2 juin, 2008N° 33, juin 2008
Dans ce numéro du courrier électronique VIH/SIDA de l’ICEM, il est question de la procédure menant à la Recommandation de l’OIT sur le VIH/SIDA et le monde du travail. Un rapport est également fait sur le Congrès international sur le SIDA, qui aura lieu à Mexico City en août.
L’ICEM lance un appel à ses affiliés pour qu’ils contribuent à ce courrier électronique
Les affiliés de l’ICEM sont déjà engagés dans une large palette d’activités. Afin de diffuser les informations sur les nouveaux accords, les activités éducationnelles et les campagnes de sensibilisation et de prévention, les affiliés et les coordinateurs de projets sont invités à envoyer leurs nouvelles à [email protected]. Tout retour sur le format et le contenu de ce bulletin électronique est également bienvenu.
Recommandation de l’OIT sur le VIH/SIDA et le monde du travail
En mars 2007, le Conseil administratif du BIT a décidé de mettre dans l’agenda des Conférences internationales du Travail de 2009 et 2010 un sujet ayant pour objectif « le développement d’une Recommandation autonome sur le VIH et le SIDA dans le monde du travail ».
Le BIT a commencé son travail en faveur d’une adoption d'une Recommandation en 2010. D'après la Constitution et le Règlement, cinq rapports doivent être préparés durant des laps de temps limités et chaque rapport doit contenir des informations spécifiques. Le premier rapport, intitulé « Rapport de droit et pratique », fournit un survol des mesures nationales et internationales prises en rapport avec le VIH/SIDA. Ce rapport a été publié et envoyé aux gouvernements en janvier 2008.
Le rapport de droit et pratique, disponible à l’adresse www.ilo.org/aids, contient également un questionnaire auquel les gouvernements, après consultation avec les organisations syndicales et patronales, doivent fournir des réponses au BIT d’ici fin juillet 2008. La consultation prend habituellement place via les centres syndicaux nationaux. L’ICEM fait appel à ses affiliés pour s’impliquer totalement dans ce processus et s’assurer qu’un nombre substantiel de réponses accompagnées de commentaires reflétant l’opinion des travailleurs soit envoyé à temps.
C’est le seul moyen de garantir que le deuxième rapport, qui sera préparé par le BIT en fonction des réponses reçues, reflète l’avis des travailleurs et de leurs syndicats. Il est à noter que les organisations de travailleurs peuvent aussi fournir leurs commentaires directement au BIT.
17ème Congrès international sur le SIDA à Mexico City du 3 au 8 août
Le Congrès international sur le SIDA (CIS), organisée par l'International AIDS Society de Genève, prend place tous les deux ans. Le dernier a été organisé à Toronto en août 2006. Le Congrès constitue le plus grand rendez-vous international à propos du VIH/SIDA. Quelque 25'000 scientifiques, politiques et activistes sont attendus lors de cet événement. Cette année, le CIS se tient pour la première fois en Amérique latine.
Les organisateurs du Congrès doivent développer un large éventail de sessions plénières sur le thème « action universelle maintenant ». En plus de ces sessions, il y aura des rencontres satellites, des expositions et le Village mondial.
Il est important que les activistes VIH/SIDA syndicaux participent à cet événement pour que la voix du travail soit entendue. À Toronto, le mouvement travailliste a bien été représenté, soulignant l’impact du VIH et du SIDA sur le lieu de travail et mettant l’accent sur le rôle des organisations syndicales dans la lutte contre la pandémie.
Comme à Toronto, le Congrès de Mexico sera précédé par un Forum Travail SIDA organisé par le programme SIDA de Global Union. Le Forum Travail préparera les représentants syndicaux dans leur rôle lors du CIS et abordera des sujets tels que les défis sur le lieu de travail et la récolte de fonds au niveau national.
