25 février, 2011Deux cent mille travailleurs ont participé à une marche historique jusqu'au Parlement le 23 février 2011 à New Delhi, Inde, pour exiger un contrôle sur la hausse du prix du riz et l'application stricte de la législation du travail, pour lier la protection de l'emploi au plan de relance, pour obtenir la généralisation de la sécurité sociale, une amélioration du fonds de sécurité sociale et la fin des privatisations dans les grandes entreprises du secteur public.
INDE: Les travailleurs et travailleuses en Inde, représentés par toutes les grandes centrales syndicales et les fédérations nationales de salariés, se sont rassemblés dans la capitale nationale, le 23 février 2011, pour demander au Parlement indien de prendre de toute urgence des mesures visant à corriger la politique du gouvernement indien pour atténuer les souffrances immenses causées aux travailleurs et travailleuses et à la population par la hausse continue du prix des denrées de base, les infractions constantes à la législation du travail et les attaques contre les droits syndicaux, l'augmentation du chômage, la mise sous contrat irréfléchie des emplois, le travail occasionnel et l'externalisation.
Les centrales syndicales demandent qu'une action concrète soit entreprise pour obtenir la généralisation des prestations de sécurité sociale pour toute la main-d'œuvre non syndiquée sans aucune restriction, et le droit à l'attribution des sommes nécessaires au "Fonds national de sécurité sociale". Les centrales syndicales demandent également au gouvernement de mettre fin à la réduction des investissements dans les unités du secteur public.
Dans le mémorandum adressé au président du Parlement indien Lok Sabha, les centrales syndicales ont affirmé que le gouvernement indien ne tenait aucun compte des protestations innombrables des travailleurs et travailleuses, et au contraire, poursuivait implacablement des politiques qui accentuent les hausses de prix par une déréglementation du prix des produits pétroliers, une tolérance et une complaisance continues à l'égard de la spéculation sur le marché des produits de base, permettant à la Food Corporation of India (FCI) de laisser pourrir d'énormes stocks de céréales.
Les centrales syndicales estiment que l'argument du gouvernement indien selon lequel 'la hausse du prix du riz est provoquée par l'augmentation des revenus' est une plaisanterie de très mauvais goût. Elles affirment que la hausse des prix s'accompagne d'une augmentation des pertes d'emploi et du chômage, et d'une diminution des revenus en raison d'une sous-traitance massive et d'une précarisation de l'emploi, et que les gens font face en très grand nombre à une baisse rapide de la quantité de céréales et autres produits de base par habitant. Les centrales syndicales condamnent également les mauvaises politiques du gouvernement qui sont à l'origine d'une distorsion de l'économie, et qui font qu'en dépit d'une augmentation du taux de croissance du PIB, la part de la plus-value qui revient aux travailleurs et travailleuses est constamment en baisse.
Les centrales syndicales et les fédérations de salariés demandent au président du Parlement d'intervenir de toute urgence pour présenter les demandes suivantes, afin que le gouvernement prenne rapidement les mesures permettant de remédier à la situation:
- Maîtriser la hausse des prix des denrées de base par des mesures correctives de distribution appropriées, comme le système public de distribution et une limitation de la spéculation sur le marché des produits de base.
- Appliquer strictement toutes les lois fondamentales du travail ou prendre des mesures dissuasives rigoureuses en cas d'infraction à la législation du travail.
- Prendre des mesures concrètes dynamiques pour lier la protection de l'emploi dans les secteurs frappés par la récession à des plans de relance pour les industriels, et la création d'emplois par une augmentation de l'investissement public dans les infrastructures.
- Prendre des mesures pour obtenir la suppression de toutes les dispositions restrictives basées sur un "seuil de pauvreté" s'agissant de la couverture d'admissibilité donnant droit au régime prévu par la loi de 2008 sur la sécurité sociale des travailleurs non syndiqués, et la création d'un Fonds national pour les secteurs sans présence syndicale destiné à assurer un niveau national minimum de sécurité sociale aux travailleurs et travailleuses non syndiqués, y compris aux personnes employées sous contrat ou de manière occasionnelle.
- Mettre fin à la réduction des investissements dans les grandes entreprises du secteur public.
Ces revendications ont été formulées à l'unanimité par toutes les centrales syndicales et fédérations de salariés au cours de la Convention pan-indienne des travailleurs qui s'est tenue le 14 septembre 2009. Ces revendications ont été reprises de nombreuses fois au cours de la "Journée pan-indienne des revendications" le 28 octobre 2009, dans des demandes (dharna) massives au Parlement, ainsi que dans les capitales des États fédérés et les centres industriels le 16 décembre 2009, à l'échelle nationale à Satygraha / Jail Bharo le 5 mars 2010 où un million de travailleurs et travailleuses s'exposaient à une arrestation dans tout le pays, et lors d'une grève générale massive le 7 septembre 2010 suivie par environ 100 millions de travailleurs et travailleuses.
Les membres des grandes centrales syndicales INTUC, AITUC, HMS, CITU, AIUTUC, TUCC, ACCTU et UTUC, aux côtés des fédérations indépendantes de travailleurs et de salariés ont participé à la marche jusqu'au Parlement.