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Occupations d'usines de papier productives en France et en Espagne

22 mars, 2010

Deux occupations d'usines de papier, l'une en France et l'autre en Espagne, au mois de mars ont attiré l'attention et suscité une vague de soutien à des affiliés de l'ICEM déterminés à défendre les droits des travailleurs dans des cas de réticence de l'employeur et de perte de l'emploi consécutive à l'échec de la vente d'une usine.

Dans les deux cas, l'occupation a été suivie de résultats. Dans le sud-est de la France, en Dordogne, une grève de neuf jours menée par la FILPAC-CGT et les 700 travailleurs des Papeteries de Condat ne s'est achevée qu'après que le comité de négociation du syndicat ait séquestré la direction à l'intérieur de l'usine fermée au sixième jour de la grève.

Cette tactique, dans cette usine intégrée de pâte et de papier couché machine, a favorablement influencé les négociations collectives de 2010. Après cinq années sans augmentation des salaires, la direction proposait au départ 1%, ce qui était insuffisant, les travailleurs de la FILPAC réclamant au moins 3%.

La grève à durée indéterminée avait démarré le 3 mars et, devant l'intransigeance de la direction, le 8 mars, le comité a décidé de prendre les choses en main avec le soutien d'une foule de grévistes à l'extérieur, à Le-Lardin-St-Lazare. Deux jours plus tard, la séquestration a débouché sur un compromis lorsque les Papeteries de Condat ont accepté une hausse de 1% rétroactive au 1er janvier 2010 et une autre de 1% au 1er juillet. En outre, le syndicat a obtenu des contrats à temps plein pour 10 des 24 temporaires.

"Nous n'avons certes pas obtenu ce que nous avions revendiqué", explique Tahar Messaoudi, secrétaire adjoint de la FILPAC. "Mais nous pouvons être relativement satisfaits et regagner notre poste de travail la tête haute".

Les Papeteries de Condat appartiennent au groupe espagnol Lecta, lui-même entièrement contrôlé par le britannique CVC Capital Partners. Outre les 540.000 tonnes annuelles des Papeteries de Condat, Lecta produit aussi du papier en Espagne, avec Torraspapel, et en Italie, avec Garda.

À l'usine Papelera de Basaya de Torrelavega, en Espagne, 110 adhérents des CC.OO et de l'UGT ont occupé leur usine pendant quatre jours, du 6 au 9 mars, après la dénonciation par le groupe chimique espagnol Snaice SA de l'accord prévoyant le rachat de cette usine à l'arrêt de la région de Cantabrie, dans le nord de l'Espagne.

Snaice avait accepté de racheter l'usine le 19 janvier, mais avait fait marche arrière un mois plus tard en apprenant que la charge de la dette de l'opération serait le double de ce qu'il prévoyait. Le comité d'entreprise a ordonné l'occupation en apprenant lors d'une réunion que le propriétaire allait faire aveu d'insolvabilité. Ses membres ont immédiatement été rejoints par 80 autres travailleurs.

L'occupation s'est déroulée dans un froid glacial et a reçu le soutien de la population de Torrelavega, de politiciens locaux, et même de la direction de Snaice qui exploite une autre usine de pâte dans la ville. Deux fois par jour, pendant deux heures, des membres des familles se sont joints aux grévistes dans un bel élan de solidarité.

L'occupation a cessé lorsque le gouvernement de la région de Cantabrie s'est engagé à trouver un racheteur, Snaice acceptant de poursuivre l'exploitation entre-temps. Cette usine, d'une capacité annuelle de 80.000 tonnes de papier d'imprimerie non couché était à l'arrêt depuis octobre 2009.

Joaquina Rodríguez Torrejón, des CC.OO, a déclaré à l'ICEM que 16 usines de papier ont fermé en Espagne entre 2007 et 2009. Elle estime que c'est l'action héroïque des travailleurs de Papelera de Basaya qui a permis que l'usine redémarre.

Entre-temps, en Espagne toujours, 275 travailleurs du papier doivent entamer aujourd'hui une grève de 10 jours contra Iberpapel à l'usine Papelera Guipúzcoa de Zicuñaga de Hernani, dans la province de Guipúzcoa. La grève porte sur le travail posté, les primes, les pensions, les indemnités de maladie et d'accident et un nouveau règlement de travail prévu pour l'été. Cette usine de pâte et de papier produit 342.000 tonnes de papier non couché sans bois avec trois machines.