22 octobre, 2010"Notre premier objectif est de survivre; si nous abandonnons la lutte, nous allons disparaître", a déclaré Jorge Robles de Unión Nacional de Trabajadores (UNT) en parlant de la situation des syndicats indépendants mexicains à la réunion stratégique de la Fédération internationale des organisations de travailleurs de la métallurgie sur la création de syndicats qui s'est tenue à Mexico les 13 et 14 octobre 2010.
MEXIQUE: La Fédération internationale des organisations de travailleurs de la métallurgie (FIOM) a organisé une réunion stratégique sur la création de syndicats les 13 et 14 octobre 2010 à Mexico, dans le but de parvenir ensemble à donner de la force aux syndicats démocratiques du Mexique.
Los Mineros et SME, les deux syndicats démocratiques les plus importants et les plus anciens du Mexique, qui sont l'objet d'attaques violentes du gouvernement mexicain, ont ouvert la réunion. Parlant au nom de Napoleon Gomez, secrétaire général de Los Mineros, Sergio Beltran a dénoncé les conditions de travail de plus en plus précaires qui résultent du fait que 95 pour cent des contrats sont des contrats de protection qui privent la majorité de la main-d'œuvre mexicaine du droit d'avoir un syndicat.
Martin Esparza, secrétaire général du SME a annoncé que le pacte Mineros-SME représente un immense pas en avant dans la lutte commune pour la restauration de l'État de droit. Les directions des deux syndicats nationaux ont exprimé leur plein appui pour la réunion, en insistant sur le fait qu'il faut de toute urgence développer et renforcer les effectifs et la capacité des syndicats démocratiques.
Chaque syndicat mexicain indépendant et les organisations présentes ont condamné la corruption et les méthodes brutales employées contre les syndicats par les employeurs avec la complicité manifeste des autorités gouvernementales. "Au Mexique, nous poursuivons la lutte pour des contrats collectifs sous la menace d'une arme", a affirmé Hector de la Cueva du Centro de Investigación Laboral y Asesoría Sindical (CILAS).
Jorge Robles de Unión Nacional de Trabajadores (UNT), a déclaré: "Nous sommes en butte depuis 80 ans à des syndicats corporatifs engagés, aux côtés d'institutions gouvernementales, à assurer la protection des employeurs et le maintien sous contrôle de la classe ouvrière; il n'y a pas de chute du taux de syndicalisation au Mexique car la plupart des travailleurs et travailleuses appartiennent sans le savoir à un syndicat! Ici les entreprises continuent de choisir les syndicats qui leur conviennent. Notre premier objectif est de survivre; si nous abandonnons la lutte, nous allons disparaître. Notre deuxième tâche urgente consiste à renforcer les syndicats capables de nous défendre".
La réunion a rassemblé plus de 50 participant(e)s dont les directions des six principaux syndicats indépendants au Mexique, des syndicats affiliés à la FIOM et à l'ICEM, des représentant(e)s de la FIOM, de l'ICEM, de l'UNI et de la FIOT, et des organisations internationales et mexicaines de la société civile, qui ont soutenu le besoin d'assurer une approche cordonnée autour de la solidarité des syndicats du monde entier.
Après la réunion de Toronto en juin de cette année, Joe Drexler de l'ICEM a souligné avec les représentant(e)s des fédérations syndicales internationales présents à la réunion, la nécessité de poursuivre les cours de formation destinés aux membres sur la situation au Mexique, et de réaliser de larges alliances pour condamner les attaques du gouvernement mexicain contre les syndicats indépendants.
Au cours des deux journées de réunion, les participant(e)s ont examiné la complexité de la syndicalisation par des syndicats démocratiques et le rôle positif joué par des organisations de la société civile comme Centro de Apoyo al Trabajador (CAT), Comité Fronterizo de Obrero(a)s (CFO) et Proyecto de Derechos Económicos, Sociales y Culturales (PRODESC) qui ont notamment mené récemment des activités de formation des travailleurs et travailleuses sur leurs droits syndicaux visant à faciliter leur adhésion au syndicat national Los Mineros.
La FIOM a présenté les conclusions d'une évaluation du projet de la FIOM 2004-2009 de syndicalisation dans les Maquilas, et la Fondation Friedrich Ebert (FES) a fait une mise à jour sur l'évolution de la Campagne contre les contrats de protection à Puebla et sur les travaux de recherche sur les conventions collectives en vigueur. AFL-CIO et le Centre de solidarité ont exprimé leur engagement à poursuivre leur soutien aux syndicats indépendants au Mexique.
Les participant(e)s ont réaffirmé leur engagement à travailler ensemble et à renforcer les alliances avec les syndicats démocratiques. "Cette réunion a exprimé une grande solidarité et une unité pour progresser ensemble dans l'édification de syndicats forts et démocratiques au Mexique", a déclaré Fernando Lopes, secrétaire général adjoint de la FIOM. "Nous avons besoin de nous appuyer sur deux supports pour pouvoir rester debout et aller de l'avant. L'accord de Toronto pour lutter à tous les niveaux en faveur de la liberté syndicale et des droits syndicaux constitue l'un deux, le développement et la capacité de créer des syndicats indépendants au Mexique est notre second support. Chaque organisation a des capacités et des besoins différents; nous devons examiner chaque cas et coordonner stratégiquement nos efforts pour créer des syndicats", a ajouté Lopes.
Les participant(e)s à la réunion ont procédé à un partage des responsabilités et des tâches, et la publication du rapport contenant les principales décisions prises à la réunion sera annoncée à la fin du mois d'octobre. Un réseau de courrier électronique fonctionnera jusqu'à la prochaine réunion de planification prévue au début de 2011, pour travailler avec chacun des syndicats présents à la réunion sur une proposition de création de syndicat mondial.