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Poursuite de la grève à la mine FreePort-McMoRan en Indonésie; deux syndicalistes abattus

24 octobre, 2011

Les efforts déployés pour sortir de la grève que mène depuis six semaines le FSP-KEP (SPSI), affilié au Syndicat des travailleurs de la chimie, de l'énergie et des mines (CEMWU), contre Freeport-McMoRan se poursuivent à l'échelon local, mais un accord est peu probable. Entre-temps, 10.000 grévistes continuent de bloquer la seule route d'accès à la plus grande mine d'or et troisième complexe minier de cuivre au monde, Grasberg, qu'exploite PT Freeport Indonesia.

L'entreprise avait complètement suspendu la production il y a une semaine à cause du blocage de cette voie d'approvisionnement et aussi de la rupture d'une canalisation qui transporte le concentré de cuivre de la mine, située à 4.000 mètres d'altitude dans la chaîne de Sudirman, jusqu'au port de Timika. La production a repris le 19 octobre mais, de sources syndicales, elle ne dépasserait pas 30%.

Le 21 octobre, le dialogue avait repris entre le syndicat SPSI/PT Freeport, cinq représentants de la compagnie et la famille Tinal qui administre le département de Mimika, mais les mineurs de Grasberg, dans la province de Papouasie orientale de l'île de Nouvelle-Guinée, ne sont pas plus près d'un accord salarial pour 2011-2012 qu'ils l'étaient il y a des semaines.

La famille de Petrus Ayamiseba après la tuerie du 10 octobre

Toutefois, des pourparlers ont lieu aujourd'hui à l'hôtel Rimba de Timika, à 200 kilomètres du riche gisement d'or et de cuivre de Grasberg.

La semaine prochaine, l'ICEM enverra une mission en Indonésie pour rencontrer les grévistes du SPSI et des responsables du CEMWU impliqués dans cette grève. Elle sera composée de dirigeants de syndicats de mineurs d'Australie, d'Afrique et d'Europe.

Il y a deux semaines, le 10 octobre, un syndicaliste a été abattu et un autre est mort quinze jours plus tard des suites de ses blessures après qu'un groupe de mineurs ait tenté de pénétrer dans le terminal routier de Gorong-Gorong, à la borne kilométrique 28, pour prendre un bus et aller participer au blocus routier. La police locale a tiré à l'aveugle dans leurs dos alors qu'ils pénétraient dans le terminal.

Petrus Ayamiseba a été tué sur le coup tandis que Leo Wandagau est décédé à son domicile de Timika le 15 octobre d'une blessure au dos occasionnée par une balle en caoutchouc. Huit autres grévistes ont été blessés. Le Comité des droits de l'homme d'Indonésie a envoyé trois représentants sur place la semaine dernière pour enquêter.

À deux autres occasions, six autres personnes au moins ont été tuées par balles, mais l'ICEM n'a pas pu savoir si ces événements étaient liés à la grève. Une délégation de 13 parlementaires indonésiens s'est également rendue à Timika le 20 octobre pour rechercher des voies de sortie à cette grève.

Leo Wandagau cinq jours avant de sa mort

L'ICEM est convaincue qu'aucune solution n'est possible tant que le groupe américain Freeport-McMoRan ne demandera pas à la direction locale de relever ses propositions salariales pour 2011 et 2012. Sa dernière proposition – il y a trois semaines – accordait une hausse de 15% en 2011 et une autre de 10% en 2012. Une autre condition est que le syndicat reconnaisse que la grève est illégale et présente officiellement ses excuses à la compagnie.

Le FSP-KEP (SPSI) du CEMWU a revu ses revendications à la baisse et réclame un salaire horaire de 7,50 $. PT Freeport Indonesia fait la distinction entre personnel statutaire (2.574 personnes) et non-statutaire (8.512 personnes). Le personnel statutaire gagne en moyenne un salaire horaire de 3,54 $ et mensuel de 613 $, tandis que le personnel non-statutaire n'a qu'un salaire horaire de 2,13 $ et mensuel de 368 $.

Le syndicat réclame aussi un meilleur plan d'épargne que celui que propose PT Freeport Indonesia. En outre, les mineurs veulent le paiement de leur salaire pendant la grève, qui a démarré le 15 septembre, ce que la direction avait accepté pour une grève d'avertissement de huit jours en juillet. Ils réclament aussi la réintégration de tous les travailleurs licenciés. Des centaines de mineurs ont été soit licenciés soit "déchargés de leurs obligations professionnelles" depuis le début de la grève, à la mi septembre.

L'ICEM continuera à soutenir le FSP-KEP (SPSI) chez PT Freeport dans sa quête pour la justice salariale, la dignité et la réintégration des mineurs dans leur emploi dans les montagnes de la province de Papouasie.