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La grève des mineurs canadiens de Vale-Inco prend des proportions mondiales

2 novembre, 2009

La grève des mineurs et métallurgistes de l'United Steelworkers (USW) à trois sites d'exploitation du nickel et du cuivre de Vale-Inco au Canada commence à avoir des répercussions à l'échelon mondial après une grande activité internationale en octobre et à en juger des actions prévues pour novembre et décembre.

La semaine prochaine, des grévistes des sections locales 6500, 6200 et 9508 de l'USW seront présents sur trois continents pour parler de leur action et exhorter des clients, des investisseurs et des travailleurs de Vale du monde entier à faire pression sur la firme brésilienne pour qu'elle accepte des conventions équitables dans les provinces canadiennes de l'Ontario et de Terre-Neuve-et-Labrador.

Si leur mission rencontre le même succès que celui qu'ont connus en Allemagne et en Suède à la mi octobre Aaron Beaudry et Curtis Saunders, des sections 6500 et 9508 respectivement, à l'occasion de l'arrivée d'une cargaison de cuivre de Vale, la direction pourrait bien revoir sa stratégie par laquelle elle voulait faire accepter à 3.500 travailleurs des conventions émaillées de concessions et revenir à la table des négociations dans l'intérêt de l'entreprise.

Trois mois et demi de grève, alors que l'USW commence à faire lourdement pression sur les clients et les investisseurs de Vale, ont laissé leur empreinte sur les chiffres du troisième trimestre que l'entreprise vient de publier la semaine dernière. Vale n'a vendu que pour 31 millions $ de produits dérivés du nickel de ses six sites dans le monde, contre 79 millions le trimestre précédent, pendant lequel les trois mines canadiennes de nickel avaient été à l'arrêt pour des raisons commerciales. Le bénéfice net de Vale pour le dernier trimestre a chuté de 65% et les recettes de 43%.

Le 29 octobre, lors d'une audioconférence avec des spécialistes de l'investissement, Vale a reconnu une perte de 500 millions $ due aux trois mois et demi de grève au Canada. Une des trois mines et fonderies canadiennes, à Sudbury, assure 5% de la production mondiale de produits nickelés.

Vale n'a certainement pas été servi sur les marchés par la traque de la cargaison de cuivre de Voiseys Bay, au Labrador, organisée par Aaron Beaudry et Curtis Saunders en Allemagne et en Suède le mois dernier (voir InBrief n°142). Après l'intervention décisive de notre affilié allemand IGBCE et de la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF), les syndicats canadiens en grève ont reçu directement une réponse du Président du comité d'entreprise du client.

Chez le producteur d'aluminium Aurubis de Hambourg, dont les travailleurs sont représentés par l'IGBCE, Renate Hold, a écrit : "Nous avons été surpris d'apprendre qu'Aurubis AG avait accepté une livraison de Vale-Inco … afin de vous épauler, nous avons entamé des pourparlers avec notre direction et attiré son attention" sur le conflit au Canada. 

Les grévistes de Vale-Inco, Aaron Beaudry et Curtis Saunders (à gauche) avec des représentants des travailleurs d'IF Metall chez Boliden en Suède

En Suède, c'est en gros la même chose qui s'est passée. Partis d'Allemagne, Beaudry et Saunders étaient arrivés en Suède avant le reste de la cargaison de concentré de cuivre. À une fonderie de cuivre de Boliden AB près de Rönnskär, notre affilié IF Metall avait organisé une entrevue avec des représentants des travailleurs et de la direction du client de Vale. Le résultat fut semblable à ce qui s'était passé chez Aurubis.

Roland Antonsson, le Président de la section locale d'IF Metall Rönnskär et membre du comité d'entreprise de Boliden, a dit qu'il se servirait de sa position au sein de l'entreprise pour l'exhorter à revoir ses relations commerciales avec Vale. Erik Andersson, le Secrétaire international d'IF Metall, a ajouté dans un article sur la visite paru dans la presse que c'est maintenant à Boliden de "prendre position contre l'attitude de la firme brésilienne" au Canada. "Boliden a un code de conduite. Maintenant, ils ont les preuves."

L'USW ayant maintenant une liste presque complète des clients de Vale dans le monde, les pressions vont s'accroître sur la direction canadienne pour qu'elle reprenne les négociations et renonce aux demandes de concessions qui réduiraient le salaire net des travailleurs, leurs pensions et menaceraient l'emploi en introduisant une externalisation souple. En plus, l'USW va faire campagne auprès des investisseurs en insistant sur l'aspect antisocial d'un investissement dans Vale.

Ces dernières semaines, d'autres grévistes sont allés en Australie où le Syndicat de la construction, la sylviculture, la mine et l'énergie (CFMWEU) les a accueillis à proximité des gisements de charbon de Vale de Nouvelle-Galles-du-Sud et du Queensland. L'équipe qui s'est rendue en Australie est aussi allée, la semaine dernière, en Nouvelle-Calédonie où Vale est en difficulté pour ce qui est du démarrage de la mine et de l'usine de transformation du nickel et du cobalt de Goro. Les dépassements de budget ont retardé le projet dont le coût est passé de 3,2 à 4,3 milliards $. Vale se débat pour respecter une nouvelle date de mise en service, début 2010, et doit régler des questions d'environnement sur ce territoire français.

Entre-temps, les autorités de Nouvelle-Calédonie ont refusé des visas d'entrée à des travailleurs migrants sur lesquels Vale comptait pour la mise en service.

Cette semaine, une équipe de grévistes, parmi lesquels des représentants de l'ICEM, rendront visite à la PT Indonesia Nickel Corp., dans la province de Sulawesi, où Vale détient 59% d'une mine et fonderie de nickel qui a aussi connu récemment des difficultés de production. De là, les représentants de l'USW rendront visite à des sites et des clients en Corée.

Du 11 au 18 novembre, une autre équipe de grévistes retournera au Brésil où ils se rendront dans plusieurs villes, dont Brasilia, pour rencontrer des représentants de ministères et leur parler de la grève et ils s'entretiendront aussi avec des fonctionnaires de l'ambassade du Canada. Ils rencontreront aussi des groupes de la société civile et des dirigeants syndicaux de la métallurgie, eux-mêmes en conflit avec Vale pour cause de licenciements organisés pendant la crise financière.

L'USW prépare aussi une activité pour le début décembre à New York. Le 21 octobre, Vale a annulé son "Vale Day" à la bourse de New York parce que des grévistes canadiens étaient descendus sur Wall Street pour une manifestation animée. Deux jours plus tard, une activité similaire a été annulée à Londres lorsque le syndicat britannique Unite s'est joint aux grévistes canadiens pour une action de protestation.

"Nous sommes stimulés par la pression qui monte de partout", a déclaré le Secrétaire général de l'ICEM, Manfred Warda, "et nous espérons que Vale et son P-DG, Roger Agnelli, s'en rendent compte. Plus le mouvement se renforce et ses effets se font sentir, ce sera à la direction de reprendre la négociation d'une convention collective équitable avec ces courageux travailleurs."

Manfred Warda

Pour plus d'informations sur toutes ces activités ainsi que sur les efforts de Vale-Inco pour relancer la production au Canada avec du personnel de remplacement, consultez le site Internet de la grève: http://www.fairdealnow.ca