11 août, 2009
Une campagne bisannuelle de négociations salariales touche pratiquement à sa fin après plusieurs grèves dures mais de courte durée dans plusieurs secteurs de l'ICEM. Dans d'autres, comme le service public et la construction, les grèves du mois de juillet ont fait beaucoup de bruit.
Dans le secteur minier, le National Union of Mineworkers (NUM) a signé des accords majeurs pour 200.000 mineurs d'or et de charbon sans recourir à la grève tandis qu'un autre affilié de l'ICEM, le Chemical, Energy, Paper, Printing, Wood, and Allied Workers’ Union (CEPPWAWU), a dû y recourir contre des entreprises des secteurs de la chimie, de la pâte et du papier, des produits pharmaceutiques et des produits de grande consommation pour atteindre ses objectifs salariaux.
Un secteur qui reste conflictuel est celui de l'électricité, dans lequel nos affiliés NUM et NUMSA (National Union of Metalworkers of South Africa) devraient entamer, cette semaine, des actions de protestation et des mouvements de grève contre Eskom. Les positions de cette entreprise d'État, premier producteur d'électricité d'Afrique, et des syndicats ne sont pas tellement éloignées et les pourparlers sont maintenant dirigés par la Commission de conciliation, de médiation et d'arbitrage (CCCM) d'Afrique du Sud.
La Commission a présenté une offre intermédiaire de 9,5%, mais les deux syndicats ainsi qu'un troisième veulent une hausse des primes de logement en plus d'une augmentation de 9,5% pour la première année. Eskom campe sur sa position, qui est de 8% seulement, mais elle pourrait changer cette semaine lorsque la menace de grève se précise. Eskom emploie 29.000 personnes, dont 16.000 sont affiliées au NUM et 5.000 au NUMSA. Le 5 juin, les deux syndicats ont eu une réunion de stratégie et arrêté une ligne d'action commune pour les jours à venir. Elle débutera par une marche et une mobilisation ce jeudi 13 août.
On peut difficilement dire quel sera le type d'action entreprise contre Eskom vu que la loi considère la production et la fourniture d'énergie comme un service essentiel. Une majorité de travailleurs d'Eskom ne seront pas tenus de participer à la grève. Cependant, les syndicats sont prêts à faire des entorses à la loi pour obtenir des salaires équitables. "Le mécontentement gronde chez nos adhérents et ils sont prêts à se faire licencier par Eskom s'il le faut", a déclaré le négociateur en chef du NUM, Paris Mashego.
Ailleurs en Afrique du Sud, les négociations salariales qui ont abouti ont obtenu mieux que l'inflation. L'indice des prix à la consommation a été de 8% au moins pendant presque tout le deuxième trimestre, mais il est retombé à 6,9% fin juin. Le rand a perdu du terrain récemment, ce qui devrait profiter à une économie orientée à l'exportation et tout porte à espérer une amélioration de la situation de l'emploi.
Le CEPPWAWU a eu recours à des grèves roulantes de neuf jours contre plusieurs employeurs pour arracher des hausses de salaires allant de 8% à 10% pour 45.000 travailleurs. Parmi les entreprises confrontées à des arrêts de travail figuraient Sasol, Omnia et Afrox dans la chimie industrielle, Sappi et Mondi dans la pâte et le papier, GlaxoSmithKline, Pharma et Indigo Cosmetics dans la pharmacie, et Unilever, Colgate et Tiger Brands dans la grande consommation. Les grèves ont duré du 20 au 29 juillet.
Le CEPPWAWU négocie avec des associations de l'industrie ou des entreprises dans dix secteurs différents, dont le pétrole, le verre, le sciage, les mouchoirs en papier et assimilés, les panneaux de particules et les mines Sasol. Dans le secteur pétrolier, une convention a été signée pour deux ans avec BP, Shell, PetroSA, Engen et Chevron's Caltex sans qu'il y ait eu de grève. La convention prévoit une hausse des salaires de 9,5% au 1er juillet suivie d'une autre de 0,5% en janvier 2010 sur base des salaires de juin 2009.
En 2010, les travailleurs du pétrole percevront le taux d'inflation en vigueur en Afrique du Sud à l'époque augmenté de 1,5%. Ils recevront une autre augmentation de 0,5% en janvier 2011.
Une priorité du CEPPWAWU dans cette campagne de négociation était l'allongement du congé payé de maternité, l'abolition des pourvoyeurs de main-d’œuvre et le reclassement des postes occupés par des travailleurs occasionnels en postes permanents. Dans le secteur des produits pharmaceutiques, où la hausse est de 10%, et dans celui des produits de grande consommation, le congé de maternité a été porté à six mois, avec 33% du salaire.
Comme pour le NUM, les conventions obtenues dans les secteurs de l'or et du charbon l'ont été pour la première fois sans l'intervention de la CCCM. Le 28 juillet, le NUM a conclu des arrangements avec des compagnies minières des deux secteurs. Dans celui de l'or, les premières ont été Anglogold, Harmony et Goldfields, dont le personnel de catégorie inférieure reçoit 10,5% et celui de rang supérieur 9%. En 2010, l'augmentation correspondra à l'inflation plus 1%, avec des hausses minimum de 7,5% garantis.
Dans les charbonnages, secteur dominé par BHP Billiton, AngloAmerican et Xstrata, le personnel de catégorie inférieure recevra 11% avec effet rétroactif au 1er juillet, et celui des postes supérieurs 9%.
Le NUM est en conflit avec Murray & Roberts, une entreprise sous-traitante de services miniers et de construction, et avec Two Rivers Platinum, contrôlée pour moitié par African Rainbow Minerals et Impala Platinum. Les pourparlers avec les principaux producteurs de platine continuent.
Des grèves acharnées ont été déclenchées par le NUM à la mi juillet contre des firmes de construction, principalement celles participant à la construction du stade de football de la coupe du monde de football 2010, et par le South African Municipal Workers’ Union (SAMWU) fin juillet. Dans les deux cas, les syndicats ont obtenu des conditions salariales décentes et suspendu les grèves. Le Communication Workers Union (CWU) est toujours en conflit avec plusieurs entreprises, dont Telkom.