Jump to main content
IndustriALL logotype
Article placeholder image

La FITTHC dénonce l'horreur des conditions de travail dans la chaîne du vêtement de sport en Asie

25 avril, 2011

Communiqué de la FITTHC

Le Syndicat mondial représentant les travailleurs de l'industrie de l'habillement a publié la semaine dernière un rapport accablant sur les conditions de travail dans les chaînes d'approvisionnement du vêtement de sport en Asie.

Pour Patrick Itschert, le Secrétaire général de la Fédération internationale des travailleurs du textile, de l'habillement et du cuir (FITTHC), "Ce rapport révèle que les ateliers qui fournissent les grandes marques mondiales du sport et de l'habillement, dont beaucoup équiperont les équipes aux jeux olympiques de Londres en 2012, violent systématiquement toutes les règles en matière de droits du travail."

Ce rapport étudie les conditions de travail dans 83 usines du Sri Lanka, des Philippines et d'Indonésie qui emploient ensemble plus de 100.000 travailleurs.

Patrick Itschert, le Secrétaire général de la FITTHC

Par le biais d'enquêtes et d'interviews de travailleurs, les chercheurs ont mis au jour une litanie de violations des droits des travailleurs, comme la suppression généralisée du droit de se syndiquer ou de créer un syndicat par le harcèlement, les pots-de-vin, le non-renouvellement des contrats de courte durée, voire même la fermeture d'usines. En Indonésie, la majorité des responsables syndicaux disent qu'on leur refuse les moyens les plus élémentaires de remplir leurs fonctions. Au Sri Lanka, l'Office de l'investissement recommande les Conseils de salariés comme forme de représentation des travailleurs, mais ceux qui ont été interviewés n'avaient jamais l'occasion d'exprimer leurs sujets de préoccupation aux réunions des Conseils et les syndicats les accusent de saper la liberté syndicale.

Aucune des 83 usines étudiées ne paie un salaire de survie et, aux Philippines, les travailleurs expliquent qu'ils sont tellement démunis à la fin du mois qu'ils n'ont d'autre solution que de mettre leur carte bancaire en gage pour obtenir un prêt. Certains employeurs refusent de payer le salaire minimum légal tandis que d'autres lient le paiement du salaire de base à des objectifs de rendement impossibles à atteindre malgré les efforts désespérés des travailleurs.

Bien que les normes internationales du travail limitent le nombre d'heures supplémentaires à 12 par semaine sur base volontaire, des travailleurs ont déclaré aux enquêteurs qu'ils font régulièrement jusqu'à une centaine d'heures supplémentaires par mois. Souvent, les travailleurs ne peuvent refuser les heures supplémentaires. Au Sri Lanka, des travailleurs qui avaient voulu rentrer chez eux à la fin de leur poste se sont vu opposer un refus et ont été harcelés par leurs contremaîtres.

Les travailleurs contractuels, intérimaires et en statut précaire, qui représentent 25% de l'ensemble des travailleurs étudiés, sont particulièrement exposés à l'exploitation. Bien qu'ils soient payés encore moins que leurs homologues permanents, ils ont confié qu'ils craignent de perdre leur emploi s'ils se plaignent.

Patrick Itschert conclut en ces termes : "Les multinationales qui se fournissent auprès de ces usines devraient tenir leurs promesses et faire en sorte que chaque lieu de travail de leur chaîne d'approvisionnement respecte la législation nationale et les normes internationales du travail."

Principales conclusions du rapport (sur base d'un travail de recherche réalisé au quatrième trimestre de 2010) :

Liberté syndicale :

• La liberté syndicale est largement étouffée par le recours au harcèlement, à la subornation, au non-renouvellement des contrats de courte durée, voire par la fermeture d'usines.
• Les Conseils des salariés sont utilisés par les employeurs pour saper la liberté syndicale au Sri Lanka.
• En Indonésie, on impose aux responsables syndicaux des charges de travail énormes afin de les empêcher d'assurer leurs fonctions syndicales pendant la pause-déjeuner ou après le travail. Ils risquent des représailles s'ils n'atteignent pas leurs objectifs.
• Dans une usine des Philippines, la majorité des contractuels et intérimaires se sont syndiqués et l'ont fait savoir à l'employeur. Celui-ci a immédiatement lancé un mouvement de harcèlement des travailleurs syndiqués avant de fermer l'usine sans préavis et sans verser les salaires, les indemnités de licenciement et les prestations dues.

Travail contractuel et intérimaire :

• Jusqu'à 85% des travailleurs des usines d'Indonésie et des Philippines sont sous contrat de courte durée ou en statut temporaire.
• La loi est systématiquement contournée par un recours à des contrats de 5 mois aux Philippines.
• Les travailleurs contractuels et intérimaires sont moins payés, perçoivent rarement les prestations légales et ont un taux de syndicalisation moindre par peur que leurs contrats ne soient pas reconduits.

Heures supplémentaires imposées :

• Dans les trois pays, les travailleurs sont fréquemment obligés de travailler plus de 100 heures supplémentaires par mois.
• Au Sri Lanka, les travailleurs d'une usine sont forcés de faire 130 heures supplémentaires par mois, soit l'équivalent de trois semaines de travail complètes chaque mois.
• Dans une usine d'Indonésie, les chercheurs ont constaté que la direction avait enfermé 40 travailleurs qui n'avaient pas atteint leurs objectifs dans un petit local sans eau et dépourvu de ventilation pendant trois heures d'affilée. Cela se produirait fréquemment dans cette usine.
• Dans cette même usine, les travailleurs sont forcés de faire jusqu'à 160 heures supplémentaires par mois.

Salaires :

• Pas une seule des 83 usines étudiées ne paie un salaire de survie.
• Aux Philippines, 30% des travailleurs interrogés ne perçoivent pas le salaire minimum.
• Les travailleurs contractuels et intérimaires ne touchent parfois que 33% du salaire d'un salarié statutaire.
• Au Sri Lanka, le salaire de certains travailleurs est fonction d'objectifs de productivité au mépris des taux journaliers prévus par la loi.
• Dans deux usines d'Indonésie, les travailleurs devraient travailler 15 à 20 ans pour obtenir une prime de fidélité qui compenserait le non-paiement du salaire minimum. Cette prime n'a jamais été versée à aucun travailleur.

Problématique hommes-femmes :

• En moyenne, 76% des travailleurs sont des femmes.
• Aux Philippines, les femmes sont généralement engagées à court terme ou avec des contrats temporaires.
• Au Sri Lanka, quatre usines imposent aux candidates à l'embauche un test de grossesse préalable.