8 octobre, 2010Le représentant régional de la FIOM, Steve Nhlapo, se trouvait parmi la centaine de délégué(e)s du monde entier qui se sont réunis à Harare à la fin du mois de septembre 2010 pour discuter de l'avenir du mouvement syndical dans le pays et prendre connaissance du rapport de la commission d'enquête de l'OIT sur le Zimbabwe.
ZIMBABWE: La Conférence spéciale de la CSI a rassemblé la plus grande délégation syndicale internationale admise dans le pays depuis 2002. Parmi les délégué(e)s qui ont assisté à la Conférence se trouvaient des représentants et représentantes de syndicats du Zimbabwe, d'organisations apportant un soutien solidaire, de centrales nationales d'Afrique et de l'étranger, des fédérations syndicales internationales, de l'OIT et de la CSI.
La Commission d'enquête de l'OIT est la deuxième à se réunir en Afrique et la douzième depuis 90 ans, date de la création de l'OIT. La Commission d'enquête confirme la véracité des allégations du ZCTU sur les graves infractions aux droits syndicaux qui se répètent depuis un certain nombre d'années.
La Commission d'enquête recommande au Zimbabwe de mettre sa législation en totale conformité avec les conventions de l'OIT sur la liberté syndicale et la négociation collective, et d'arrêter immédiatement tout harcèlement des syndicats. La Commission recommande également la mise en place d'une réelle Commission des droits de la personne au Zimbabwe, le rétablissement intégral de l'état de droit, et une formation de sensibilisation aux droits pour les partenaires sociaux et les fonctionnaires des institutions qui jouent un rôle capital comme les tribunaux et les organismes de sécurité.
La conférence a pris note du fait que même si le gouvernement du Zimbabwe a accepté les conclusions et les recommandations de la commission d'enquête, le mouvement syndical doit maintenir la pression pour s'assurer de la mise en œuvre des recommandations.
Prenant la parole à la conférence, le président du ZCTU a mis en garde les délégué(e)s que, même s'il semble que des changements interviennent sous le gouvernement/système actuel, la situation des travailleurs et des travailleuses n'a pas changé pour autant. Les salaires ne sont souvent pas versés et les conventions collectives signées l'année dernière doivent encore être appliquées.
Les principaux résultats de la conférence sont les suivants:
- Lancement d'un appel pour le retrait de toutes les procédures judiciaires contre le ZCTU et arrêt immédiat de tout harcèlement des syndicalistes.
- Lancement d'un appel pour l'adoption d'un modèle de croissance axé sur l'emploi avec des politiques gouvernementales basées sur le travail décent, ainsi qu'une action destinée à réduire les disparités et améliorer la transparence dans l'économie pour lutter contre la corruption et le détournement des ressources nationales.
- Engagement solidaire international pour se tenir fermement aux côtés du ZCTU et soutenir sa capacité à jouer pleinement son rôle en tant que force dirigeante pour la justice, la démocratie et la construction d'une nation.
- Appels aux gouvernements des pays, aux organismes régionaux et internationaux, comme l'Union africaine et la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), pour qu'ils jouent leur rôle en aidant le Zimbabwe à assurer un avenir pacifique, prospère et démocratique.
La fédération syndicale indépendante du Zimbabwe, le ZCTU, fait également appel à la communauté internationale pour qu'elle continue de soutenir la population du Zimbabwe et de faire pression sur le gouvernement du régime de Mugabe.
Selon une déclaration adoptée à la conférence: "Le rétablissement de la justice au Zimbabwe sera un succès et marquera une étape importante dans la lutte pour la démocratie et les droits des travailleurs et travailleuses en Afrique et au-delà du continent. Le courage et la détermination du mouvement syndical au Zimbabwe constituent un exemple et une inspiration pour les travailleurs et travailleuses du monde entier".