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Indonésie : Reprise des pourparlers à Grasberg, mais fortes tensions en Papouasie

7 novembre, 2011

Les négociations en vue de sortir de la grève que mènent depuis huit semaines 10.000 travailleurs du syndicat de PT Freeport Indonesia (FSP-KEP SPSI) au complexe minier Grasberg de Freeport-McMoRan, en Papouasie, ont repris aujourd'hui. Mais les positions du syndicat et de la direction du plus grand gisement d'or et de cuivre au monde sont encore très éloignées.

La production de cette exploitation d'une capacité journalière de 175.000 tonnes est complètement stoppée par un barrage routier organisé par les grévistes et leurs familles et qui empêche la firme américaine d'acheminer sur place des équipes techniques pour réparer des canalisations pour matériaux solides endommagées par des vandales.

Ces canalisations transportent des concentrés d'or et de cuivre sur 114 kilomètres, de la mine de Grasberg, située à 4.200 mètres d'altitude dans la chaîne de Sudirman, jusqu'à la ville portuaire de Timika où ont lieu aujourd'hui les pourparlers. Une conduite de carburant diesel allant de l'aéroport de Timika jusqu'à la mine a elle aussi été sectionnée.

La semaine dernière, une délégation syndicale internationale emmenée par l'ICEM a rencontré successivement les négociateurs du syndicat et de la direction. La délégation a réussi à convaincre le syndicat (voir le communiqué de l'ICEM) de reprendre les pourparlers tandis que PT Freeport Indonesia tentait en vain d'obtenir qu'elle convainque le FSP-KEP SPSI de lever le barrage.

La direction a dit constituer des stocks de minerai avec 3.000 travailleurs temporaires et salariés de sous-traitants, ce qui constitue une violation de la législation du travail indonésienne. L'ICEM a également rencontré des représentants du ministère indonésien et un député de Papouasie. À une autre réunion, un commissaire de la Commission nationale indonésienne des droits de l'homme a dit à l'ICEM que les grévistes étaient dans leur droit en menant une action de grève sur le lieu des barrages.

Mais la situation est tendue aux bornes kilométriques 27 et 28 près de Timika, là où sont érigés les barrages. À deux reprises la semaine dernière, la police locale a ordonné aux grévistes et à leurs familles de quitter les lieux dans les 24 heures, sous peine d'être évacués par la force. Chaque fois, l'ultimatum a été dépassé et rien ne s'est passé. La délégation de l'ICEM a appris de sources diverses, y compris de membres du comité syndical, que les travailleurs n'entendent pas bouger et résisteront.

kilométrique 28

Vendredi 4 novembre, la police s'est approchée du barrage. Il y a eu quelques échauffourées et la police a tiré en l'air avant de battre en retraite. Ce face-à-face est d'autant plus tendu que des articles parus la semaine dernière dans la presse disaient que Freeport-McMoRan versait 14 millions $ à la police locale pour assurer la sécurité de la mine.

Confrontée sur ce point par l'ICEM, la direction a répondu avoir fait preuve d'une totale transparence à ce propos et que ce chiffre portait sur 2010. Elle a ajouté que le montant du versement aux forces de l'ordre pour 2011 n'avait pas encore été calculé. Elle a encore dit que 80% de la somme étaient destinés à des services en nature, y compris des véhicules tout-terrain, de la nourriture, du carburant et autres produits de première nécessité pour la police.

Le 1er novembre, notre affilié nord-américain United Steelworkers (USW) a déposé plainte auprès du département de la Justice des États-Unis contre le caractère illégal de ces paiements aux termes de la législation américaine sur la corruption à l'étranger. (Voir la lettre de l'USW ici)

À Timika, dans la province de Papouasie orientale d'Indonésie, rien ne rapproche les deux camps. Lorsque la négociation a pris fin, le 27 octobre, la direction a porté une première offre de hausse de 25% des salaires à 28% d'abord puis à 30%. Le syndicat réclame un salaire horaire moyen de 7,50 $, soit 250% de plus que le taux actuel de 2,13 $ pour les mineurs non-statutaires et 3,54 $ pour le personnel statutaire. Sept autres points doivent aussi être négociés, notamment les bourses d'études, les allocations pour charge de famille, les prêts et aides au logement et certains éléments d'un plan d'épargne.

Le syndicat des travailleurs de PT Freeport-McMoRan vient en aide aux 10.000 grévistes et à leurs familles avec cinq grandes cuisines de campagne installées chacune à 500 mètres de distance. Mais les réserves s'épuisent et le Fonds de solidarité du syndicat se vide. Cette semaine, l'ICEM va lancer un appel aux affiliés pour alimenter le fonds et permettre au syndicat de continuer à nourrir les grévistes et leurs familles.