision entachée de préjugés à l’égard des femmes. Madagascar n’est pas une exception. Les normes culturelles et sociales séculaires ont relégué au second plan le rôle des femmes malgaches, notamment dans la sphère publique. La croyance selon laquelle les hommes doivent diriger et prendre la parole dans les lieux publics est largement répandue.
Les stéréotypes à caractère discriminatoire sont encore courants dans le mouvement syndical malgache. Par conséquent, le mentorat et les formations apparaissent essentiels pour renforcer la confiance dans les femmes, et soutenir leur participation et leur représentation dans les syndicats.
« Nos syndicats doivent changer de mentalité. Les hommes doivent être prêts à laisser leurs sièges aux femmes et à accepter que des femmes les représentent »,
a déclaré Armelle Seby, spécialiste des questions de genre à IndustriALL.
Les syndicats malgaches s’efforcent d’accroître la participation et la représentation des femmes. USAM a instauré un critère de représentation minimum de 40 pour cent de femmes au niveau national. En 2018, au site minier de Sheritt situé à Moramanga, SEKRIMA, SVS et USAM ont établi un comité mixte sur l’égalité des genres, qui a lancé une campagne de recrutement des femmes et organisé une formation en faveur des femmes sur le leadership et les droits des femmes. Il en a résulté l’élection, pour la première fois, de deux femmes dans l’équipe de direction régionale du syndicat SVS. Un nouveau syndicat local, dont 90 pour cent des membres sont des femmes, a été créé chez l’un des sous-traitants de Sheritt.
« L’engagement des dirigeants syndicaux, en particulier des hommes dirigeants, est fondamental pour que les syndicats s’ouvrent davantage aux femmes à Madagascar. Les syndicats doivent s’adapter à un monde du travail en mutation. Ils doivent être en mesure de répondre aux besoins des travailleuses qui sont souvent les plus touchées par le travail précaire. »
a déclaré Paule Ndessomin, Secrétaire régionale d’IndustriALL.
Les femmes malgaches sont confrontées à la discrimination à l’embauche, au plafond de verre et à l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes. L’absence de transparence salariale dans de nombreuses entreprises favorise ces inégalités. Les syndicats ont également signalé des violations des dispositions relatives au congé de maternité.
Les syndicats luttent activement contre la violence fondée sur le genre. Les syndicats des industries extractive et textile ont dû porter plusieurs cas de harcèlement sexuel devant les tribunaux. Les travailleuses du textile et de l’habillement dans les zones franches industrielles d’exportation sont particulièrement vulnérables. Les syndicats malgaches ont lancé une campagne en faveur de la ratification par le gouvernement de la convention n° 190 de l’OIT. Joints par quelques centaines de membres, ils ont manifesté dans les rues d’Antananarivo au cours de la Journée internationale des femmes dans le but de promouvoir cette nouvelle convention.