21 mars, 2012
L'alliance syndicale qui réclame le respect des droits des travailleurs de Holcim Cement en Inde est à bout de patience. La direction des deux filiales indiennes de Holcim contourne la loi en employant de la main-d’œuvre contractuelle dans des processus de production de base.
Ces travailleurs ne perçoivent qu'un tiers du salaire du personnel statutaire et les efforts déployés pour les organiser et négocier collectivement se heurtent à des mesures d'intimidation, à la concurrence d'un syndicat jaune et à la corruption de responsables locaux. Pendant le combat mené par le syndicat pour obtenir sa reconnaissance, trois de ses membres ont été abattus par la police alors qu'ils manifestaient pour la reconnaissance des droits légitimes des travailleurs contractuels et intérimaires.
Cette catégorie de personnel est représentée par notre affilié Pragatisheel Cement Shramik Sangh (PCSS), mais au terme de 16 années d'existence, le syndicat n'a pu obtenir qu'un dialogue avec la direction après avoir eu gain de cause dans une procédure de six ans devant les tribunaux.
Des pressions venues du monde entier ont contraint Holcim à prêter attention aux violations des droits des travailleurs contractuels commises en Inde mais, lorsque son Président exécutif, Paul Hugentobler, a récemment visité ACC Jamul, tous les travailleurs contractuels avaient été affectés à d'autres postes et les représentants des travailleurs empêchés de participer à la réunion avec lui et remplacés par des représentants du prétendu syndicat d'entreprise OP Banchore.
Le dirigeant de ce syndicat jaune est le frère du président de l'autorité municipale locale, Rekhram Banchore. Ils ont conclu ensemble une méprisable alliance qui aurait notamment conclu des règlements à l'amiable pour des délits tels que le non-paiement partiel des taxes dues à l'instance locale du Nagar Panchayat Jamul et le fait de s'être approprié des terrains appartenant au gouvernement.
Maintes fois, le syndicat jaune a avalisé les exactions de la direction contre des travailleurs contractuels qui tentaient de s'organiser au sein du syndicat PCSS. Au total, la direction a forcé 200 travailleurs contractuels à partir "volontairement" à la retraite, les privant ainsi de salaire et de travail pendant les procédures judiciaires de régularisation.
Cette façon de procéder est illégale en droit indien, mais elle est légitimée par le fait que le syndicat d'entreprise signe les documents du programme de départ volontaire à la retraite de ces travailleurs.
Chaque travailleur contractuel ayant une activité dans le syndicat fait actuellement l'objet de cinq à huit plaintes pénales déposées par la direction. Le dirigeant du PCSS, Bhagwati Sahu, a passé dix mois en prison pour de fausses accusations.
La direction internationale de Holcim est incontestablement au courant de ces violations depuis 2008. Un travailleur reconnu coupable de l'en avoir informée a été puni en subissant une réaffectation forcée à plusieurs centaines de kilomètres de son ancien lieu de travail.
L'Inde est le deuxième plus gros producteur de ciment au monde, avec une capacité qui devrait continuer à augmenter, et Holcim est le premier producteur de ciment en Inde.
Le mouvement de solidarité avec les travailleurs du PCSS de Holcim est emmené par l'ICEM et l'Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois (IBB), et notre affilié suisse UNIA. Il continue de faire tache d'huile dans le monde entier. Les affiliés thaïs des deux Fédérations syndicales internationales prévoient d'organiser un piquet de solidarité chez Holcim, en Thaïlande, au début du mois d'avril.
Des militants du PCSS se rendront en Suisse du 10 au 18 avril pour participer à une série de réunions et de manifestations.
Pour plus de détail, voir la page du Company Monitor de l'IBB, ou le rapport de l'ICEM "Contract and Agency Labour in Asia’s Cement Industry".