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Avec la moitié des meurtres de syndicalistes commis dans le monde, la Colombie est exclue de la list

14 juin, 2010

En 2009, suivant le rapport annuel de la Confédération syndicale internationale (CSI), 101 syndicalistes ont été assassinés dans le monde. Une fois encore, c'est la Colombie qui vient en première place dans ce sinistre classement, avec 48 cas. Malgré ce sombre bilan, le 5 juin, la Commission de l'application des normes de l'OIT a exclu la Colombie de la liste des 25 pays sanctionnés pour leurs violations des droits syndicaux.

L'ICEM a peine à imaginer que la Colombie ait pu être absoute et voit dans les manipulations des représentants des employeurs à l'OIT l'explication de cette exclusion. Elle attire aussi l'attention sur le fait que le Président Alvaro Uribe Velez a immédiatement mis cette exclusion à profit pour promouvoir des accords de libre-échange avec les pays d'Amérique du Nord et avec l'Union européenne.

C'est la première fois en vingt ans que la Colombie, de très loin le pays le plus dangereux pour les syndicalistes, est sortie de cette liste. La CSI signale qu'au cours des dix dernières années, 63% de tous les syndicalistes assassinés l'ont été en Colombie. On y recense au moins 10.887 actes de violence contre des syndicalistes et 2.832 meurtres commis en 24 ans.

"L'ICEM est consternée par la lutte d'influence qu'ont menée les représentants des employeurs, de Colombie et d'ailleurs, pour faire sortir la Colombie de la liste des 25," a déclaré le Secrétaire général de l'ICEM Manfred Warda. "Non seulement, les meurtres, les menaces téléphoniques, les agressions physiques continuent régulièrement, mais malgré les annonces du gouvernement, l'impunité des auteurs est pratiquement assurée."

Cette exclusion, obtenue à la 99e session de la Conférence internationale du travail de l'OIT à Genève, survient quelques jours avant que la Colombie accueille la Secrétaire d'État américaine pour lui demander d'appliquer la Loi de promotion du commerce entre les États-Unis et la Colombie de 2006, dont le Congrès américain avait suspendu la promulgation en raison de l'effrayant bilan de la Colombie dans le domaine des droits humains et syndicaux.

En accueillant la Secrétaire d'État américaine à son arrivée en Colombie, le Président Uribe a déclaré que cette décision de l'OIT était "un bon présage pour sa visite".

Des accords commerciaux du même ordre sont en suspens avec le Canada et l'Union européenne. La résistance des opinions publiques et des syndicats contre ces accords évoque elle aussi les violations des droits humains et syndicaux.

La cadence des meurtres commis en Colombie parle d'elle-même. Au cours des cinq premiers mois de 2010, 17 militants syndicaux ont été tués. Le 5 juin, le jour même où la commission tripartite de l'OIT a retiré la Colombie de la liste, le trésorier du syndicat du personnel pénitentiaire ASEINPEC, Hernan Abdiel Ordonez Dorado, a été abattu par des agresseurs inconnus circulant à moto à Cali. Depuis le début de l'année, 18 syndicalistes ont été assassinés en Colombie.

En 2009, 22 des 48 assassinats commis en Colombie ont frappé de hauts responsables syndicaux, dont cinq femmes.

Dans l'ensemble, toujours selon les chiffres de la CSI, les meurtres de syndicalistes ont augmenté de 30% en 2009 par rapport à 2008, année pour laquelle ont avait recensé 76 assassinats. Mais il est bien connu que de nombreux meurtres et autres crimes contre des syndicalistes ne sont pas signalés.

Par comparaison avec les 48 meurtres de syndicalistes commis en 2009 en Colombie, 16 sont survenus au Guatemala, 12 au Honduras, 6 au Mexique ainsi qu'au Bangladesh, 4 au Brésil et 3 en République Dominicaine et aux Philippines.

Le rapport de la CSI fournit des informations détaillées sur le harcèlement, l'intimidation et les autres persécutions antisyndicales commises dans 140 pays. Il figure à l'adresse