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Les travailleurs turcs protestent place Taksim pour le Premier Mai

6 mai, 2010Pour la première fois depuis plus de 30 ans, les travailleurs, les travailleuses et leurs syndicats ont célébré le Premier Mai sur la place Taksim. Les syndicats mondiaux, notamment la FIOM, ont montré leur soutien et pris l'engagement de coordonner de nouvelles actions de solidarité pour défendre les droits des travailleurs et des travailleuses en Turquie.

TURQUIE: Environ 200.000 travailleurs, travailleuses et syndicalistes se sont rassemblés le Premier Mai sur la place Taksim à Istanbul, pour la première fois depuis l'année 1977 où 37 personnes avaient trouvé la mort sous les balles d'un homme qui avait ouvert le feu sur la foule. Personne n'a jamais été traduit en justice pour ces meurtres. Depuis, la police a souvent utilisé les gaz lacrymogènes, les canons à eau et les matraques pour disperser les rassemblements de personnes qui voulaient commémorer le Premier Mai sur cette place.

Même si le gouvernement turc a décidé l'année dernière de faire du Premier Mai un jour officiel de congé et de permettre au public d'accéder cette année à cette place, la lutte des syndicats et des travailleurs et travailleuses continue en Turquie.

Les syndicats rassemblés sur la place Taksim ont réclamé le droit de se syndiquer et de créer des syndicats, la sécurité de l'emploi dans tous les secteurs et une vie sûre pour toutes et tous. Au moment où les six confédérations turques du travail reprenaient possession de la place Taksim, les membres de Sinter Metal et de l'affilié de la FIOM Birlesik Metal Is se rappelaient leur long combat et la signification historique de cette journée pour le mouvement ouvrier turc.

"La défaillance de la justice est une comédie. La législation syndicale turque ne devrait pas prendre parti pour les employeurs, mais en général, les personnes qui adhèrent à un syndicat font toujours face au même problème et sont victimes de représailles qui prennent la forme de licenciements partout dans le pays. Et il s'agit de beaucoup de monde -- 350 personnes licenciées pour éviter la présence d'un syndicat dans l'entreprise -- mais ce problème est très répandu et la justice relève de la décision d'un seul juge.

"Dans notre cas, ce juge du tribunal du travail a différé injustement à sept reprises un licenciement abusif, ce qui nous cause de grandes difficultés financières. Mais j'ai appris que l'on n'obtient rien dans la vie sans lutter et que je ne jouirai de mes droits que par la lutte. Cette année, le Premier Mai est enthousiasmant et bon. L'année dernière, seules 3.000 personnes avaient pu se retrouver sur la place Taksim dans des nuages de gaz lacrymogènes, et beaucoup de travailleurs et travailleuses ont eu peur de venir cette année. Mais nous sommes cette année sur la place Taksim. Et c'est avec une grande émotion que nous voyons comment les travailleurs et les travailleuses montrent leur force. J'espère que nous serons encore plus nombreux ici l'année prochaine", dit l'un des travailleurs de Sinter Metal.

Les salariés de Sinter Metal ont manifesté à de nombreuses reprises et ont finalement organisé une grève de la faim du 2 au 6 mars 2010 pour exiger la réintégration et une décision de justice pour les cas de licenciement abusif en décembre 2008. Contrairement aux déclarations de l'entreprise, le ministère turc du Travail a trouvé que les licenciements n'étaient pas motivés par la crise économique. Le juge a reporté en août 2010 pour la septième fois sa décision sur le cas de licenciement abusif. Le combat continue.

Le mouvement syndical mondial s'inquiète de la situation des droits des travailleurs et des travailleuses et de leurs syndicats en Turquie qui concerne des mises à pied et des violences physiques, et la tendance inquiétante du harcèlement judiciaire des syndicats par lequel des syndicalistes sont jugés comme "terroristes", notamment Seher Tümer, secrétaire d'une section du syndicat des enseignants affilié à l'Internationale des services publics.

Le 30 avril, des représentant(e)s de sept fédérations syndicales internationales dont la FIOM, de la Confédération syndicale internationale et de la Confédération européenne des syndicats, ont rencontré plusieurs syndicats affiliés en Turquie pour coordonner les actions de solidarité en cours et souligner la détermination du mouvement syndical mondial de défendre les droits des travailleurs et des travailleuses en Turquie.

Les syndicats mondiaux suivants se sont joints aux syndicats turcs pour défiler jusqu'à la place Taksim: Fédération internationale des ouvriers du transport (FIOT), Internationale de l'éducation (IE), UNI (Union Network International), Fédération internationale des syndicats de travailleurs de la chimie, de l'énergie, des mines et des industries diverses (ICEM), UITA (Union internationale des travailleurs de l'agriculture, de l'agroalimentaire, de l'hôtellerie et des branches connexes), Fédération internationale des organisations de travailleurs de la métallurgie (FIOM), Fédération internationale des travailleurs du textile, de l'habillement et du cuir (FITTHC) et Internationale des services publics (ISP).