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L'AMIANTE TUE.

21 janvier, 2009

C'est principalement grâce aux efforts des personnes qui ont souffert et de leurs représentantes et représentants syndicaux que les gouvernements a fini par adopter, après des décennies d'inaction, des règlements sur l'utilisation de l'amiante et l'exposition à celui-ci. Mais l'amiante est encore parmi nous, et certaines personnes continuent de le vanter en tant que « minéral magique ». Vos garnitures de frein et vos carreaux de sol contiennent peut-être encore de l'amiante, mais la majeure partie de la production actuelle d'amiante est exportée à des pays du tiers monde où la faible réglementation et sa mise à exécution laxiste permettent des expositions mortelles aux fibres meurtrières.

QU'EST CE QUE L'AMIANTE?
L'amiante est un silicate à texture fibreuse dont on trouve trois principaux types : chrysotile, crocidolite et amosite. Le type le plus courant est le chrysotile.

À cause de sa structure chimique, l'amiante forme de longues fibres cristallines d'une incroyable force et résistance à l'action du feu. Les utilisations de l'amiante comprennent des textiles, des produits du ciment, des garnitures de frein, des filtres, des tuiles de couverture, des revêtements de sol, des matières de charge de plastique et des milliers d'autres produits.

Bien que les militantes et les militants syndicaux aient réussi, pendant les années 1970 et 1980, à inscrire les dangers du milieu de travail à l'ordre du jour et à faire prendre des mesures de réforme extrêmement importantes au travail comme sur le plan législatif, le fait est que l'amiante est encore utilisé. Et si les craintes exprimées initialement par les syndicalistes il y a 30 ans sont encore légitimes, on les entend moins bien à cause des efforts faits par un groupe de pression très bien financé par l'industrie, parfois de concert avec nos gouvernements.

Il est utile que les militantes et les militants en matière de santé et de sécurité restent vigilants quant aux dangers inhérents à l'utilisation de l'amiante et ne perdent pas de vue l'essentiel, qui consiste à sauver la vie et le gagne-pain de nos membres.

L'utilisation de l'amiante dans la société pose une multitude de problèmes ayant trait à l'environnement et à la santé humaine.

POINTS LIÉES À L'AMIANTE

LIMITES D'EXPOSITION
Même si rien ne porte à croire qu'il y a un niveau d'exposition « sans danger », la plupart des gouvernements ont incorporé des limites d'exposition à leur législation. Demandez quelle est la limite qui s'applique à votre lieu de travail. Les travailleurs et les travailleuses qui utilisent de l'amiante au travail ou qui travaillent à proximité de matériaux contenant de l'amiante doivent s'assurer que les limites d'exposition ne sont pas dépassées, que les mesures de protection (respirateurs, vêtements, etc.) sont suffisantes et qu'ils ne se mettent pas en danger. Dans de nombreux pays, vous avez le droit de refuser un travail dangereux.

USAGE DU TABAC ET AMIANTE
Le travailleur ou la travailleuse de l'amiante qui fume court bien des fois plus de risques de contracter le cancer que celui ou celle qui ne fume pas ou qu'un fumeur ou une fumeuse non exposé à l'amiante. Cependant, les efforts faits pour détourner l'attention des dangers de l'amiante en attribuant les taux de cancer élevés à l'usage du tabac sont irresponsables. Le fait est que des travailleurs et travailleuses de l'amiante qui n'ont jamais fumé meurent de cancers associés à l'amiante.

BLANC ou BLEU
II a été dit que seul l'amiante bleu (crocidolite) pose un problème et que l'amiante blanc (chrysotile) est relativement inoffensif. Si c'était vrai, pourquoi les maladies attribuables à l'amiante seraient-elles si répandues alors que la crocidolite ne compte que pour 3% du total de l'amiante utilisé?