Une compagnie minière du Botswana lance un sondage VIH
Le syndicat des mineurs du Botswana (Botswana Mine Workers’ Union, BMWU), affilié à l’ICEM, est engagé dans un sondage sur la prévalence du VIH lancé par Bamangwato Concessions Ltd. pour déterminer si les efforts de prévention actuels sont efficaces.
L’exercice permettra à la compagnie d’obtenir des données sur la taille et la distribution de l’épidémie parmi sa main d'oeuvre, et aussi d'aider la direction à déterminer sa dynamique et sa croissance depuis le dernier sondage de 2003. Le sondage donnera aussi la possibilité à BCL de revoir ses interventions, y compris la mobilisation de ressources pour les programmes si les résultats indiquent que les efforts de prévention en cours sont inefficaces.
Le sondage de tous les employés est anonyme et ne constitue pas un substitut aux tests et conseils volontaires.
(Source : Africa News, 29 mai, tiré de The Reporter, Botswana)
La politique VIH de l’armée sud-africaine face à un procès
Les exclusions pour inaptitude des membres séropositifs dans l’armée sud-africaine n’est pas médicalement justifiée et ignore la politique gouvernementale. Un avocat syndicat des forces de sécurité d’Afrique du Sud (South African Security Forces Union), qui tente de forcer les militaires à revoir leur politique sur le VIH/SIDA, a déclaré que l’armée avait failli dans l’application de sa propre politique et de celle du gouvernement.
« La politique VIH adoptée par le cabinet en relations avec les militaires et le département de la défense et la politique adoptée par les SANDF (forces nationales sud-africaines de défense, South African National Defence Forces) ne sont pas cohérentes », a déclaré l’avocat Gilbert Marcus lors d’une audition à la cour suprême à Pretoria. « Le cabinet a adopté une politique selon laquelle un statut séropositif ne devrait pas exclure les candidats de postes aux SANDF, bien qu'il puisse les empêcher de postuler pour des positions qui demandent une extrêmement bonne condition physique ».
Les accusés sont le président Thabo Mbeki et la ministre de la santé Manto Tshabalala-Msimang, ainsi que l’armée.
Selon Marcus, les SANDF ont admis que quelques 23 pourcent de leurs membres sont séropositifs. « Il est simplement impossible à ce stade d’avoir des forces de défense qui soient entièrement dépourvues de séropositifs. La question est de savoir comment gérer cette situation ».
(Source : Pretoria News, 15 mai)
Renouvellement d’autorisation PEPFAR
Les clients suivant un traitement des cliniques gratuites gérées par l'AIDS Healthcare Foundation en Afrique du Sud, au Botswana et au Rwanda ont fait pression sur les législateurs américains pour s’assurer que l’accès aux traitements antirétroviraux salvateurs demeurent un élément clé de PEPFAR.
La législation du PEPFAR, qui est cours de renouvellement d’autorisation par le congrès américain, stipule qu’un minimum de 55% des fonds soit alloué au traitement, une clause qui a été complètement retirée de l’amendement de renouvellement. Le groupe a aussi lancé un appel pour une augmentation significative des objectifs de traitement du PEPFAR – qui ont été allongés de 50% seulement malgré une hausse totale de 330% dans le financement du PEPFAR.
Ce programme est le résultat d’une promesse faite en 2003 dans le discours sur l’état de la nation de donner un traitement à deux millions d’Africains séropositifs et de prévenir sept millions de nouvelles infections dans un programme sur cinq ans de 15 milliards USD financés par l’État américain. Il est actuellement actif dans 15 pays cibles et affirme fournir un traitement antirétroviral pour 1,4 millions de personne à travers le monde.
(Source : Africa News, 10 mai)
L’engagement de la Banque mondiale dans la lutte contre le VIH/SIDA
Un rapport de la Banque mondiale affirme que les pays africains doivent continuer de soutenir les efforts de prévention du VIH et d'inverser le taux de nouvelles infections. Selon le rapport « The World Bank’s Commitment to HIV/AIDS in Africa: Our Agenda for Action, 2007-2001 » (L’engagement de la Banque mondiale sur le VIH/SIDA en Afrique : notre plan d’action 2007-2011), pour chaque personne infectée qui commence un traitement antirétroviral, de quatre à six autres sont infectées, malgré la chute de la prévalence dans certains pays.
