2 mars, 2014Rio Tinto est connu pour ses tactiques antisyndicales et son exploitation des travailleurs précaires. C'est pourquoi IndustriALL Global Union a lancé le 6 février, au Cap, en Afrique du Sud, une campagne contre le géant minier. Elle a pour but de faire changer radicalement la manière dont Rio Tinto traite les travailleurs et les syndicats dans tous ses sites d'exploitation.
Avant son lancement, le Réseau Rio Tinto d'IndustriALL avait déjà défini la lutte contre l'emploi précaire comme la pierre angulaire de la campagne.
Le Secrétaire général adjoint d'IndustriALL Fernando Lopes a déclaré "Dans la plupart des cas, la majorité des travailleurs de l'industrie minière sont en situation d'emploi précaire. Pour y remédier, IndustriALL Global Union a arrêté trois axes d'action : l'organisation, la protection par la négociation collective et l'amélioration de la législation."
Un cahier de revendications a été envoyé au Président-Directeur général de Rio Tinto; il souligne notamment la nécessité de réduire au minimum l'incidence du travail précaire.
Organisation :
Il y a peu de chance que les travailleurs qui ont un emploi précaire se syndiquent ou négocient collectivement. Les salaires et les conditions sont encore plus tirés à la baisse par les entreprises qui divisent ainsi le personnel dans leurs usines. Il est donc impératif que les travailleurs précaires aient une représentation commune. Seul un taux de syndicalisation élevé fera des travailleurs des interlocuteurs inévitables de Rio Tinto.
Protection :
Une solution fiable pour protéger les travailleurs précaires est de les couvrir par une convention collective. Chez Rio Tinto en Afrique du Sud, la plupart des travailleurs sont des contractuels et ne sont pas syndiqués. Cependant, lors de la campagne de négociation de 2013, les revendications salariales du NUM visaient aussi les travailleurs contractuels.
Législation :
La protection politique, par un salaire minimum ou la limitation du recours au travail précaire par exemple, est un autre élément. Au Cameroun, le SYNATE a élaboré une stratégie sur la manière d'aborder une législation qui reconnaît trois catégories de travailleurs : les permanents, les sous-traitants et les temporaires. Elle a permis à Rio Tinto Aluchem de créer un intermédiaire, une entreprise qui lui fournit du personnel en sous-traitance, des travailleurs qui, jusqu'à leur pension, ne sortiront jamais de cette catégorie professionnelle. Pour le SYNATE, l'éducation et la sensibilisation de tous les travailleurs sont essentielles dans ce combat.
Afin de mesurer avec précision l'importance de l'emploi contractuel et d'autres types d'emploi précaire, IndustriALL et ses affiliés ont réalisé une étude sur les secteurs de la mine et de l'énergie. Des difficultés ont été soulignées en raison de la nature de la relation d'emploi triangulaire et de ses nombreuses variantes, mais tous les affiliés sont déterminés à faire respecter leurs droits.
Après la crise économique mondiale de 2008, Rio Tinto a annoncé la suppression de 14.000 emplois dans le monde, dont 8.500 postes contractuels. Pour le Directeur du département des mines d'IndustriALL, Glen Mpufane, "Les travailleurs contractuels paient depuis trop longtemps pour la course au profit de Rio Tinto et sa politique d'emploi libérale. Le moment est venu pour les travailleurs du monde entier de se rassembler pour crier ensemble : À bas Rio Tinto !"