24 février, 2022Les travailleurs de l'énergie zimbabwéens ont écrit à leur employeur, la Zimbabwe Electricity Supply Authority (ZESA), qu'ils ne sont plus en mesure de se présenter au travail à cause de leurs salaires de misère.
Selon le Syndicat des travailleurs de l'énergie du Zimbabwe (ZEWU), certains gagnent moins de 100 $ US par mois.
"Nous vous écrivons pour vous signifier que nos adhérents ne sont plus en mesure de se présenter au travail comme prévu. Il ne fait pas mystère que cette situation résulte des conditions économiques insupportables qu'ils endurent,"
écrit Martin Chikuni, le secrétaire général du ZEWU, affilié à IndustriALL Global Union.
Pour le syndicat, l'excuse de "l'absence de mandat collectif pour l'industrie" invoquée par l'employeur est une ruse pour éviter d'augmenter les salaires qui brise l'harmonie et sème le doute sur la volonté de l'employeur de négocier. Les travailleurs sont de plus en plus sceptiques quant à l'utilité d'assister à des réunions de négociation qui ne prennent aucune décision sur le versement de salaires de survie.
Dans une lettre du 14 février, le ZEWU écrit que les travailleurs sont confrontés à des hausses de prix des produits de première nécessité, des loyers, des carburants et de la scolarité. En outre, devant la perte de confiance dans la monnaie locale, la plupart des fournisseurs de biens et de services demandent à être payés en dollars US, lesquels s'obtiennent à des taux supérieurs sur le marché parallèle. Le taux de change du dollar US est de 1:120 dollar zimbabwéen (ZWL) sur le marché officiel, et 1:235 sur le marché parallèle. Mais le dollar US est plus répandu dans la rue que dans les banques.
Pour le syndicat, les salaires ne suivent pas le rythme de l'hyperinflation, qui dépasse les 60 pour cent, suivant l'Agence nationale de statistique. En outre, le Conseil des consommateurs du Zimbabwe indique qu'une famille de six personnes a besoin d'au moins 73.000 ZWL (310 $ US) compte tenu du coût de la vie.
Or, la réponse de l'opérateur national ZESA au syndicat a été de proposer une hausse de 30 pour cent des salaires et des augmentations des primes de Covid-19 et de transport que le syndicat qualifie de dérisoires. Il ajoute que l'action collective se poursuivra jusqu'à l'obtention d'un salaire vital.
"Nous soutenons la campagne du ZEWU pour un minimum vital et espérons que l'employeur entamera des négociations sérieuses et dignes de ce nom et qu'il cessera ses procédés dilatoires alors que les travailleurs et leurs familles n'ont pas de quoi se nourrir. Les travailleurs souffrent des conditions de travail précaires et des bas salaires qui sévissent au Zimbabwe,"
a déclaré la secrétaire régionale d'IndustriALL pour l'Afrique subsaharienne, Paule France Ndessomin.
Les rapports de la Banque mondiale montrent que plus de 7,9 millions de Zimbabwéens vivent dans l'extrême pauvreté, ce qui veut dire qu'une personne au moins vit avec moins de 30 $ par mois. La population du Zimbabwe est estimée à plus de 15 millions de personnes. La pauvreté s'est aggravée avec les hausses des prix des denrées alimentaires et autres produits de première nécessité tandis que la pandémie de Covid-19 a aggravé la crise économique.
Photo : Un travailleur de l'énergie zimbabwéen