15 août, 2024Aux yeux du monde, la chaîne d'approvisionnement de la production diamantaire du Botswana est montrée en exemple du secteur en Afrique. Or, pour les syndicats, avec l'antisyndicalisme ambiant, ces diamants perdent de leur brillant.
Dans des courriers adressés à plusieurs ministères, dont ceux du Travail et de la Sécurité sociale, le Syndicat des travailleurs du diamant du Botswana (BDWU) exige qu'il soit mis un terme aux violations des droits des travailleurs de la chaîne d'approvisionnement de la taille et du polissage des diamants.
Ce sont par exemple les firmes qui emploient des travailleurs migrants pour des bas salaires, violant ainsi la législation sur le travail et sur l'immigration. Elles ne veulent rien savoir non plus des mécanismes de règlement des litiges. Lorsqu'il s'agit du recrutement et de la reconnaissance des syndicats, les entreprises s'acharnent sur les travailleurs ou en licencient d'autres pour s'être affiliés au syndicat de leur choix. Même lorsqu'un syndicat remplit les critères légaux pour être reconnu par l'employeur, il doit souvent se battre pour obtenir gain de cause.
Le BDWU, qui est affilié à IndustriALL, a demandé à l'inspection du travail d'effectuer des visites d'inspection et de l'aider dans le règlement des litiges. À sa surprise, le rapport des services d'inspection omet certains griefs du syndicat, notamment sur la détérioration des conditions de travail, les longs horaires de travail, le non paiement des heures supplémentaires et la suppression de prestations sans consultation des travailleurs. Chez Dharum Cutting Works, par exemple, l'employeur a supprimé des primes d'assiduité, des indemnités de transport, l'aide médicale et les primes de rendement.
L'industrie diamantaire ne respecte pas non plus les normes de santé et sécurité au travail, n'emploie pas la main-d’œuvre locale et n'assure pas la formation; elle laisse le harcèlement sexuel progresser, de même que les conditions de travail précaires, avec des contrats de courte durée pour dissuader le personnel de se syndiquer, et des diminutions de salaires. De même, les licenciements et renvois abusifs sont courants. Ces griefs ont été mis en lumière à la réunion du réseau mondial du diamant d'IndustriALL, au Lesotho, en février dernier.
Les propositions syndicales de dialogue social avec Diamond Hub, la Botswana Diamond Manufacturers Association, De Beers Botswana et Business Botswana n'ont reçu aucun écho. Pourtant, le BDWU répète que le dialogue social contribuera à l'amélioration des conditions de travail.
Le syndicat cite des exemples de contrevenants, parmi lesquels Venus Jewel Botswana, où l'inspection du travail est intervenue pour faire reconnaître le syndicat.
Chez Yerushalmi Bros Diamond Botswana, qui reconnaît le syndicat, on note une volonté de mettre fin aux violations. Chez Dharum Cutting Works Botswana, des cas de harcèlement sexuel ont été dénoncés par le syndicat après du ministère du Travail. D'après un rapport de l'inspection du travail, chez Dharum, un directeur général harcèle sexuellement les travailleuses par des attouchements, des avances sexuelles spontanées, de la sollicitation sexuelle et des allusions, ainsi que des commentaires graveleux.
"Le sous-secteur de la taille et du polissage des diamants a besoin qu'on s'y intéresse d'urgence, faute de quoi nos diamants seront ternis par cette montée des violations des droits de l'homme et des travailleurs. Le syndicat appelle les ministères du Travail et de l'Intérieur ainsi que les autres ministères concernés à agir rapidement pour assurer le respect des droits des travailleurs,"
a déclaré Dominic Obusite Mapoka, le directeur général du BDWU.
La secrétaire régionale d'IndustriALL pour l'Afrique subsaharienne, Paule France Ndessomin, commente en ces termes :
"Les menées antisyndicales dans le secteur du diamant au Botswana sont atterrantes. Les firmes de taille et polissage des diamants doivent respecter les droits de l'homme et des travailleurs. En outre, elles doivent protéger les travailleuses contre le harcèlement sexuel. Nous félicitons le BDWU pour le combat qu'il mène sans relâche pour les droits des travailleurs."