18 juillet, 2011
La réunion annuelle du Réseau syndical international des travailleurs du nucléaire (RSITN) de l'ICEM s'est tenue à Boston, aux États-Unis, le 14 juillet, après les deux journées de la Conférence de l'énergie électrique de l'ICEM. Une trentaine de délégués de syndicats de dix pays y assistaient, notamment des syndicats représentant des travailleurs de centrales nucléaires, des mineurs d'uranium et le personnel employé dans la chaîne d'approvisionnement du nucléaire, y compris la transformation du combustible et les processus d'enrichissement.
Le RSITN s'est créé au sein de l'ICEM en 2004 pour devenir un réseau officiel de travailleurs de cette Fédération syndicale internationale (FSI) en 2008. Il est présidé par David Shier, du Syndicat canadien des travailleurs et travailleuses du secteur énergétique (PWU), qui a insisté sur la nécessité d'attirer plus de syndicats dans le réseau une fois qu'aura été créée la nouvelle FSI avec la Fédération internationale des organisations de travailleurs de la métallurgie (FIOM) et la Fédération internationale des travailleurs du textile, de l'habillement et du cuir (FITTHC).
Ralf Barttels, de l'IGBCE
Cette réunion a procédé à une analyse en profondeur du lockout de Honeywell contre des adhérents de la section 7-669 de l'United Steelworkers (USW) de Metropolis, dans l'Illinois, et a tenu une session des questions et réponses animée avec des responsables de notre affilié japonais Denryoku Soren, la Fédération des syndicats des travailleurs de l'électricité et des industries connexes, qui compte 220.000 adhérents. Le thème était l'intervention et le refroidissement des réacteurs à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi après le tremblement de terre et le tsunami du mois de mars.
Les responsables de Denryoku Soren Takashi Wakasugi, Kiyoaki Kotabe et Manabu Sasaki ont évoqué le courage dont ont fait preuve les travailleurs et le personnel du syndicat de Fukushima dans les jours qui ont suivi alors que des centaines d'affiliés de l'ICEM exprimaient moralement et matériellement leur soutien au syndicat japonais. "Vos encouragements et votre solidarité nous ont permis de mener à bien les travaux de réparation, aussi épuisants qu'ils pouvaient être", a déclaré Takashi Wakasugi, le Responsable politique de Denryoku Soren.
L'USW était représenté à la conférence du RSITN par son Vice-président, James "Kip" Phillips, par le Président de la section 7-669, Darrel Lillie, et son Vice-président, Tim Goines. Le lockout de Honeywell, qui dure maintenant depuis 55 semaines (voir un récent article de l'ICEM à l'adresse) oppose la multinationale à 228 travailleurs en lutte pour la sécurité d'une communauté de 6.400 personnes.
Le Président d'Atomprofspilka (Ukraine), Valeriy Matoc, et Lesia Semeniaka (assise)
Depuis juillet dernier, Honeywell s'efforce de faire fonctionner une usine de conversion de l'uranium avec de la main-d’œuvre jaune et plusieurs quasi accidents et cas de pollution se sont produits. Des délégués du RSITN ont condamné la décision de la Commission de réglementation de l'énergie nucléaire des États-Unis d'autoriser Honeywell à exploiter l'usine avec ces travailleurs et une lettre en ce sens a été envoyée à la Commission.
Les délégués à la conférence ont également entendu des rapports sur plusieurs pays, notamment du syndicat allemand IGBCE sur le démantèlement de toutes les installations nucléaires d'ici 2022. Le représentant de l'IGBCE Ralf Barttels a précisé que, bien que le syndicat accepte la fermeture des centrales nucléaires conformément aux souhaits de l'opinion publique allemande, il a obtenu que soient conservés l'enrichissement de l'uranium, la production de combustible nucléaire, la recherche et le développement et la fabrication de composants nucléaires.
Les délégués français ont rendu compte de leurs efforts pour obtenir un Accord-cadre mondial avec Areva et de leurs recours en justice pour empêcher le fournisseur nucléaire mondial de recourir à l'externalisation en France. Les délégués à la conférence se sont aussi engagés à mieux coordonner le dialogue avec les fédérations d'employeurs de l'industrie nucléaire, en particulier sur le thème de la sécurité. Un représentant de l'Association mondiale des exploitants de centrales nucléaires (WANO) s'est également adressé aux participants.