« Avec le SIDA comme première cause unique de mort prématurée en Afrique, on ne peut pas parler de développement meilleur et durable sans s'engager à continuer la lutte à long terme contre la maladie », a déclaré Elizabeth Lule, responsable de l’équipe SIDA Afrique de la Banque (AIDS Team for Africa, ACTafrica).
Avec son nouveau plan d’action, la Banque délaisse son approche initiale de « réponse d’urgence ». Elle s’engagerait à hauteur d’au moins 250 millions USD par année sur une période de cinq ans pour des initiatives fondées sur des objectifs stratégiques. Elle établira également un fonds d’incitation à la subvention de 5 millions USD annuels pour promouvoir le renforcement de compétences, l’analyse et les éléments de projets VIH/SIDA dans des secteurs clés.
(Source : communiqué de presse de la Banque mondiale, 14 mai)
Commentaire par l’éditeur de ce courrier électronique : Bien que l’engagement à long terme soit louable, il est surprenant qu’après les consultations entre Global Union et la Banque mondiale sur le VIH/SIDA en Afrique subsaharienne à Washington en décembre 2007, les organisations de travailleurs ou les syndicats ne soient même pas mentionnés parmi les organisations consultées lors de l'élaboration de cette nouvelle stratégie. Il est aussi surprenant que la Banque mondiale insiste sur l’importance de fournir des services de soins complets alors que ses directives ont contribué à démanteler des systèmes de santé publique au cours des années.
À la suite des consultations de décembre dernier, l'ICEM adopte une approche sélective, dans les secteurs qu'elle représente, pour placer ses affiliés dans des projets financés par la Banque mondiale et la Société financière internationale. Les objectifs sont l’élaboration d’activités efficaces sur le lieu de travail et le renforcement des compétences pour les syndicats.
SIDA et lieu de travail : rapport de l’OIT sur les progrès dans les Caraïbes
Le rapport « Sauver des vies, protéger des emplois (voir courrier électronique n° 32, mai 2008) indique que 70 entreprises aux Barbades, au Bélize, en Guyane, en Jamaïque et à Trinidad et Tobago ont mis en place des politiques et des programmes d’éducation sur le VIH/SIDA pour promouvoir un comportement sexuel responsable et réduire le niveau de discrimination auquel les gens vivant avec la maladie font face.
Le rapport montre une augmentation de 34% dans la connaissance des services VIH/SIDA sur le lieu de travail parmi des professionnels travaillant dans le tourisme, la manufacture, le secteur financier ainsi que les chauffeurs de taxi. Le plus grand employeur de Guyane, la Guyana Sugar Company, a été saluée pour le maintien de ses initiatives mises en place il y a cinq ans.
Il a adopté une politique VIH/SIDA sur le lieu de travail et offre des services VIH aux travailleurs et aux dirigeants. Un représentant officiel du Guyana Trade Union Congress (congrès syndical de Guyane) a déclaré que 78% des entreprises en partenariat ont consacré des heures de travail régulières à l’éducation sur le VIH/SIDA durant les derniers six mois.
La Jamaïque et Trinadad et Tobago ont aussi été applaudis pour leurs efforts ciblés sur les membres de l’économie informelle. Les gouvernements des deux pays ont adopté des politiques nationales sur le VIH/SIDA et, récemment, Trinidad et Tobago ont pris un pas d’avance en lançant une politique nationale VIH/SIDA sur le lieu de travail.
Le rapport de l’OIT soulignait cependant que malgré le progrès effectué dans certains pays, la région continue de lutter avec des taux d’infections croissants alors que les traitements atteignent davantage de personnes. Les Caraïbes connaissent le deuxième taux d’infection le plus élevé dans le monde, après l’Afrique subsaharienne.
