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Du personnel temporaire réprimé pour avoir voulu s'organiser en Colombie

27 juillet, 2009

Notre affilié de la mine en Colombie, Sintracarbón, fait appel à la solidarité internationale en faveur des travailleurs externalisés du transporteur sous-traitant SOTRANS. Ces travailleurs sont en butte à une campagne acharnée parce qu'ils ont voulu exercer leur droit de s'organiser et de négocier collectivement. Le nouveau syndicat, SINTRANS, est confronté à un lourd défi vu que tous les travailleurs ont été engagés pour des contrats à durée déterminée de six mois. La Colombie a ratifié les conventions 87 et 98 de l'OIT.

Le fait que tous les travailleurs de SOTRANS n'aient que des contrats de six mois a permis au sous-traitant de se débarrasser des dirigeants syndicaux Vicente Pomarico et Jorge Diaz au mépris de la protection que leur assurent leurs qualités de fondateurs et dirigeants du syndicat et de membres du comité de négociation. Depuis, l'entreprise poursuit sa stratégie de persécution et de harcèlement du syndicat et a licencié 33 autres travailleurs proches du syndicat. Huit travailleurs de SOTRANS sur dix seraient encore syndiqués. Ni la direction de Cerrejón ni le ministère de la Protection sociale n'ont élevé d'objection contre cette violation flagrante du droit syndical.

SINTRANS est le premier syndicat des sous-traitants de Cerrejón. Sintracarbón s'efforce, avec l'entier soutien de l'ICEM, d'en faire un précédent sur le site, ainsi qu'un exemple pour les travailleurs et les autres sous-traitants. On compte près de 300 firmes sous-traitantes sur la site de La Guajira et qui font principalement fonctionner la mine. Le syndicat continue d'organiser des réunions et des manifestations sur ce gisement houiller le plus riche au monde. Rien n'indique que le syndicat soit prêt à faire marche arrière.

Comme nous l'expliquions dans l'article suivant de InBrief, SINTRANS a deux priorités : tout d'abord des contrats d'emploi permanent à plein temps, et ensuite des salaires et prestations sociales au niveau des normes minimum en vigueur en Colombie. Les travailleurs perçoivent actuellement 250 $ par mois. Les sous-traitants de Carbones del Cerrejón, le plus grand charbonnage à ciel ouvert au monde, travaillent dans des conditions souvent considérées comme de l'esclavage. Il est de la responsabilité de la direction de Carbones del Cerrejón de mettre un terme à la campagne de harcèlement et d'antisyndicalisme menée par SOTRANS.

Carlos Gaviria

Le politicien colombien Carlos Gaviria Diaz, président de l'Alternative Democratic Pole (PDA), a pris le parti des travailleurs, déclarant notamment que "la concrétisation de ces droits est un signe de la vitalité d'une démocratie et de l'état de droit". Il n'accepte pas l'argument de Carbones del Cerrejón qui rejette toute responsabilité pour ces violations en invoquant "l'indépendance" des firmes sous-traitantes. "L'externalisation ne peut être une excuse pour se soustraire à ses responsabilités et violer les droits des travailleurs", ajoute-t-il.

Le sénateur Jorge Robledo soutient aussi les adhérents de SINTRANS persécutés et réclame la réintégration immédiate des 33 syndicalistes renvoyés par le sous-traitant. Il dénonce par ailleurs la complicité de la direction de Cerrejón.

Pour le reste de l'actualité, en Colombie, le nouvel affilié de l'ICEM Union Sindical Obrera (USO) fait l'objet d'intimidations de la part de la compagnie pétrolière Ecopetrol pendant les négociations collectives. Jeudi 17 juillet, la police anti-émeutes a attaqué des travailleurs à la raffinerie de Barrancabermeja au gaz lacrymogène, avec des balles en caoutchouc et des grenades incapacitantes. Les travailleurs s'étaient rassemblés pour entendre leurs dirigeants syndicaux devant les grilles de la raffinerie, mais ils ont été pris d'assaut par les forces de sécurité qui ont fait trois blessés et arrêté deux autres. Les événements se sont produits deux jours après l'ouverture des négociations; l'USO a suspendu les tractations pour se concentrer sur les soins à dispenser aux blessés et obtenir la libération des détenus.

Le Président de l'USO, Germán Osman, a condamné cette attaque. Ecopetrol est la plus grande entreprise de Colombie.