3 novembre, 2008
La 8e Convention nationale du Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier (SCEP), qui s'est tenue la semaine dernière, a décrété un boycott national sur les produits de Petro-Canada. L'annonce a été faite par Ken Georgetti, le Président du Congrès du travail du Canada (CTC), le 28 octobre à Montréal.
Le boycott vise toutes les stations-service de l'entreprise ainsi que ses produits de détail. Il prend effet 21 jours avant le premier anniversaire du lock-out imposé par Petro-Canada à l'encontre de 260 travailleurs de raffinerie affiliés à la section locale 175 du SCEP à Montréal.
Pendant les négociations collectives qui ont conduit au lock-out du 17 novembre 2007, la section 175 avait rejeté les propositions à la baisse de la direction, très en-deçà par rapport au programme de négociation du syndicat pour 2007-2008. Les propositions en retrait de Petro-Canada n'arrivaient même pas au niveau des conditions négociées et obtenues par d'autres sections du SCEP.
À ce jour, un boycott général pour le Québec a entraîné un recul des ventes de l'entreprise de 20% dans la province. Un boycott national plus affirmé aura des répercussions plus lourdes encore. Les membres de la section 175 restent déterminés à obtenir les conditions de la convention collective type. En septembre, ils se sont une fois de plus prononcés à 96,5% contre la proposition au rabais de Petro-Canada.
CEP Président Dave Coles au réfinèrie Petro-Canada, 28 Octobre
Les 260 travailleurs syndiqués ont pu compter sur l'aide financière du fonds de grève du syndicat, plus d'autres fonds apportés par des syndicats de l'énergie et d'autres secteurs de tout le Canada. (Des messages de soutien peuvent être envoyés à l'adresse [email protected]).
"Les Canadiens ne devraient pas soutenir une entreprise qui a le front de se draper dans notre drapeau, d'arborer la feuille d'érable dans son logo alors qu'elle enfreint la loi en recourant à des briseurs de grève", a déclaré Ken Georgetti au congrès.
Le SCEP a voulu marquer le prononcé de ce boycott général en ajournant provisoirement le congrès et en amenant les 1.200 délégués et invités manifester à Point-aux-Trembles, une zone industrielle et résidentielle de Montréal.
Sur place, le Président du SCEP, Dave Coles, a déclaré que la détermination manifestée par les travailleurs frappés par le lock-out sont un exemple pour tous dans le syndicat et que les 15.000 adhérents du SCEP feront en sorte que le combat qu'ils livrent pour la défense de la convention type aboutisse.
Les membres du Local 175, CEP
Les 300 sections locales représentées au congrès ont réélu Dave Coles pour un second mandat de deux ans, tandis que Gaétan Ménard était lui aussi réélu Secrétaire-Trésorier. Après le dépôt d'un amendement à une résolution appelant à la restauration de la propriété publique dans les secteurs pétrolier et gazier canadiens, cette résolution a été adoptée. Le syndicat veut maintenir des emplois canadiens dans les secteurs de l'énergie et créer de nouveaux emplois par des moyens respectueux de l’environnement et pérennes.
Le syndicat a aussi adopté une série d'orientations dans une résolution sur la crise dans le secteur de la pâte du papier et du bois au Canada, un secteur qui a subi d'énormes pertes d'emplois et dont 20% sont réduits à l'inactivité au Canada.
"Notre système économique connaît des problèmes critiques qui appellent une solution", a déclaré Dave Coles. "La privatisation, la déréglementation et la règle du tout-au-marché sur lesquelles a été bâti notre système capitaliste s'avèrent être une gigantesque escroquerie."
Le SCEP avait aussi organisé, le 27 octobre, une Nuit de la solidarité internationale à laquelle ont notamment participé le Secrétaire général de l'ICEM, Manfred Warda, le Président du syndicat finlandais Paperiliitto, Jouko Ahonen, et son Secrétaire général, Petri Vanhala. Manfred Warda a félicité le SCEP pour les réalisations de son Fonds humanitaire dans le monde, et en particulier ses projets conjoints sur le VIH/SIDA avec l'ICEM en Afrique.
Le SCEP a aussi décerné un Prix de la paix et de la solidarité internationale au syndicat américain International Longshore and Warehouse Union (ILWU), affilié à l'ICEM. Ce prix récompense l'ILWU pour la grève d'un jour qu'il a organisée le 1er mai 2008 dans les ports de la côte ouest des États-Unis et de Colombie-Britannique, au Canada. Par cette journée d'arrêt de travail, il entendait protester contre l'occupation de l'Irak sous commandement américain. Le Secrétaire-Trésorier de l'ILWU, William Adams, a accepté le prix au nom du syndicat.