Jump to main content
IndustriALL logotype
Article placeholder image

Les mineurs péruviens en lutte pour conserver leur participation aux bénéfices

22 mars, 2010

L'ICEM avait signalé dans InBrief n°150 du 22 février que son affilié péruvien, la Fédération nationale des mineurs et métallurgistes (FNTMMSP), premier syndicat de mineurs du pays, avait déclenché des grèves dans trois mines de métaux précieux de Buenaventura. La loi péruvienne stipule que les compagnies doivent reverser 8% au moins de leurs bénéfices aux travailleurs. Or, le syndicat affirme que Buenaventura dissimule des informations financières relatives à la période 2006-2009 qui avait connu une envolée des cours mondiaux, pour éviter de verser leur part des profits à ses 4.000 salariés.

Le ministère du Travail péruvien ayant pris le parti de la direction et déclaré la grève illégale, les travailleurs ont été contraints de reprendre le travail pour ne pas perdre leur emploi. Cette décision a poussé la FNTMMSP à déclencher des grèves tournantes de courte durée. Les travailleurs poseront une nouvelle fois l'outil ce vendredi 26 mars à la mine d'or d'Antapite, puis le lendemain à la mine d'argent d'Uchucchacua et à celle d'or d'Orcopampa.

Un responsable local de la FNTMMSP de la mine d'Orcopampa a précisé que les revendications des grévistes portent sur l'amélioration des conditions de travail, sur la réintégration d'un mineur renvoyé lors d'une précédente grève et sur une augmentation des primes d'intéressement aux bénéfices.

Jusqu'à présent, la direction de Buenaventura refuse de négocier, son P-DG, Carlos Gálvez, ayant dit que seuls les actionnaires peuvent augmenter les salaires. Il a ajouté que la direction n'avait pas les moyens d'éviter les grèves tournantes.

La mine d'Uchucchacua est située dans la province d'Oyón, près de Lima, celle d'Orcopampa dans la région d'Arequipa, et celle d'Antapite dans la région de Huancavelica. Buenaventura exploite quatre autres mines et a une part de contrôle dans les compagnies minières Cedimin et El Brocal. Le personnel de cette dernière s'est mis en grève le 13 mars parce que la direction n'avait pas versé les hausses de salaires convenues.

Ailleurs, dans l'industrie minière péruvienne, 630 travailleurs de la mine de cuivre Cobriza de Doe Run ont mis fin à leur grève dès le premier jour lorsque la direction a immédiatement entamé des négociations tripartites avec la FNTMMSP et le ministère du Travail.

Le Secrétaire général de la FNTMMSP, Luis Castillo

Le Secrétaire général de la FNTMMSP, Luis Castillo, a dirigé les négociations pour le compte des mineurs de Doe Run. Il estime que, contrairement aux travailleurs, la direction n'a pas respecté la convention collective conclue il y a un an.

Doe Run Peru, filiale de l'américain Renco Group, a été durement touchée par la récession financière et a vu sa ligne de crédit coupée il y a six mois.

Elle a été exclue de l'Association nationale de la mine et de l'énergie pour ne pas avoir donné suite à un décret gouvernemental ordonnant l'assainissement d'un complexe de transformation de métaux à La Oroya, dans le centre du pays, un des sites les plus pollués au monde selon les organisations de défense de l’environnement.

Au début du mois, Doe Run Peru a signé une lettre d'intention avec la multinationale minière suisse Glencore. Si la vente se réalise, Glencore apportera à Doe Run un crédit de 100 millions $ et financera aussi l'assainissement ordonné par les autorités.

Le chiffre des ventes à l'exportation de l'industrie minière péruvienne a atteint 16,36 milliards $ l'an dernier, ce qui représente près de 61% de l'ensemble des exportations du pays.