FIBRES IMMOBILISEES
L'industrie soutient que les fibres sont immobilisées ou liées ensemble d'une telle manière qu'elles ne peuvent pas s'échapper de bon nombre de produits contenant de l'amiante. Cependant, il y a des travailleurs et travailleuses qui doivent manipuler ces fibres avant qu'elles ne soient incorporées à ces produits et d'autres qui doivent les scier, les couper ou les fixer, et des fibres peuvent bel et bien se dégager au cours de ces activités.

MODIFICATION DES FIBRES
Il n'y a quasiment pas de preuve que la modification chimique des fibres d'amiante les rende moins dangereuses. Il ne serait pas possible de prouver que nous avons tort qu'en attendant des décennies que des travailleurs et travailleuses meurent ou tombent malades.

PRODUITS DE REMPLACEMENT
La fibre de verre et d'autres fibres minérales de synthèse sont les principaux produits de remplacement. Il est peut-être vrai qu'elles sont moins dangereuses à utiliser au travail que l'amiante, mais la meilleure ligne de conduite pour les travailleurs et les travailleuses consiste à se méfier des produits de remplacement de l'amiante et à les manipuler avec prudence. Plus le produit de remplacement ressemble à l'amiante, plus il est susceptible d'avoir des effets semblables sur la santé.

QUESTIONS ENVIRONNEMENTALES
Le cas de l'amiante illustre bien les rapports entre la santé et la sécurité au travail et la salubrité de l'environnement. Il se peut qu'une contamination environnementale répandue à l'amiante dans les régions productrices d'amiante et près des industries qui utilisent de l'amiante cause une « épidémie de cancer au ralenti ».

TRANSITION ÉQUITABLE
Les fonds que quelques gouvernements ont déjà affectés au maintien de cette industrie en déclin auraient pu servir à créer un programme de transition équitable de premier ordre pour les travailleurs et les travailleuses de l'amiante, leurs familles et les communautés qui ont compté sur l'industrie de l'amiante.

COMMENT L'AMIANTE TUE
L'amiantose est une des maladies causées par la présence d'amiante dans les poumons. Certains scientifiques croient que lorsque des fibres d'amiante sont inhalées, des cellules appelées macrophages tentent de les engloutir et de les digérer. Toutefois, les fibres ne sont pas facilement dissoutes par les enzymes digestives, bien que certaines composantes chimiques de l'amiante puissent être suffisamment dissoutes pour poser un problème en elles-mêmes. De plus, la taille et la forme des fibres d'amiante sont telles que certaines d'entre elles traversent la paroi cellulaire des macrophages, permettant à leurs puissants enzymes de fuir et d'attaquer les tissus environnants des poumons. Il s'ensuit que le poumon se cicatrise et s'endommage peu à peu, le tissu pulmonaire perdant son élasticité. Le dommage peut devenir suffisamment grave pour causer l'invalidité et la mort.

Le cancer est une autre conséquence possible de l'exposition à l'amiante. Les estimations des cas de cancer varient grandement. Des cas de cancer que l'amiante est reconnu causer, 80% sont des cancers du poumon, 10% sont des mésothéliomes et 10% sont des cancers d'autres types comme ceux de la gorge, de l'estomac et de l'intestin. Même si certains cancers attribuables à l'amiante sont difficiles ou impossibles à distinguer de cancers causés par d'autres agents, il n'y a que l'amiante qui cause les mésothéliomes (cancers de la paroi des poumons ou des intestins) chez les humains. Les mésothéliomes sont mortels dans tous les cas.

SI VOUS CROYEZ QUE VOTRE LIEU DE TRAVAIL PEUT CONTENIR DE L'AMIANTE...
Exigez sans tarder une étude sur l'amiante dans votre lieu de travail. Votre comité paritaire de santé et de sécurité devrait donner le pas à l'identification et à la cartographie de la présence de l'amiante et devrait disposer de toutes les ressources nécessaires pour accomplir le travail. Une fois que la présence de l'amiante a été relevée, le CPSS devrait établir des recommandations pour limiter l'exposition. Il y a quatre lignes de conduite généralement reconnues. Les voici, par ordre de préférence :

1. Enlèvement du matériau contenant de l'amiante. C'est la solution que recommande le SCEP dans tous les cas. C'est la seule manière de s'assurer que le danger est éliminé. Il faut suivre une procédure rigoureuse, ce qui nécessite une planification soigneuse et une attention prêtée à la formation de tous les travailleurs et travailleuses et les surveillants et surveillantes ainsi qu'au choix des matériaux de remplacement.

