18 avril, 2012L'annonce d'un investissement de Rio Tinto en Inde provoque l'inquiétude des syndicats indiens, en raison de sa réputation de mauvaise 'entreprise citoyenne' au Canada et en Australie.
MONDE: Malgré les tentatives des syndicats de prévenir la haute direction de Rio Tinto contre les dangers présentés par son mépris des droits des travailleurs et travailleuses, l'entreprise n'a pas daigné réagir. Rio Tinto se trouve maintenant mise au défi de développer ses affaires en Inde, face à une forte opposition des syndicats.
Rio Tinto a annoncé prévoir un investissement de 2 milliards de dollars dans l'Orissa (Inde) dans un projet d'extraction de minerai de fer. Les investissements en Inde peuvent présenter une tâche difficile et se heurter à d'innombrables délais administratifs. Récemment, le projet d'investissement de 12 milliards de dollars du groupe sidérurgique sud-coréen Posco, annoncé en 2005, a subi un nouveau revers après des protestations au niveau local en Inde. Ce dernier revers fait suite à un verdict du tribunal national indien chargé de l'environnement.
L'Orissa est le 9ème État en Inde par ordre d'importance. Il comporte 30 districts, et les ressources minérales constituent sa force principale. Il renferme environ 34 pour cent des gisements de minerai de fer du pays, mais il a également l'une des populations les plus pauvres de l'Inde. Les syndicats ont joué un rôle particulièrement important entre les gouvernements et les communautés locales pour aider les ouvriers et ouvrières agricoles déplacé(e)s.
M. Rajendra Pasad Singha, président de Hind Mazdoor Sabha (HMS) de l'Orissa et vice-président de la fédération des travailleurs de l'acier, du métal et de l'ingénierie de l'Inde (SMEFI), et M. Sudharshan Rao, directeur du bureau de l'Asie du Sud de la Fédération internationale des organisations de travailleurs de la métallurgie, ont eu un entretien avec M. Raghunath Mohanty, ministre des Industries, des Mines et des Affaires parlementaires du gouvernement de l'Orissa. Les syndicats ont remis au ministre une lettre au nom de la FIOM et de son affilié SMEFI qui précisait certaines inquiétudes comme le lock-out illégal du personnel à Alma, Canada. Les syndicats locaux ont également l'intention d'obtenir l'appui de groupes communautaires locaux pour soutenir leurs objections, et un entretien aura lieu prochainement avec le chef du gouvernement provincial de l'Orissa.
D'une manière générale, les syndicats locaux approuvent les investissements étrangers en Inde, mais dans ce cas précis, la réputation de Rio Tinto est si mauvaise qu'ils estiment indispensable d'attirer l'attention sur les activités de l'entreprise. Les syndicats indiens rappellent l'incapacité de Rio Tinto de respecter les droits du personnel dans la campagne de syndicalisation à Bell Bray en Australie et le lock-out illégal à Alma au Québec, Canada.
Sudharshan Rao, directeur de la FIOM pour l'Asie du Sud a déclaré: "Nous nous tenons aux cotés des travailleurs et travailleuses à Alma. Nous continuerons d'exprimer nos inquiétudes jusqu'au plus haut niveau gouvernemental et chercherons à obtenir l'assurance que les personnes les plus vulnérables ne seront pas exploitées par cette 'entreprise citoyenne' de triste réputation".