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Les syndicats demandent au fonds de retraite norvégien de se défaire des actions de Grupo Mexico

17 mars, 2010La FIOM, l'ICEM et quatre syndicats norvégiens demandent au Conseil d'éthique du Fonds de retraite du gouvernement norvégien de se défaire de ses participations dans le conglomérat minier mexicain Grupo Mexico en raison d'allégations d'infraction aux règles du travail et de l'environnement.

NORVÈGE/MEXIQUE: La Fédération internationale des syndicats de travailleurs de la chimie, de l'énergie, des mines et des industries diverses (ICEM) et la Fédération internationale des organisations de travailleurs de la métallurgie (FIOM) ont envoyé une lettre hier, 15 mars, en demandant un désinvestissement au Conseil d'éthique qui est chargé de surveiller la gestion des investissements du Fonds de retraite du gouvernement, le deuxième plus important fonds de retraite au monde. Grupo Mexico est accusé d'infractions aux droits du travail, de destruction de l'environnement et de fraude aux dépens des actionnaires. La lettre demande aussi de renoncer aux investissements chez Southern Copper, qui est une filiale à cent pour cent de Grupo Mexico.

"Nous soutenons cette action au nom des syndicalistes au Mexique pour attirer l'attention sur les abus extrêmes de Grupo Mexico, et demandons au Conseil d'éthique d'abandonner Grupo Mexico comme investissement, conformément aux normes très élevées du Fonds et de la législation norvégienne", a déclaré le Président de Fellesforbundet Arve Bakke. "La richesse des futures générations en Norvège ne doit pas être investie dans des entreprises qui attaquent systématiquement les syndicats et exercent des dégâts à l'environnement, comme c'est le cas avec Grupo Mexico".

Manfred Warda, Secrétaire général de l'ICEM, a déclaré de son côté: "Nous avons des syndicats miniers nationaux dans plus de 60 pays et n'avons trouvé nulle part un comportement plus méprisable que celui démontré par Grupo Mexico".

La tentative manifeste de Grupo Mexico d'écraser le syndicat national des mineurs et des métallurgistes de la république du Mexique (SNTMMSRM ou Los Mineros) et les infractions flagrantes au droit des travailleurs/euses de se syndiquer et de négocier collectivement comme défini par l'Organisation internationale du Travail, sont les arguments de base exposés dans la lettre pour un désinvestissement.

"Les pratiques illégales de Grupo Mexico, soutenues malheureusement par un gouvernement mexicain corrompu, concernent la saisie des actifs du syndicat, la tentative de remplacer le syndicat légitime par une organisation désignée par l'entreprise, et le lancement d'une campagne prolongée de répression contre la direction du syndicat", a déclaré le Secrétaire général de la FIOM Jryki Raina,

En août 2007, le gouvernement et Grupo Mexico ont forcé les travailleurs de huit mines d'adhérer à un syndicat parrainé par l'entreprise en recourant à des "élections" où les travailleurs devaient voter publiquement face à l'employeur. Un dirigeant syndical est emprisonné sans caution depuis décembre 2008. Il y a aussi des allégations crédibles selon lesquelles Grupo Mexico serait responsable de la mort violente de deux travailleurs à deux occasions distinctes.

Malgré ces attaques, Los Mineros continue de négocier dans le pays des hausses salariales qui se montent en moyenne au double du plafond imposé par le gouvernement, ce qui de l'avis des syndicats serait une motivation majeure pour les attaques de Grupo Mexico. Il est particulièrement remarquable que Los Mineros entretienne des relations de travail non conflictuelles avec la plupart des employeurs et ait négocié environ 70 conventions collectives avec des multinationales comme Goldcorp, Bombardier et ArcelorMittal.

L'entreprise est accusée d'infractions flagrantes aux conditions de santé et de sécurité à la mine de Pasta de Conchos où 65 travailleurs sont morts dans une explosion en 2006, et à la mine de cuivre de Cananea où des travailleurs sont en grève depuis juillet 2007.

Les études sur les opérations de fonderie de Grupo Mexico au Mexique jettent la lumière sur le bilan déplorable de l'entreprise en matière d'environnement où des taux anormaux de minéraux toxiques comme le plomb, le zinc, le cuivre, le cadmium, le mercure et le magnésium sont trouvés dans l'ensemble de la population, et notamment des taux élevés d'arsenic et de cadmium chez les enfants. Au Pérou, Grupo Mexico a été forcé de payer des centaines de millions de dollars pour remédier à la contamination de l'eau et de l'air. Au Chili, l'entreprise est accusée de développer un projet minier sur des terres autochtones sans consultation des indigènes locaux ou évaluation des dégâts causés à l'environnement.

Selon des sources citées par les syndicats auteurs de la lettre, le coût pour les actionnaires des pratiques exécrables de travail de Grupo Mexico dépasse 3 milliards d'USD qui s'ajoutent aux centaines de millions nécessaires pour remédier aux dégâts environnementaux de l'entreprise au Pérou. Grupo Mexico a été condamné en 2009 par un tribunal aux États-Unis pour avoir escroqué les actionnaires d'une filiale à cent pour cent. Une autre filiale s'est trouvée liée au trafic de drogue.

'Covalence Ethical Quotation System', qui suit la performance morale des entreprises multinationales, a classé Grupo Mexico à la 573ème place sur 581 entreprises mondiales en 2009.

Les syndicats et les fédérations syndicales qui présentent la demande de désinvestissement, attendent du Conseil d'éthique une enquête approfondie sur les informations données, et qu'il prenne une décision opportune de désinvestissement.

Los Mineros est affilié à l'ICEM et à la FIOM. Les syndicats norvégiens signataires de la lettre sont Fellesforbundet, Handel og Kontor i Norge, Industri Energi et Norsk Arbeidsmandsforbund.