(Source : site internet de Caribbean Media Corporation, Bridgetown, 21 mai)
Commentaire : la gaffe
(L’article suivant est une version abrégée d'un article paru dans le Global Fund Observer n° 87, 17 avril 2008. Il a été écrit par Wycliffe Muga, un journaliste kenyan qui est le correspondant de BBC World pour la « Letter from Africa »)
Si vous arrêtiez un homme ordinaire dans la rue ici au Kenya et lui disiez qu’il existe un Fonds mondial de la lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme qui donne de l’argent pour aider le pays à combattre les trois maladies, il serait probablement agréablement surpris. Car peu de gens ici ont la moindre idée qu’un tel fonds existe.
Et si vous lui disiez qu’en ce moment, le Kenya ne reçoit qu'environ la moitié de l'argent qu’il pourrait recevoir de ce fonds, pas parce que l’argent est détourné sur des comptes privés, mais parce que les personnes chargées de préparer et soumettre les propositions au Fonds ont été incapables de produire des propositions acceptables, la réponse que vous obtiendrez selon toute vraisemblance est l'indignation.
Dans un pays où bien trop de personnes meurent de maladies contre lesquelles cet argent est supposé être destiné à lutter, toute proposition qui ne soit pas parfaitement bien préparée passerait pour de la négligence criminelle.
Pour chacune des Séries 1 à 6, l'annonce du Fonds mondial pour son « Appel à propositions » a mené a un bourdonnement d’activité dans la plupart des pays en développement : les ICN ont fait des réunions, des équipes spéciales ont été mises en place et des consultants ont été recherchés. Alors que la date limite pour la soumission des propositions approchait, les gens devenaient de plus en plus effrénés.
C’était largement en raison de ce « chaos contrôlé » que le Fonds a accepté il y a deux de fixer la date de l'Appel à proposition au 1er mars. Ainsi, tout le monde savait des mois à l'avance quand l'Appel allait être lancé. L’idée était de permettre aux ICN de passer ces mois supplémentaires à préparer le sujet principal de leurs propositions futures et de rechercher du soutien technique.
Ce fut donc une véritable surprise qu’un mois APRÈS l’Appel à propositions de cette année, plutôt que deux mois AVANT lui, le siège d’ONUSIDA envoie un courrier électronique aux bureaux d’ONUSIDA dans le monde, leur indiquant d'agir en aidant les ICN dans la préparation de leurs propositions et leur recherche de soutien technique.
Il ne s’agissait pas d’une date limite imposée arbitrairement aux ICN. Il s’agit d’une date limite qui revient tous les ans, un jour bien déterminé à l'avance. Comment justifier le fait que ce grand effort soit fait aussi tard ?
Tout le monde a commis une gaffe dans cette histoire : les groupes de la société civile qui ont fait pression sur ONUSIDA pour agir, mais qui ne l'ont fait que bien après l'Appel à propositions ; ONUSIDA lui-même, pour ne pas avoir agi avant d'y avoir été poussé ; et les nombreuses ICN qui ont retardé l'élaboration de leur stratégie quant à leur candidatures au Fonds mondial plusieurs mois de trop.
Nouvelles du programme de Global Union et des fédérations de Global Union
Le programme SIDA de Global Union organise un forum africain régional de consultation et de planification VIH/SIDA (HIV/AIDS African Regional Consultative and Planning Forum) à Johannesburg, Afrique du Sud, les 12 et 13 juin. L’ICEM sera représentée par l'assistant de gestion de projet Paula Ndessomin.
Dans ses mises à jour VIH/SIDA les plus récentes (n° 42 du 1er mai 2008), la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF) (www.itfglobal.org) vous donne une analyse détaillée sur les mesures d'interdiction de voyage prises contre les personnes séropositives. La création d’une Task Team internationale est une occasion cruciale pour avancer vers l’élimination de toute restriction de mouvement imposée aux séropositifs.