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Les syndicats européens protestent avec ardeur contre les mesures d'austérité gouvernementales

4 octobre, 2010

Des centaines de milliers de syndicalistes ont exprimé leur colère dans toute l'Europe ces deux dernières semaines contre la multiplication des mesures d'austérité proposées par les gouvernements. Des manifestations ont eu lieu dans 11 villes d'Europe le 29 septembre.

Une grève générale à laquelle ont participé 70% de l'ensemble des travailleurs du pays a frappé toute l'Espagne ce même 29 septembre où 10 millions de personnes ont manifesté et 80.000 syndicalistes de 24 pays s'étaient rassemblés à Bruxelles. L'initiative de ces actions est due à la Confédération européenne des syndicats (CES) qui craint que les travailleurs doivent encore payer des années pour des spéculateurs irresponsables à l'origine du chaos financier.

Plutôt que des économies budgétaires qui affectent les programmes sociaux et pour l'emploi à un moment où le chômage est déjà endémique, la CES réclame des emplois et de la croissance économique pour amorcer la reprise. Les syndicats craignent que les travailleurs soient les premières victimes de mesures d'austérité causées par une crise économique qui a été déclenchée par des banquiers et des "traders" dont beaucoup ont été renfloués par les gouvernements.

 

Une partie de la délégation de la IGBCE

"C'est une journée cruciale pour l'Europe parce que nos gouvernements, pratiquement tous, sont sur le point de procéder à des coupes sombres dans les dépenses publiques," a déclaré le Secrétaire général de la CES, John Monks, à Bruxelles mercredi dernier.

"Ils le font à un moment où l'économie est au bord de la récession, et vous pouvez être sûr que l'économie entrera en récession lorsque ces mesures produiront leurs effets."

Comme par hasard, la manifestation de Bruxelles a eu lieu le jour où la Commission européenne proposait d'imposer de fortes amendes aux gouvernements qui ne réduisent pas leurs dépenses publiques. Cette proposition vient alors que plusieurs États membres rechignent à tailler dans les budgets sociaux devant l'ampleur des mouvements de protestation. La Commission veut pénaliser les pays dont la dette dépasse le plafond de 60% du PIB fixé par l'Union européenne.

La police bruxelloise avait barricadé les banques et les sièges des institutions européennes alors que des masses de syndicalistes défilaient dans un calme quasi-total. Parmi les manifestants se trouvaient 400 policiers roumains avec le drapeau de leur syndicat. Cinq jours plus tôt, ils avaient créé la surprise en s'associant à une grande manifestation de la société civile, à Bucarest, pour protester contre une diminution de 25% des salaires de tous les fonctionnaires.

Les policiers roumains à Bruxelles

Les 6.000 policiers qui avaient participé a cette manifestation l'ont transformée en une manifestation contre le ministère de l'Intérieur, entraînant la démission de son ministre, Vasile Blaga.

Dans les rues de Bruxelles ont aussi défilé des dizaines de mineurs allemands et polonais qui demandaient à l'Union européenne de suspendre son projet consistant à obliger les États membres producteurs de charbon à supprimer les subventions aux centrales électriques alimentées au charbon. Partout en Europe, deux semaines durant, les travailleurs sont descendus dans la rue pour protester contre les baisses de salaires, les coupes budgétaires, les hausses d'impôts injustifiées et les mesures d'austérité sur les pensions de gouvernements voulant freiner la dette.

Des manifestations ont eu lieu en Irlande, en Lettonie, en Pologne, en Serbie et en Grèce où les médecins hospitaliers ont arrêté le travail 24 heures. En Slovénie, le 29 septembre était le troisième jour d'une grève générale de près de la moitié des fonctionnaires du pays. En République tchèque, 40.000 syndicalistes ont protesté le 21 septembre contre un projet de réduction des salaires de 10% dans toute la fonction publique, de licenciements collectifs, de suppression des garanties salariales liées à l'ancienneté et d'introduction de la rémunération au rendement.

C'est peut-être en Espagne que les manifestations de la semaine dernière ont été le plus suivies avec la grève générale. Avec un taux de chômage record de 20%, le gouvernement du Premier ministre socialiste José Luis Zapatero a présenté en mai dernier un plan d'austérité de 15 milliards € prévoyant une réduction des salaires de 5% dans la fonction publique, des baisses des pensions, un report de l'âge de départ à la retraite et des réductions des financements publics.

Les syndicalistes espagnols ont répondu à l'appel des centrales nationales CC.OO. et UGT par la première grève générale organisée dans le pays depuis 2002; les transports étaient à l'arrêt, les quotidiens n'ont pas paru et la télévision n'a pas émis. Le lendemain de la grève du 29 septembre, José Luis Zapatero présentait son budget 2011 au parlement.

Photo: Fédération Européenne des Métallurgistes

Commentant la décision de la Commission européenne de pénaliser les gouvernements qui n'appliquent pas de mesures d'austérité, l'ancien Premier ministre danois et leader socialiste européen Poul Nyrup Rasmussen a déclaré "Les gouvernements n'ont pas toujours raison. S'ils avaient toujours raison, nous n'en serions pas là où nous sommes aujourd'hui." Il a accusé la Commission de ne pas comprendre "combien les gens ordinaires souffrent."