L'enlèvement du matériau contenant de l'amiante est la meilleure solution.

2. Encapsulation ou scellement du matériau contenant de l'amiante. Le fait d'enduire ou d'imprégner le matériau contenant de l'amiante d'un liant immobilise les fibres et réduit leur dégagement. Toutefois, il existe encore un danger, parce que le liant peut se détériorer ou que le matériau peut faire l'objet de travaux (coupage, meulage, réparation, etc.) qui risquent de causer le dégagement de fibres. L'encapsulation devrait être considérée comme une mesure temporaire en attendant l'enlèvement du matériau contenant de l'amiante à une date future appropriée.

3. Isolement du matériau contenant de l'amiante. S'il n'est pas possible de procéder à l'enlèvement ou à l'encapsulation dans un délai raisonnable, il faut séparer le matériau contenant de l'amiante du reste du lieu de travail à l'aide d'une barrière quelconque (les plafonds et les cloisons amovibles ne sont pas acceptables). L'isolement n'est pas une mesure de dépollution et ne devrait être considéré que comme un moyen temporaire de protéger les travailleurs et les travailleuses en attendant que l'enlèvement puisse être effectué.

4. Plan de gestion de l'amiante. S'il y a des matériaux qui ne peuvent pas être enlevés entièrement de façon sécuritaire, il faut dresser un plan de gestion. Il est nécessaire d'établir un système à l'égard de tout matériau contenant de l'amiante qu'il reste dans le lieu de travail, même s'il a été encapsulé ou isolé, pour :
• indiquer clairement les secteurs où l'exposition peut se produire;
• sensibiliser les gens aux mesures à prendre s'ils sont appelés à travailler à l'intérieur ou à proximité de ces secteurs;
• inspecter les matériaux souvent afin de déterminer si leur état a changé;
• établir une stratégie en vue de l'enlèvement complet dans les plus brefs délais.

Les militantes et les militants syndicaux peuvent tirer bien des leçons des décennies de lutte livrée pour nous défendre et protéger le public contre les dangers associés à l'amiante :

• Les lois et les règlements ne suffisent pas. Il arrive trop souvent que les solutions de réglementation sont adoptées une fois que le problème est devenu une crise et, si des lois judicieuses sont nécessaires, il faut aussi de meilleurs moyens de relever et de réduire les dangers avant que le nombre des morts n'augmente.

• Nous avons la mémoire trop courte. Après la diminution considérable des utilisations et des abus de l'amiante qui a eu lieu pendant les années 1980, un trop grand nombre de personnes ont réduit leur vigilance parce qu'elles croyaient que la bataille avait été gagnée. Cela a donné à l'industrie l'occasion de se relancer.

• Les scientifiques et d'autres soi-disant autorités indépendantes sont aussi vulnérables que toute autre personne à l'abus d'influence quand de puissantes forces économiques sont à l'œuvre.

• En dernier lieu, l'histoire de l'amiante nous rappelle qu'un solide militantisme en milieu de travail est le meilleur moyen d'améliorer la santé et la sécurité au travail.

À QUOI SERVIRAIENT VOS DROITS SIX PIEDS SOUS TERRE?
Si vous avez le moindre doute au sujet de la sécurité des travaux d'enlèvement d'amiante, rappelez-vous que les règlements établissent une norme minimale. Le respect des règlements peut ne pas suffire dans certains cas. Rappelez-vous que les travailleurs et les travailleuses ont, dans certains cas, le droit de refuser un travail dangereux. À quoi serviraient vos droits six pieds sous terre?